Le président du Parlement libanais, Nabih Berri, a présenté une initiative visant à mettre fin au vide présidentiel qui dure depuis environ 10 mois. Mais l'initiative de Berri pour élire un président n'a suscité que des réactions mitigées. Lors d'un discours prononcé à l'occasion du 45e anniversaire de « la disparition d'Al-Sadr», Berri a appelé à un «dialogue au mois de septembre pour une période maximale de sept jours, avant de tenir des séances publiques successives jusqu'à l'élection d'un président de la république». Il a souligné que "les partis ont recommencé à insister sur la division et le fédéralisme, des formules dont les Libanais ont subi les tragédies et les malheurs". Berri a souligné que «l'accomplissement du droit présidentiel ne s'obtient pas en imposant un candidat ou en plaçant son veto contre un autre, ni en perturbant le travail des institutions constitutionnelles et en paralysant leurs rôles, en particulier le travail des deux autorités exécutives en tant qu'organes de coordination». Mais il semble que l'opposition ne soit pas très chaude pour l'initiative de Berri. Le chef des Phalangistes a même attaqué Berri, l'accusant de «violer délibérément la constitution». Pour Sami Gemayel «la proposition de tenir des sessions successives pour élire un président est un aveu d'une violation délibérée de la constitution». Gemayel a ajouté dans un tweet sur sa page de la plateforme « X », soulignant que la mise en œuvre de la constitution n'est pas une carte de chantage politique, et le Parlement n'est pas une propriété mais celle du peuple libanais.
L'insistance de Berri stigmatisée
La députée Strida Geagea, pour sa part, membre du bloc «République forte», a critiqué ce qu'elle a qualifié d'«insistance» de Berri sur le fait qu'il ne convoquerait pas une séance d'élections présidentielles s'il n'y avait pas de consensus préalable, estimant que «cette position en elle-même est une violation constitutionnelle majeure, car la Constitution ne prévoit pas le consensus, mais plutôt l'élection». Elle a appelé, dans une déclaration publiée sur sa page de la plateforme « X » : «...le président Berri à veiller à la mise en œuvre de la constitution telle qu'elle est, et à appeler directement à une séance publique avec des sessions successives conformément à la constitution pour élire un président du pays». Le représentant du Parti des Forces Libanaises, Ghassan Hasbani, a critiqué l'initiative de Berri, la considérant comme une «formule injuste». Pour sa part, le député Michel Moussa, membre du Bloc Développement et Libération (Mouvement Amal), a estimé que «l'appel de Berri au dialogue et aux séances publiques donne l'espoir d'aboutir à un président de la république».
Moussa a jugé l'appel de Berri logique et estime que les blocs politiques doivent exprimer franchement leur opinion, selon le journal libanais Al-Anbaa. L'initiative de Berri intervient à la lumière de l'escalade de la crise de la vacance de la présidence qui dure depuis plus de 10 mois, mais coïncide également avec les accusations de la France d'une ingérence de l'Iran dans les affaires intérieures libanaises. Jean-Yves Le Drian, arrivera à Beyrouth mi-septembre pour recevoir les réponses des chefs et représentants des blocs parlementaires à une lettre qu'il leur avait adressée concernant les élections présidentielles.
Lors d'une rencontre informelle avec des représentants de la presse libanaise, en présence de l'ambassadeur Moujtaba Amani, le ministre iranien des Affaires étrangères Hussein Amir Abdollahian, en visite officielle de deux jours à Beyrouth, a passé plusieurs dossiers en revue. Abordant la crise libanaise. En réponse à une question sur la position du président français qui a récemment critiqué ce qu'il a appelé l'intervention de l'Iran dans les affaires libanaises, Abdollahian a conseillé au président français «de se concentrer sur les affaires internes de la France, au lieu de se préoccuper des questions d'ingérence dans d'autres pays». S'il a ajouté que «l'Iran a toujours appuyé le Liban et restera à ses côtés», il a toutefois nié toute intervention dans les affaires internes du pays du Cèdre, déclarant que tant que le Liban le souhaite, la République islamique se tiendra à ses côtés, «aux côtés de l'Etat, du peuple et de la résistance». Lundi, Emmanuel Macron, qui s'exprimait devant les ambassadeurs de France réunis à l'Elysée, avait évoqué «les activités de déstabilisation régionale que l'Iran a menées ces dernières années». Il avait estimé qu'un des «éléments clés» d'une solution politique au Liban passera par une clarification des interférences régionales dont celle de l'Iran». L'ONU renouvelle le mandat de la FINUL Le Conseil de sécurité des Nations unies a voté jeudi en faveur de la prolongation du mandat de la force de maintien de la paix des Nations unies au Sud-Liban, quelques heures avant son expiration. Le vote est de 13 à 0, les membres permanents, la Chine et la Russie, s'étant abstenus. Le texte comprenait une nouvelle formulation permettant à la force de maintien de la paix de procéder à des inspections surprises. "La résolution adoptée aujourd'hui réaffirme avec force la pleine liberté de mouvement de la FINUL et sa capacité à effectuer des patrouilles annoncées et inopinées", a déclaré l'ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, au Conseil de sécurité des Nations unies. La France et l'armée israélienne ont également salué la prolongation du mandat. Le journaliste du Hezbollah, Ali Shoeib, a menacé les forces de la FINUL peu de temps après l'approbation de la prolongation de leur mandat par le Conseil de sécurité de l'ONU. "Le commandement de la FINUL au Sud-Liban sait très bien que s'il y a un changement dans la nature du mouvement de ses forces, il se retrouvera dans une confrontation avec les résidents du Sud-Liban", a-t-il affirmé, estimant que les forces de la FINUL ne se déplaceront pas sans coordination avec l'armée libanaise La Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) tente de maintenir le calme dans le sud du Liban depuis sa création en 1978.