Depuis que le séisme d'Al-Haouz a cahoté la ville de Casablanca, à l'instar de plusieurs villes du Royaume, des dégâts exogènes sont constatés par le commun des mortels ouvrant la voie aux rumeurs les plus fantaisistes. Le point avec nos experts interrogés. Dans la région de Casablanca-Settat, depuis le début de cette semaine jusqu'à l'écriture de ces lignes, des fissures, des écoulements de débris et même l'effondrement d'un immeuble de trois étages ont été constatés par des ingénieurs spécialisés en béton armé et autres experts en construction. Seulement voilà, dans une conjoncture aussi sensible qu'un séisme qui a frappé de plein fouet la province d'Al-Haouz et ses environs, il serait plus que judicieux de trier le vrai du faux avant de "s'aventurer à relayer des prophéties apocalyptiques", pour reprendre l'expression du sismologue Pr Lahsen Aït Brahim. Dans une ère où les fake-news sont devenues à portée de clics car grandement assistées par la diversification des moyens de communication, il faudrait "s'abstenir de substituer le gouvernement, les autorités locales, les sismologues, les experts en bâtiment, les journalistes présents sur le terrain et de vouloir faire des constats de simples internautes un nouveau genre d'enquête", continue notre sismologue. Ce que l'expert suggère, voire recommande vivement, c'est de prendre des photos et des vidéos claires du dégât matériel, qu'il s'agisse d'une fissure ou d'un effondrement, d'informer ou d'alerter le caïd et/ou le moqaddem et d'attendre que les responsables communaux ou provinciaux puissent dépêcher une équipe d'experts en béton armé. "Ces constats et ces avis seront comptabilisés statistiquement et finissent leur chemin jusqu'à la tutelle qui n'hésitera pas une seconde à prendre les mesures nécessaires. C'est-à-dire qualifier le dégât et trancher quant à la mesure que les habitants sinistrés devraient entreprendre". Mais les origines des fissures peuvent être diverses et variées. A titre d'exemple, mardi, à Mohammedia, il a été constaté par des experts que toutes les fissures photographiquement documentées par les habitants de certains quartiers populaires relevaient de la fragilité et de l'ancienneté du bâti et ne sont aucunement liées au séisme d'Al-Haouz. Ainsi, ces anfractuosités, c'est-à-dire les larges fissures, ont été obturées au cours de cette même journée, comme cela a toujours été le cas lors des dégâts causés par les dernières pluies torrentielles qui se sont souvent abattues sur cette ville. Parmi les mesures que l'on prend habituellement en cas de fissures ou d'effondrement de mur ou de sol, après le constat de l'expert, c'est de restaurer les habitations et l'espace public dans les règles de l'art. "Les bâtisses quelles qu'elles soient ont une durée de vie d'environ 80 ans", renchérit l'archéologue Mohamed Es-Semmar. Pour en savoir davantage sur les mesures à adopter pour préserver la robustesse de nos domiciles en cas de sinistre, nous avons tendu le dictaphone à l'assureur Mohamed Guessous. "L'assurance responsabilité décennale permet d'indemniser tous les préjudices matériels d'une certaine gravité, quelle qu'en soit la cause ou l'origine, résultant d'un vice de construction révélé dans une période de dix ans. Elle englobe un certain nombre de vices. Il peut s'agir, notamment, d'une infiltration de pluie par le toit, de fissures importantes dans les murs ou carrément d'un glissement de terrain." Par définition, cette assurance couvre la réparation des dommages susceptibles d'affecter la solidité d'un bâtiment ou de le rendre impropre à sa destination. Elle prend effet dès la réception des travaux et dure dix ans. Quant à la maison de trois étages qui s'est effondrée, mardi à 16h30 au niveau du boulevard Chouaïb Doukkali au quartier Hay El-Farah à Casablanca, les experts ont déjà élucidé la cause de l'incident qui a fait trois blessés et causé plus de peur que de mal chez la plupart des Casablancais. "Cet immeuble était voué à l'effondrement depuis longtemps, comme le savent pertinemment les riverains", apprend-on de source sûre. "Encore une fois, je tiens à préciser que le séisme d'Al-Haouz n'y est de loin pour rien du tout dans cet effondrement causé purement et simplement par la fragilité du bâti", assène le sismologue Pr Lahsen Aït Brahim. Houda BELABD