Dans son premier rapport, publié mardi, sur l'impact dévastateur de l'hypertension artérielle à l'échelle mondiale, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a révélé que cette maladie tue environ 247.000 Marocains chaque année. Le rapport, basé sur les chiffres de 2019 et intitulé "La course contre le tueur silencieux", indique que 6,1 millions Marocains âgés de 30 à 79 ans souffrent d'hypertension artérielle et que 247.000 d'entre eux en sont morts. La prévalence de l'hypertension artérielle chez les Marocains de cette tranche d'âge est environ 35 %, avec 35 % pour les hommes et 36 % pour les femmes, ce qui est légèrement supérieur à la moyenne mondiale. Le rapport ajoute que seuls 43% ont été diagnostiqués et seulement 29% sont traités, alors que le taux de contrôle de la maladie est de 10%. Selon le même rapport, l'hypertension touche 1 adulte sur 3 dans le monde. Cette maladie courante et mortelle entraîne des accidents vasculaires cérébraux, des crises cardiaques, des insuffisances cardiaques, des lésions rénales et de nombreux autres problèmes de santé. Le rapport montre qu'environ 4 personnes souffrant d'hypertension sur 5 ne sont pas correctement traitées, mais si les pays parviennent à étendre la couverture, 76 millions de décès pourraient être évités entre 2023 et 2050. « Le nombre de personnes souffrant d'hypertension a doublé entre 1990 et 2019, passant de 650 millions à 1,3 milliard. Près de la moitié des personnes souffrant d'hypertension dans le monde ignorent actuellement leur état. Plus des trois quarts des adultes souffrant d'hypertension vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire », indique la même source. Il est à savoir que l'âge avancé et la génétique peuvent augmenter le risque de cette maladie, mais des facteurs de risque modifiables tels qu'un régime riche en sel ou l'inactivité physique peuvent également augmenter le risque d'hypertension. Les chiffres de l'Organisation mondiale indiquent que le Maroc n'a pas obtenu de résultats significatifs dans le traitement et la réduction de l'hypertension artérielle chez les citoyens, ce qui explique sa stagnation depuis 20 ans. Selon les chiffres du même rapport, l'OMS a estimé à 24% la probabilité de décès prématurés dus aux maladies non transmissibles au Maroc, tandis que les décès dus aux maladies cardiovasculaires s'élèvent à 127.000 par an, et celles attribués à l'hypertension systolique au Maroc augmentent à 63% Le rapport confirme que le Maroc, comme d'autres pays, pourrait éviter des milliers de décès si la couverture thérapeutique était élargie.
Le contrôle de l'hypertension
D'après le même document, la prévention, la détection précoce et la prise en charge efficace de l'hypertension comptent parmi les interventions les plus rentables en matière de soins de santé et devraient être une priorité des pays dans le cadre de leur ensemble national de prestations de santé proposées au niveau des soins primaires. Les avantages économiques de l'amélioration des programmes de traitement de l'hypertension dépassent les coûts d'environ 18 pour 1. Le directeur général de l'OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré : « Les programmes de contrôle de l'hypertension restent négligés, sous-priorisés et largement sous-financés. Le renforcement de la lutte contre l'hypertension doit faire partie du parcours de chaque pays vers une couverture sanitaire universelle, fondée sur des systèmes de santé performants, équitables et résilients, fondés sur les soins de santé primaires ». Le rapport ajoute qu'une augmentation du nombre de patients traités efficacement pour l'hypertension jusqu'aux niveaux observés dans les pays les plus performants pourrait éviter 76 millions de décès, 120 millions d'accidents vasculaires cérébraux, 79 millions de crises cardiaques et 17 millions de cas d'insuffisance cardiaque d'ici 2050.
Dans ce sens, l'ambassadeur mondial de l'OMS pour les maladies non transmissibles et les traumatismes, Michael R. Bloomberg, a indiqué que « La plupart des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux dans le monde peuvent aujourd'hui être évités grâce à des médicaments abordables, sûrs et accessibles et à d'autres interventions, telles que la réduction du sodium ».