Un atelier sur la décarbonation des transports s'est tenu, jeudi dernier, à Rabat. L'objectif principal était de définir des scénarii pour modéliser la demande et les émissions des divers secteurs du transport au Maroc, durant la période de 2020 à 2050. Dans le cadre de sa vision ambitieuse pour un avenir durable, le Maroc se positionne résolument dans la décarbonation des transports. Il entend prendre, dans ce sens, des mesures concrètes tout en mettant en place une législation appropriée pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Pour concrétiser cet engagement, le Forum International des Transports (FIT), en collaboration avec le ministère du Transport et de la Logistique, a organisé un atelier à Rabat, jeudi 21 septembre, sous le thème « La décarbonation des transports au Maroc ». L'objectif de cette rencontre était de discuter des différents scénarios pour ce projet ambitieux à l'horizon 2050. Rappelons que le Maroc fait partie du groupe restreint de pays engagés dans le projet de la coopération avec le Forum International des Transports (FIT) nommé « Décarbonation des transports dans les économies émergentes », aux côtés de l'Argentine, de l'Azerbaïdjan et de l'Inde. Ce programme vise à évaluer les politiques publiques visant à réduire les émissions de carbone dans le secteur des transports et à formuler des recommandations et des orientations pour les pays membres en utilisant des plans de modélisation afin d'évaluer l'impact des politiques adoptées.
Des indicateurs qui interpellent
En effet, « 38% de l'énergie consommée, globalement, au Maroc, sont absorbés par le secteur des transports, représentant ainsi près de 30% des émissions de gaz à effet de serre. Ce qui explique la place cruciale et l'importance de ce programme dans l'élaboration des différents projets de développement durable », a souligné Mohammed Abdeljalil, ministre du Transport et de la Logistique, lors de cet atelier. Et d'ajouter que « le ministère de tutelle a pris, durant cette décennie, un nombre important de mesures visant à minimiser les répercussions des émissions de gaz à effet de serre mais aussi à préserver l'environnement ». Pour sa part, Abdelmadjid Ben Oumrhar, chef de la division de la Contractualisation et des partenaires mais aussi Directeur, par intérim, de la mobilité urbaine et du transport au ministère de l'Intérieur, a noté que « 70% des émissions de carbone dans le secteur des transports se concentrent dans les milieux urbains. Il est donc urgent de faire face à ce fléau et d'améliorer la vie des citoyens, en particulier les citadins, en contribuant ainsi à la transition énergétique ». En outre, Mohammed Abdeljalil a révélé que « son Département est en train de finaliser un système de mesure, de contrôle et de surveillance des émissions de carbone dans le secteur des transports, ce qui permettra de formuler des recommandations adéquates visant à les réduire ».
Un leader régional, chiffres à l'appui
Cependant, et malgré les défis, « l'objectif ambitieux fixé par le Royaume du Maroc, visant à satisfaire à hauteur de 52% ses besoins en électricité à partir de sources renouvelables d'ici 2030, demeure le plus réalisable au sein de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). Cette ambition repose sur des données tangibles, avec un plan cherchant à ajouter environ 3,6 GW6 de nouvelles capacités solaire et éolienne », lit-on dans un rapport de Global Energy Monitor. Ledit document met, également, en avant qu'une part significative de cette capacité, soit 41 GW, est déjà affectée à la production d'hydrogène ou à l'exportation directe d'électricité vers l'Europe. Ces données indiquent, par ailleurs, que les 3,5 GW restants de la capacité solaire et éolienne, à grande échelle potentielles au Maroc, pourraient considérablement rapprocher le pays de la réalisation de ses objectifs en matière d'énergies renouvelables.
Trois questions à Dr Jari Kauppila « Le Maroc s'engage dans la décarbonation des transports et vise un avenir durable » Dr Jari Kauppila, Chef du Cabinet du Secrétaire Général, au Forum International des Transports (FIT), a bien voulu répondre à nos questions sur la décarbonation des transports au Maroc.
* Comment le Royaume s'engage-t-il dans la décarbonation des transports, et quelles actions spécifiques sont entreprises pour réduire les émissions de carbone ? Un exemple notable de l'engagement du Maroc est la COP22, qui s'est tenue à Marrakech et qui a joué un rôle essentiel dans le renforcement des collaborations internationales en matière de décarbonation. Le Royaume a également pris de nombreuses mesures spécifiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, en mettant particulièrement l'accent sur le secteur des transports. L'extension du réseau ferroviaire pour le transport en commun est l'une des initiatives phares dans ce domaine. * Quelle est la vision, à long terme, du Maroc pour un transport durable et écologique, y compris ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de la promotion de solutions de transport plus propres ? Un pilier essentiel de la vision, à long terme, de notre pays en matière de transport durable et écologique, réside dans sa Contribution Déterminée au niveau National (NDC), soumise à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) dans le cadre de l'Accord de Paris. Cela représente un engagement significatif que plusieurs pays n'ont pas encore pris et qui consiste à définir des objectifs concrets pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. * Comment le Maroc travaille-t-il avec des partenaires internationaux pour promouvoir la décarbonation des transports ? Quels sont les réussites et les défis dans cette collaboration ? Le Royaume joue un rôle clé en tant que partenaire dans ce projet aux côtés des trois autres pays, à savoir l'Argentine, l'Azerbaïdjan et l'Inde. Ce qui témoigne de son engagement dans cette collaboration. L'un des objectifs de ce programme est de favoriser le partage des connaissances, des meilleures pratiques et des mesures ayant démontré leur impact positif. De plus, le Maroc a exercé un leadership international en assumant la présidence de notre organisation le FIT (Forum International des Transports), au cours de la période 2020-2021, travaillant ainsi en collaboration avec de nombreux pays pour établir une plateforme de débat visant à faciliter le partage d'expériences. Recueillis par Y. E.