La consolidation des relations économiques intracontinentales, en alignement avec les objectifs et engagements des Etats à développer la coopération Sud-Sud, constitue une condition clé pour le développement futur du continent africain et nécessite la mise en place d'infrastructures de qualité en vue d'accompagner ces ambitions. Telle est la quintessence de la Déclaration finale des Assemblées générales de BM-FMI, tenues du 9 au 15 octobre 2023 à Marrakech. On ne peut pas mieux résumer que Mihajlo Vucic, chercheur à l'Institut de politique et d'économie internationales de Belgrade, quand il dit que « la tenue à Marrakech des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque Mondiale (BM) et du Fonds Monétaire International (FMI) constitue une reconnaissance du leadership de l'économie marocaine en Afrique ». Ce conclave d'une semaine, dans la capitale touristique du Royaume, malgré le séisme qui a touché le pays, a mis en exergue la résilience de l'économie marocaine mais aussi son attractivité et ses atouts. La déclaration qui a sanctionné les travaux témoigne du succès de ces Assemblées 2023 de BM et du FMI. Tout commence par un remerciement nourri à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, pour Son leadership et Son attachement au renforcement de la coopération interafricaine, ainsi que le gouvernement et le peuple marocain pour avoir accueilli les assemblées annuelles du groupe de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International et pour la chaleureuse hospitalité accordée à tous les participants. Sur cette lancée également, les deux institutions financières mondiales félicitent le Maroc pour sa désignation comme pays hôte de la Coupe du Monde 2030 qui représente une opportunité unique de catalyser la croissance et la modernisation des infrastructures dans le Royaume et qui témoigne de la confiance en la capacité de l'Afrique à relever les plus grands défis. Pour ce qui est du constat, BM et FMI estiment que la question du financement demeure un enjeu crucial à dresser pour le développement de programmes d'infrastructures ambitieux à même de combler le déficit en infrastructure dont souffrent les pays africains et que cet effort de financement ne peut être assuré uniquement par des ressources publiques.
Flux annuels de financement Dans cette optique, elles considèrent que l'absence d'une solidarité internationale agissante et pérenne ralentit considérablement l'élan de l'action climatique en Afrique, pénalisant le continent qui n'a reçu, jusqu'à 2020, que 12% des flux annuels de financement climatique dont il a besoin. Pour ce faire, BM et FMI invitent ses partenaires à mettre en œuvre une architecture financière mondiale plus équitable et plus propice au développement de l'Afrique et à la réalisation de ses priorités de croissance qui respecte la souveraineté, l'intégrité territoriale des Etats africains et contribue à l'épanouissement de ses populations. Dans le même sillage, elles recommandent le renforcement de l'effort de coopération, aussi bien dans un cadre bilatéral que multilatéral. Ce qui permettra, selon le communiqué final, de soutenir les pays africains dans la résorption du déficit en infrastructure à travers notamment l'augmentation du financement, la fourniture et le transfert de l'expertise technique et technologique et le renforcement des capacités. Mais aussi et surtout d'appuyer l'émergence d'un secteur privé dynamique et créateur de richesse à même d'accompagner le développement de projets d'infrastructure structurants et pour combler le déficit de financement des infrastructures. Dans cette dynamique, BM-FMI entendent œuvrer pour une co-émergence durable africaine dans laquelle l'investissement dans les infrastructures jouerait un rôle de locomotive de développement, et ce, dans le cadre d'initiatives conjointes continentales et régionales. Elles comptent tirer parti des initiatives internationales en matière d'infrastructures au profit de l'émergence du continent africain. Cette démarche sera intensifiée, lit-on dans le document, par leurs efforts communs pour renforcer le climat des affaires à travers l'amélioration des conditions structurelles de l'investissement, la mobilisation de financements pour stimuler la relance économique et la création d'un environnement favorable à l'entrepreneuriat et à l'innovation, tout en encourageant la mise en place d'un modèle de gouvernance climatique distinct grâce à l'esprit partenarial et d'appropriation africaine.
Projets d'envergure Les deux institutions sont parties d'un constat simple. En effet, comme l'indique le communiqué, les progrès réalisés par le continent africain à différents niveaux, notamment sur le plan des infrastructures, se sont traduits par la concrétisation de projets d'envergure, et témoignent de la volonté de nos pays à résorber le déficit que connaît l'Afrique sur ce plan et à réaliser un développement durable et une croissance solide. Sans oublier que la consolidation des relations économiques intracontinentales, en alignement avec les objectifs et engagements de nos pays à développer la coopération Sud-Sud, constitue une condition clé pour le développement futur du continent africain et nécessite la mise en place d'infrastructures de qualité en vue d'accompagner ces ambitions. Il est évident qu'en dépit des efforts menés, les Etats restent confrontés à des défis de taille, en matière d'infrastructures qui jouent un rôle crucial pour le développement des industries, les chaînes de valeur, la création d'emplois, l'amélioration du niveau de vie de nos populations et la contribution à l'atteinte des objectifs des Agendas 2030 et 2063. Enfin, BM-FMI invitent à la mise en œuvre d'une architecture financière mondiale plus équitable et plus propice au développement de l'Afrique et à la réalisation de ses priorités de croissance qui respecte la souveraineté, l'intégrité territoriale des Etats africains et contribue à l'épanouissement de ses populations.
Bon à savoir Selon le vice-président de la BAD, Kevin Urama, la BAD a déployé des efforts pour la refonte de l'architecture de financement internationale. Les flux de financement vers l'Afrique restent insuffisants pour réaliser les Objectifs de développement durable (ODD) et faire face aux effets du changement climatique, en matière d'adaptation, dit-il dans un entretien à la presse. Sur la décennie en cours, affirme-t-il, le continent africain a besoin de 1.300 à 1.600 milliards de dollars pour répondre efficacement aux défis émanant des changements climatiques, selon les évaluations de la BAD. Dans ce sens, fait-il savoir, la Banque plaide de nouveau pour une architecture financière internationale plus équitable et propice au développement de l'Afrique. Pour lui, le système financier international doit prévoir des mécanismes susceptibles de favoriser l'inclusion et la participation des pays africains. Le changement vers plus « d'inclusivité » s'impose pour introduire de nouvelles réformes qui luttent contre les inégalités genre et qui prennent en considération les jeunes.