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Rétro-Verso : Balima, porte-étendard du bel âge de Rabat
Publié dans L'opinion le 15 - 11 - 2023

Balima est à Rabat ce que la Mamounia est à Marrakech, soit un chef d'œuvre architectural qui s'inscrit au carrefour de l'art de vivre occidental et des mille et une merveilles touristiques du Maroc. Rétrospective sur le passé d'or et de gloire de ce vestige.
Balima, l'hôtel légendaire de Rabat, a été fondé lors du protectorat français. Inauguré par Louis Mathias, un Français en provenance de Bourgogne. Il devint illico presto le QG des carrures intellectuelles européennes, américaines et marocaines. Son nom à l'écho poétique, vient tout simplement de la contraction des premières syllabes des noms de famille de ses trois premiers associés, Lucien Bardy, André Liorel et Louis Mathias.
Au commencement, ce fut l'idée de construire des immeubles dignes de ce nom, répondant aux normes et aux standards de l'urbanisation européenne moderne. Des bâtisses « aux airs d'ailleurs », loin du « déjà vu » et du « mille fois vécu ». Dans la même veine, la volonté de mettre sur pied un hôtel dont les instigateurs n'auraient rien à envier à leurs homologues de Paris ou de Genève s'est imposée d'elle-même.
Ouvert au grand public en octobre 1932, mais réellement sorti des limbes en janvier 1928, cet établissement avant-gardiste par sa grandeur et sa splendeur, est tout de suite apparu comme le porte-étendard de l'hôtellerie moderne et raffinée de la place. Son style « Art déco » rappelait aussitôt les grands chefs-d'œuvre français tels que le Théâtre Auguste Perret des Champs Elysées ou l'Opéra de Paris. En d'autres termes, cette bâtisse est née à une époque où sa ville d'accueil était en pleine occidentalisation. Ce qui en dit long sur l'image qu'il a immédiatement reflétée, ici et ailleurs.

Place à la nostalgie...
« Dans les années 50, Balima était l'une des adresses les plus en vue, et les plus prisées par les notables, la jeunesse dorée, les célébrités et les intellectuels de tous bords. Ce fut certainement la décennie d'or de cet hôtel », témoigne Mohamed Es-Semmar, historien et archéologue.
Ainsi, le hall, la terrasse, le café, le restaurant et les chambres de l'hôtel Balima sont estampillés d'Histoire et de mémoire. D'ailleurs, ces lieux mythiques ont accueilli des convives aussi célèbres comme Charles Trenet, l'auteur-compositeur derrière la chanson « Douce France », Annie Girardot, l'actrice française, tête d'affiche du film « Rocco et ses frères », mais aussi l'auteur et journaliste Pierre Lyautey, et l'écrivain marocain d'expression française Mohammed Khaïr-Eddine, pour ne citer qu'eux.
Au gré des années, Balima, la société instigatrice de l'hôtel, a pris part à la construction et au développement de la ville, l'une des cités les plus occidentalisées du Maroc, ces années-là. Elle a, en sus, réalisé une partie non-négligeable de l'avenue Mohammed V, par le biais de constructions qui ont énergiquement marqué le centre-ville.
L'hôtel, quant à lui, n'a jamais fléchi en temps de crise. Même après le départ massif de sa première clientèle, à savoir les Français de Rabat rentrés dans leur natale au lendemain de l'Indépendance du pays. L'allusion est ici faite à ceux qui investissaient sa terrasse tous les matins à la première heure. De même, à la fin des années 60 du siècle dernier, lorsque la direction de l'hôtel Balima d'Ifrane a mis la clé sous le paillasson, Balima de la capitale administrative du Royaume a continué à séduire, bon an, mal an, les mordus de la « Dolce Vita », Marocains et étrangers, d'ailleurs.

Une fermeture inopinée
Seulement voilà, il y a environ dix ans, Balima a fermé ses portes, en raison d'un litige qui a opposé la société mère aux dirigeants de l'établissement pendant plus de cinq ans. Une nouvelle tombée comme un coup de massue sur tous ceux qui l'ont porté dans leur cœur ou l'ont élu comme destination de choix. Pour sa part, la réhabilitation de ce joyau du patrimoine hôtelier marocain est en suspens depuis près de dix ans. Sa réouverture, quant à elle, suscite une vive controverse et de multiples questionnements chez les intellectuels et les nostalgiques de tous bords.
« Je joins ma voix à celles des amoureux de Balima, d'où qu'ils viennent, ceux qui appellent, à l'unisson, à la réhabilitation et à l'ouverture de cet hôtel qui a tant donné à la ville de Rabat », ajoute notre historien spécialisé en patrimoine de la Capitale du Royaume.
Suite au tohu-bohu qui a suivi la fermeture de cet établissement, la société Balima a récupéré, en 2015, la gestion de l'hôtel dans l'optique de le rénover selon les standards de confort convenus, mais en sauvegardant l'âme et l'architecture du bâtiment d'origine.
Introduite à la bourse de Casablanca, pour rappel, cette société est administrée par la famille Mathias. Yann Lechartier en est, aujourd'hui, le directeur général.


Entretien express avec Mohamed Es-Semmar, historien « La réouverture de l'hôtel Balima est tant espérée par ses fervents défenseurs »
Pour en savoir plus sur l'âge d'or de l'établissement hôtelier Balima, nous avons sollicité l'historien et archéologue Mohamed Es-Semmar, fervent défenseur du patrimoine matériel de la capitale administrative du Royaume.

Quelle est la contribution de l'hôtel Balima au patrimoine matériel de la ville de Rabat ?

Balima est bien plus qu'un établissement hôtelier et touristique de Rabat. Il s'agit d'une marque-page historique d'une époque iconique et épique. Dès sa création, cette institution est devenue la destination phare des notables du Maroc, des intellectuels et des artistes d'ici et d'ailleurs. Parler de Balima de Rabat fut, il y a environ 80 ans, comme parler de la Mamounia de Marrakech ou du Hyatt Regency de Casablanca, soit le porte-drapeau de l'hôtellerie de haut calibre. Ce fut, en sus, le premier hôtel de la place.

Quelle a été la décennie de gloire de cet hôtel ?

C'était indubitablement les années 50 du siècle dernier pour la simple et bonne raison qu'elles ont représenté une époque charnière entre la fin du Protectorat et le début de l'Indépendance du Maroc. Les établissements gastronomiques de cet hôtel avaient une cote incroyable auprès des Français, des touristes européens et des Marocains de tous bords. De plus, les célébrités du petit et grand écran français vouaient un amour sans équivoque à cet hôtel...
Quelle est votre position quant à la réouverture de l'hôtel ?

La réouverture de l'hôtel est tant espérée par ses fervents défenseurs, à savoir les militants culturels, les historiens, les intellectuels de Rabat mais aussi ses anciens habitués. Seulement, je voudrais bien que ce rêve, qui tarde à venir, devienne réalité !
Saga : Il était une fois, le Balima d'Ifrane
A l'instar des inconditionnels de l'hôtel Balima à Rabat, les amoureux langoureux de son hôtel éponyme, jadis emblématique de la ville d'Ifrane, attendent avec impatience sa réhabilitation et sa réouverture. De plus, de nombreux militants culturels, principalement des historiens, des archéologues et des architectes, aspirent à un retour aux années de faste et à l'âge d'or de cette construction chargée d'histoire et de légendes. Parmi eux, nommons en tête l'historien et archéologue Mohamed Es-Semmar, grand défenseur du patrimoine matériel marocain.
« La belle époque et le temps de gloire de ce joyau historique et architectural font que l'on ne peut évoquer Balima d'Ifrane sans recueillir les témoignages des nostalgiques et autres vétérans de l'intelligentsia marocaine des années 70. D'une seule voix, ils déplorent la clôture de leur quartier général », explique-t-il à L'Opinion, avant de poursuivre qu'il a pris part à de nombreuses activités consacrées à la sauvegarde du patrimoine de cette ville alpine, ce qui, selon lui, ne peut se faire sans la réhabilitation et la réouverture de l'hôtel.
« Je me rappelle, non sans une certaine nostalgie, que feu le Roi Hassan II se rendait, presque chaque semaine, dans son Palais royal d'Ifrane pour y rencontrer les plus grands artistes de l'époque. Une multitude de citoyens et de touristes logeant à Balima jubilaient à la rencontre du Souverain regretté. Aussi, ministres, hommes de sciences, députés, universitaires, journalistes et écrivains se plaisaient tant à discuter de la réinvention du monde autour d'un verre de thé à la menthe sur leurs balcons, avec comme seul horizon, le charme exotique et dépaysant de cette ville qui rappelle vaguement le Sud de la France et autres contrées enneigées européennes », continue notre source.
Toujours est-il que le Groupe Balima, la société immobilière qui assure la gestion de l'hôtel Balima à Rabat - également fermé il y a quelques années, puis réhabilité et aujourd'hui en stand-by - ne s'exprime que de manière furtive sur le sort de son hôtel d'Ifrane. Joint par L'Opinion, un responsable, haut placé de la Société Balima, s'est contenté de nous dire que la réouverture de l'établissement d'Ifrane n'est pas prévue pour demain.
Mais il n'en demeure pas moins qu'à l'image d'Ifrane, ville surplombant les montagnes du Moyen Atlas marocain, dont le nom signifie grottes en amazigh, Balima des neiges était connue pour son architecture de style alpin ceinturée de pistes de ski et forêts rivalisant d'exotisme avec le Sud de la France
Bourse : L'Histoire élogieuse d'une société immobilière
La société immobilière Balima n'en est clairement plus à ses balbutiements. Son cadre de mise en œuvre et de communication financière des entreprises marocaines, depuis la création du Groupe en 1928, a fortement évolué au gré de la diversification des obligations et des supports d'information.
Cotée à la Bourse de Casablanca, Balima Real Estate Company est convaincue, selon notre source au conseil d'administration du groupe immobilier, que sa communication financière demeure un volet primordial de sa politique de transparence, et une garantie sine qua non de son image de marque de confiance et de crédibilité auprès des investisseurs.
Conformément à la circulaire 03-19 du 20 février 2019 portant sur le déroulement des opérations et l'information financière des sociétés cotées à la Bourse de Casablanca, Immobilière Balima, société participant à l'APE (appel public à l'épargne, véhicule d'investissement destiné aux entreprises et aux particuliers), met à la disposition de ses actionnaires l'information financière réglementée. BALIMA SA est cotée à la Bourse de Casablanca depuis le 5 juillet 1946.
Selon les derniers résultats du chiffre d'affaires de la Société Immobilière Balima sont maintenus à 23,3 MDH. Balima présente, aux dernières nouvelles, un résultat net dépassant les 5.100.000 MDH, en retrait de 15 % comparativement au résultat de l'exercice précédent. Cette baisse est due à une absence, l'été dernier, de produits nets sur la vente de titres et valeurs mobilières de placement en comparaison avec la même période de l'exercice précédent.

Actualité - Balima : rouvrira ou rouvrira pas...
La relance des activités de Balima n'est pas à l'ordre du jour. Or, tout laissait présager qu'elle aurait eu lieu en 2015, ou à défaut en 2017, avant d'être repoussée à 2019. Même en 2020, nombreux sont ceux qui pensaient qu'il s'agissait d'un « break » imposé par la délicatesse de la conjoncture sanitaire. Questionné sur les tenants et aboutissants de ces reports in extremis, Yann Lechartier n'y va pas par quatre chemins : « La remise en service de Balima a été reportée pour plusieurs raisons. Il s'agit notamment d'un changement d'équipe et d'une rénovation des locaux. Nous ne voulons pas altérer le caractère de ce monument. Nous voulons avant tout qu'il conserve son prestige et sa gloire d'antan ».
Pourtant, Balima n'est pas une société anodine. D'une simple envie de construire, le groupe est passé à l'entretien et à la préservation de tout un patrimoine : celui de Rabat, vitrine administrative du Royaume. En effet, à l'heure où nous écrivons ces lignes, la quasi-totalité des locaux de Balima sont classés monuments historiques par l'UNESCO.
Déjà, dès la fin des années 20 du siècle dernier, cette société immobilière a fait preuve d'un savoir-faire hors du commun dans l'acquisition, la vente, la revente, la location, la gestion et la construction d'immeubles. Au gré des décennies, elle a même su accompagner l'évolution de la capitale, voire de maintenir son patrimoine matériel architectural et touristique. Aujourd'hui, la société Balima continue de contribuer au renouveau du centre-ville de la Capitale du Royaume.


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