La ville du Souss, qui a su panser ses maux et ses blessures après tant de décades, présente encore les stigmates d'un traumatisme profond qui hante ses habitants à cause du séisme du 29 février 1960. Mais la bravoure du peuple marocain, qui jalonne son Histoire, a défié le temps et l'espace puisque Agadir a été reconstruite entièrement pour devenir cette belle cité mais aussi cette destination touristique incontournable du Royaume. Flash-back. Le séisme d'amplitude 7,2 sur l'échelle de Richter survenu, ce 8 septembre, à Al-Haouz, est venu nous rappeler dramatiquement celui d'Agadir, en ce 29 février 1960 à 23 h 40 précise. Et l'image est encore saisissante quand, durant 15 secondes, la secousse a laissé derrière elle désolations, sinistres avec son lot de morts, de blessés et de disparus. D'une magnitude de 5,7 sur l'échelle de Richter, le tremblement de la capitale de Souss, avec près de 12 000 personnes tuées et quelque 25 000 blessés, continue de marquer les esprits malgré le temps écoulé, tellement le bilan a été lourd puisqu'il a fallu raser la ville pour en reconstruire une nouvelle. Cet événement douloureux dont les Marocains, en particulier les Gadiris, s'en souviennent encore, a été marqué, comme c'est le cas aujourd'hui (Al-Haouz), la solidarité et l'entraide du Royaume face à ce qu'il convient la tragédie de ces 70 dernières années. Cette revisite de séisme est de permettre aux générations du 21ème siècle de se remémorer de la bravoure du peuple marocain. D'abord les faits. Après la secousse, un tsunami frappe la ville sur près de 275 mètres. On observe aussi des écroulements de terrain dans la région. Des fissures se forment également dans les environs, mais les impacts sont moins importants que dans la ville où le bilan des dégâts varie selon les secteurs.
Gravité des dégâts On estime qu'entre 60% et 90% des habitations et bâtiments ont été détruits ou sévèrement endommagés. Cette forte proportion s'explique, selon les spécialistes, par la proximité des bâtiments. Ainsi dans les quartiers comme Founti, Yachech et de la Kasbah, tous les bâtiments furent détruits ou sévèrement endommagés, 95% de la population de ces zones fut ensevelie. Dans le quartier de Talborjt, c'est le même constat où la grande majorité des bâtisses furent ravagées. Cependant, la ville nouvelle et le front de mer ont été relativement épargnés. Selon les experts de l'époque, la gravité des dégâts est attribuée au fait que la secousse avait son épicentre juste en dessous de la ville, et à la faible résistance des constructions anciennes. Pourtant, la ville semblait avoir été historiquement à l'abri des séismes, et ce n'est qu'après des recherches approfondies que l'on se rendit compte que la cité, connue à l'époque sous le nom de Santa Cruz do Cabo de Aguer, avait déjà été détruite par un tremblement de terre en 1731, ce qui expliquait a posteriori la date de 1746 gravée sur le fronton de la porte de l'ancienne Kasbah. Les secouristes venus d'Espagne, des Etats-Unis étaient aux côtés de leurs homologues marocains pour tirer des décombres les morts et les blessés. En effet, dans les heures qui ont suivi le séisme, les marins de la base aéronavale française d'Agadir sont venus porter secours aux survivants (environ 30 000 habitants). La proximité de cette base qui n'avait pratiquement pas subi de dégâts, l'arrivée rapide de l'escadre française de Méditerranée ainsi que d'une escadre néerlandaise, ont permis la mise en place rapide des secours aux rescapés. D'après les archives et les écrits, les recherches continuèrent pendant un certain temps, notamment pour identifier les corps. Deux jours plus tard, la ville fut évacuée pour éviter la propagation de maladies. Une grande incertitude persiste à ce jour quant au bilan humain précis du désastre. Comme le rapporte un article de presse, dès le lendemain du séisme, le regretté Souverain, le Roi Mohammed V, et son Conseil de ministres ont créé une commission de reconstruction dont les rênes ont été confiées au feu Hassan II, alors Prince héritier connu sous le nom de Moulay Hassan.
Transcender le temps Il faut dire qu'à la date des faits, comme l'écrit El Mahdi Choubbo, auteur de « Séisme d'Agadir : les vérités sur un drame qui transcende le temps », vivait dans cette ville une population constituée d'une majorité musulmane, suivie de chrétiens européens qui avaient préféré rester après l'indépendance, puis de citoyens juifs. « Tous vivaient en harmonie, faisant d'Agadir l'un des rares lieux au monde où les trois religions monothéistes coexistaient en parfaite harmonie, incarnant de façon glorieuse l'esprit de tolérance à son état le plus pur ». Du fait de l'attraction touristique de la station balnéaire et du port de pêche actif, explique Choubbo, la population d'Agadir avait progressé à une vitesse fulgurante, atteignant, selon le premier recensement officiel de la population et des logements 37.744 personnes. Les estimations parlaient d'un chiffre voisinant 45.000 personnes à la date de la catastrophe. Aujourd'hui, la ville du Souss, qui a su panser ses maux et ses blessures après tant de décades, présente encore les stigmates d'un traumatisme profond qui hante ses habitants. Une psychose notamment due au passé sismique et aux tsunamis survenus au Maroc. La belle cité a retrouvé, depuis sa reconstruction, ses lustres d'antan faisant d'elle une destination touristique incontournable. Car Agadir a su renaitre de ses cendres au lendemain de cette catastrophe naturelle.
Trois questions à Said Ait Amar Le Maroc a renforcé ses capacités d'interventions Le séisme d'Agadir de 1960 reste vivace, bien que d'une faible magnitude, ce tremblement de terre a été ravageur. Explications avec Said Ait Amar, Ingénieur d'Etat Génie Civil EHTP promotion 1989, Vice-président de l'Association des Laboratoires AMLEC et Gérant du Laboratoire LCIS.
Bien que, la magnitude du séisme d'Agadir est inférieure à 6. Ce tremblement de terre reste gravé dans la mémoire des Marocains en raison des sinistres causés. Il est considéré comme le plus terrible des catastrophes au Maroc vu qu'il a provoqué la destruction presque totale de toutes les constructions de la ville d'Agadir. Peut-on dire que les secours d'urgence se sont nettement améliorés par rapport aux années 60 ? Si oui, en quels termes ?
Oui bien sûr, il y a une grande amélioration des secours d'urgence par rapport à l'époque du séisme d'Agadir, sur tous les plans, notamment la logistique, les télécommunications...Ainsi, suite aux Hautes Instructions de Sa Majesté le roi Mohammed VI, tous les membres de gouvernement, la gendarmerie royale, la protection civile, les différentes associations...se sont mobilisés pour porter aides aux victimes du séisme dramatique du vendredi 8 septembre 2023 vers 23h 11mn. Il faut souligner, en outre, que le séisme d'Agadir a joué un grand rôle dans le renforcement des opérations lors des catastrophes. A votre avis, faut-il renforcer la construction anti sismique dans les régions montagneuses ?
Comme vous le constatez, ce sont en général les anciennes constructions qui sont touchées par le séisme. Ces dernières ont été construites d'une manière anarchique et sans tenir compte des règles de l'art. Ainsi, il est nécessaire d'appliquer le règlement de construction parasismique RPS2000 et le généraliser aussi, au niveau des villages et des communes rurales et non pas l'appliquer uniquement au niveau des villes. En effet, le territoire marocain est soumis à une activité sismique appréciable et ce, à cause de sa situation dans un domaine de collision continentale, due à l'interaction entre les plaques tectoniques Africaine et Eurasienne. Pour évaluer l'ampleur de l'action sismique, le territoire marocain est subdivisé, en fonction de la vitesse et de l'accélération sismique, en cinq zones distinctes pour lesquelles on affecte des valeurs spécifiques pour la quantification de cette action. Ainsi, le RPS2000 permet de garantir la sécurité parasismique des bâtiments et d'assurer la sécurité du public pendant le tremblement de terre. Séisme de 2004 : Voir Al Hoceima et pleurer Dans la chronologie des faits, plusieurs tremblements de terre et tsunamis ont touché le Royaume, au point de détruire littéralement les zones affectées. Un haut risque sismique qui a plus d'une fois causé décès et dégâts matériels. Al Hoceima s'ajoutera ainsi à la triste liste de séismes qu'a connus le Royaume. C'était en 2004, un certain 24 février. Une tragédie humaine lors de cette catastrophe qui a dévasté le nord du Maroc, et notamment la région d'Al Hoceima, faisant 628 morts, plus de 926 blessés et 15 230 sans-abris. Ainsi c'est dans la nuit de ce jour, vers 2h30 du matin, qu'un puissant séisme de magnitude 6,3 sur l'échelle de Richter qui s'est déclenché. Son épicentre avait été localisé à Aït-Kamara, commune située à 19 km de la ville portuaire d'Al Hoceima. Une centaine de répliques s'étaient poursuivies dans la matinée, dont deux particulièrement fortes aux alentours de 9 heures et 11 heures du matin, compliquant considérablement le travail des sauveteurs. Six communes, dont celles d'Im Zouren et Aït-Kamara avaient été presque totalement détruites. Histoire : Succession de catastrophes Le Maroc a toujours connu des séismes les uns plus graves que les autres. Entre 1079 et 2023, le Royaume a enregistré près de 12 secousses sismiques dont les premiers ont eu lieu le 1er et le 30 décembre de cette année 1079. Près de deux siècles plus tard, en 1276, la ville de Larache tombe sous les décombres suite aux secousses du séisme qui la frappe, suivie de Fès en septembre 1522, puis Tétouan le 26 janvier 1531, de violentes secousses plongent le pays dans une peur effroyable.
Melillia n'est pas épargnée. Elle a enregistré des séismes en mars 1579 et en août 1660. Au 18ème siècle, ce ne sont pas moins de sept tremblements de terre qui touchent le Maroc, dont le terrible tsunami provoqué en 1755 de par l'épicentre à Lisbonne. Cependant, le 19ème siècle ne connaîtra qu'un seul séisme, c'était à Melillia. Pour sa part, Tétouan sera à nouveau touché en janvier 1909 et en janvier 1929, c'est un autre tremblement de terre qui va toucher la ville de Fès, puis celle d'Agadir en 1960.
Neuf ans plus tard, le royaume connaît une douleur similaire avec la peur qui (ré) envahit les cœurs des Marocains. Un violent séisme qui avait son épicentre dans la même région que celui de 1755 (Lisbonne) a été ressenti dans presque tout le Maroc, mais c'est sur le littoral Atlantique que ce séisme a atteint sa plus forte intensité. C'est dire que, selon les spécialistes, le Maroc est une région soumise à une activité sismique appréciable, principalement due à sa position géographique dans une zone de collision continentale.