Malgré le poids de l'inflation et de la mauvaise conjoncture économique sur le budget, le gouvernement maintient l'accroissement des investissements, ressort-il d'une nouvelle étude de Valoris Securities. L'économie nationale aurait bénéficié d'une croissance de +2,4% au 3ème trimestre 2023, en amélioration par rapport au rythme du 3ème trimestre 2022 (croissance annuelle de +1,6%), et devrait même s'établir à 2,6% au 4ème trimestre 2023, selon le HCP, en tablant sur un redressement progressif de la demande intérieure.
« Selon le HCP, la reprise de la demande intérieure au 3ème trimestre 2023 serait le résultat d'un transfert du retournement haussier de la demande intérieure, s'appuyant sur l'accélération des dépenses de consommation des administrations publiques de 3,6%, au lieu de +3,1% au 2ème trimestre 2023, ainsi qu'une légère hausse des dépenses des ménages de +0,7% dans un contexte de maintien des tensions inflationnistes », souligne Valoris Securities dans une nouvelle étude, intitulée « Un regain d'optimisme, confronté à la montée du chômage et des tensions géopolitiques ».
Par ailleurs, le moral des ménages s'est légèrement amélioré à 46,5 pts au 3ème trimestre 2023 par rapport au trimestre précédent (45,4 pts), sans pour autant revenir au niveau du 3ème trimestre 2022, ajoute la société de bourse basée à Casablanca. Décélération de l'inflation
S'agissant de l'inflation, les analystes de Valoris Securities constatent une décélération de son rythme de progression durant les derniers mois de l'année en cours. Chiffres du HCP à l'appui, l'indice des prix à la consommation s'est allégé en été, avant de reprendre en septembre sans pour autant toucher le niveau des 119 pts, permettant ainsi d'afficher un niveau d'inflation de 4,9% au mois de septembre 2023, avec une évolution sur les neufs mois de 6,9% à fin septembre 2023.
Valoris Securities indique, d'autre part, que sous l'effet d'un contexte macroéconomique marqué, entre autres, par Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne, le chômage a poursuivi sa montée pour atteindre un niveau plus haut à 13,5% au 3ème trimestre 2023. Entre septembre 2022 et septembre 2023, l'économie nationale a perdu près de 297.000 emplois, dont 29.000 en milieu urbain et 269.000 en milieu rural, ajoute la même source. Renforcement du rythme des investissements publics
Au volet des finances publiques, les analystes de Valoris Securities soulignent que le déficit budgétaire ressort, à fin octobre 2023, à 37,1 milliards de dirhams, en aggravation de 12 milliards de dirhams par rapport à la même période de l'année dernière. Ceci est attribuable essentiellement au renforcement du rythme des investissements publics.
En effet, les dépenses d'investissement se sont appréciées de 21,3 milliards de dirhams supplémentaires pour atteindre 81 milliards de dirhams à fin octobre 2023. Dans le même sillage, les analystes de Valoris indiquent que le mois de septembre 2023, marqué par le terrible séisme d'Al-Haouz, a connu une baisse du solde positif dégagé par les comptes spéciaux du Trésor (CST) à 26,8 milliards de dirhams (Vs. 40,2 milliards de dirhams à fin septembre 2022). Ce solde a été redressé au mois d'octobre dernier pour atteindre 36,2 milliards (Vs. 34,9 milliards de dirhams à fin octobre 2022), profitant, entre autres, du fonds de « Gestion effets séisme » dont les recettes s'élèvent à 16,2 milliards de dirhams à fin octobre.
Par ailleurs, les recettes ordinaires ont grimpé de 8,9% à 264,6 milliards de dirhams, en parallèle à une augmentation des dépenses ordinaires de 5,9% à 258 milliards de dirhams. Dans ces conditions, le taux de réalisation des recettes ordinaires (90,3%) ressort à un niveau meilleur que celui des dépenses ordinaires (85,4%).
L'évolution des recettes ordinaires a été essentiellement marquée par la poursuite de la hausse des recettes non fiscales de 51,8% à 39,2 milliards de dirhams, profitant de la hausse significative des « autres recettes » de 95% à 26,8 milliards de dirhams.
Nonobstant, les recettes fiscales n'ont évolué que de 3,8% à 225,4 milliards de dirhams, sous l'effet d'une hausse modérée des recettes des impôts indirects de 1,1% à 98,5 milliards de dirhams.
Les dépenses ordinaires se sont, quant à elles, appréciées essentiellement à la suite de la hausse des dépenses de fonctionnement, matérialisée par la rubrique « autres biens et services » qui a grimpé de 19,1% à 68,4 milliards de dirhams (soit un taux de réalisation de 86,4%), en plus du renchérissement des intérêts de la dette de +15,7% à 30,9 milliards de dirhams. Cependant, le niveau des dépenses ordinaires a aussi bénéficié d'un allègement des charges de compensation de 16,7% à 23,6 milliards de dirhams et d'une hausse modérée des charges de personnel à +2,9% à 125,7 milliards de dirhams. Amélioration du taux de couverture des importations par les exportations
Les analystes de Valoris Securities font remarquer, d'autre part, que le déficit commercial au Maroc s'est allégé de 7,2% à 215,8 milliards de dirhams à fin septembre 2023, avec une amélioration du taux de couverture des importations par les exportations à 59,4% (Vs. 58% à fin septembre 2022). Cette réduction du déficit est attribuable à une contraction des importations (-4%) plus rapide que celle des exportations (-1,6%).
La baisse du niveau des importations a été essentiellement tirée par l'allègement de la facture énergétique de 20,9%, suite à une réduction en prix (17,6%) et en volume (9,1%) des importations en gasoils et en fuel-oils, en plus de l'impact de la réduction des achats des demi-produits de 13,3% et des importations des produits bruts de 25,5%.
Quoiqu'il en soit, l'évolution des exportations a été marquée par la contraction des exportations des phosphates et dérivés à 53,5 milliards de dirhams (Vs. 91,5 milliards de dirhams à fin septembre 2022),contrebalancée essentiellement par la montée en puissance des exportations du secteur automobile de 33,1% à 103,4 milliards de dirhams (soit 25,7 milliards de dirhams supplémentaires), ainsi que des ventes du secteur de l'électronique et électricité (+30,7% à 17,3 milliards de dirhams) et du secteur textile et cuir (+7,2% à 35,7 milliards de dirhams). Bonne tenue des transferts MRE
La même source nous apprend que les recettes voyages et des transferts MRE confirment la tendance positive constatée depuis le début de cette année. Ainsi, les recettes voyages s'élèvent à 80,1 milliards à fin septembre 2023, en hausse de 24,8% par rapport à la même période de l'année dernière, confirmant ainsi la relance du secteur touristique.
Pour leur part, les dépenses voyages à fin septembre s'établissent à 18,3 milliards de dirhams, en hausse de 31%. Compte tenu de ces éléments, le solde de la balance de voyage ressort à 61,8 milliards de dirhams, contre 50,2 milliards de dirhams à fin septembre 2022. S'agissant des transferts MRE, ces derniers ont progressé de +5,4% à 82,5 milliards de dirhams à fin septembre 2023, confirmant ainsi la tendance rapide de leur progression, entamée depuis 2021.
A l'inverse, les recettes des Investissements Directs Etrangers (IDE) accusent une baisse de 22,3% à 23,52 milliards de dirhams à fin septembre 2023. En parallèle, les dépenses augmentent de 21,8% à 12,3 milliards de dirhams, réduisant ainsi le flux net des IDE de 44,4% à 11,2 milliards de dirhams.
Compte tenu des éléments précités, l'encours des avoirs officiels de réserves, selon BAM, au 02 novembre 2023, s'affiche à 354,4 milliards de dirhams (soit près de 5 mois et 11 jours d'importation).