Suite à l'expiration de l'accord de pêche entre l'Union Européenne et le Maroc, les pêcheurs d'Andalousie expriment leur frustration face au manque de réactivité du gouvernement espagnol. Selon des informations relayées par les médias espagnols, ces pêcheurs critiquent vivement l'inaction du gouvernement central concernant les compensations promises pour les navires touchés par la fin de l'accord. Tomás Pacheco, président de l'Association Barbateña de Empresarios Pesqueros (ABEMPE), pointe du doigt le manque de transparence entourant les aides déclarées par les autorités andalouses. Depuis l'expiration du protocole de pêche le 17 juillet, les pêcheurs d'Andalousie ne sont plus autorisés à opérer dans les eaux territoriales marocaines. En juillet dernier, lors d'un discours au Parlement andalou, Carmen Crespo, ministre de l'Agriculture, de la Pêche, de l'Eau et du Développement rural d'Andalousie, a exprimé sa préoccupation quant à l'incertitude entourant le renouvellement de l'accord de pêche entre l'Union Européenne et le Maroc. Elle a appelé le gouvernement espagnol à mettre en place une ligne d'aide pour soutenir les personnes impactées par l'expiration de cet accord. Cette demande intervient dans un contexte où l'accord de pêche entre l'UE et le Maroc joue un rôle crucial dans l'économie du secteur de la pêche en Andalousie, et plus particulièrement à Cadix. Cependant, selon Pacheco, ces compensations tardent à venir, créant une situation qu'il qualifie de « mascarade », et il accuse le gouvernement central d'avoir « manipulé » la crise. Il est important de noter que les 47 navires andalous, sur les 133 autorisés au total, qui ont traditionnellement exercé leur activité de pêche dans les eaux marocaines avec leur port d'attache dans la province de Cadix, emploient approximativement 500 membres d'équipage. Grâce à l'accord de pêche précédent, ils avaient réussi à capturer une très grande quantité de poissons, comprenant plus de 1.500 tonnes d'anchois, de sardines, de dorades, de bars, de colins, de castagnoles et de thons. En termes de commercialisation, la valeur de ces produits de la pêche a atteint quatre millions d'euros.
Une attente croissante Les fonds prévus du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEMP) étaient destinés à apporter un soutien temporaire aux pêcheurs en cas d'arrêt de leurs activités de pêche. Cependant, les pêcheurs d'Andalousie n'ont toujours pas vu la couleur de ces aides, malgré leur attente croissante. La flotte andalouse a déjà épuisé la période d'arrêt temporaire autorisée, car les compensations du FEMP sont plafonnées à six mois. Carmen Crespo a clairement indiqué que ces compensations n'étaient pas accessibles aux navires andalous. Cette situation crée une incertitude économique grandissante parmi les pêcheurs ibériques, qui se trouvent dans une impasse alors qu'ils cherchent désespérément des moyens de faire face à cette crise.
Augmentation alarmante des coûts de production D'autres part, le secrétaire espagnol de la Pêche du Parti Populaire d'Almería, José Crespo, met en lumière la situation difficile à laquelle sont actuellement confrontés les pêcheurs d'Andalousie, ainsi que ceux de la province, en raison de l'augmentation "brutale" des coûts de production au cours de la dernière année, ce qui a entraîné une importante réduction des revenus des pêcheurs. Pour faire face à cette problématique, le gouvernement andalou du Parti Populaire a pris l'initiative d'allouer 4,5 millions d'euros en aides visant à atténuer les conséquences de l'augmentation du prix du carburant, ainsi que 2,5 millions d'euros pour couvrir les coûts de production et d'énergie. José Crespo souligne que, de la même manière que le gouvernement du Parti Populaire met en place des mesures pour soutenir les plus de 300 navires de la province, le gouvernement espagnol devrait également jouer son rôle, écouter les préoccupations du secteur et instaurer des initiatives visant à permettre, grâce à la collaboration de toutes les administrations, une exploitation en mer sans que cela ne se traduise par des pertes financières, tout en garantissant aux citoyens la possibilité de continuer à déguster les meilleurs produits de la mer à leur table.
Une bénédiction déguisée pour le Maroc La sortie de l'accord de pêche est relativement aisée pour le Maroc, étant donné qu'il s'agit d'un droit de pêche pouvant être maintenu, suspendu ou supprimé, en conformité avec les lois européennes en vigueur. Si l'on prend du recul, il est évident que le Maroc a tout à gagner en mettant fin à cet accord, et ce, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, cela lui permettrait d'éviter les nombreux litiges entourant cet accord, tels que les ratifications, les annulations avant reconduction et les procédures d'appel, qui mêlent inextricablement intérêts économiques et considérations politiques. En se libérant de cet accord, le Maroc pourrait se concentrer sur d'autres priorités et opportunités, sans être constamment pris dans une toile complexe de négociations et de différends. De plus, cela permettrait au Maroc d'affirmer sa souveraineté sur ses eaux, y compris celles du Sahara, sans être lié par les contraintes d'un accord de pêche. Ces accords de pêche sont généralement conclus pour une durée limitée et sont soumis à des négociations périodiques pour leur renouvellement. Les détails, tels que les quotas de pêche, les zones d'accès, et les contributions financières, sont négociés au fil du temps. La résiliation de l'accord avec l'UE offre au Maroc la possibilité de redéfinir ces termes à sa convenance, établissant ainsi un contrôle plus complet sur son secteur de la pêche. Une avalanche d'obstacles Au regard des nombreux obstacles entravant le renouvellement du partenariat de pêche entre l'Union Européenne et le Maroc, notamment l'avis rendu par le Tribunal de l'UE en septembre 2021, qui n'a pas fait l'unanimité parmi les Etats membres, la situation reste complexe. Le Tribunal avait soulevé des préoccupations et objections touchant à l'intégrité territoriale du Maroc dans le cadre de l'accord de pêche. Une affaire de même type avait été soulevée en Grande Bretagne, par des sympathisants polisariens, pour contester la souveraineté du Maroc sur les eaux territoriales des provinces sahariennes. La Cour britannique avait rejeté de manière irrévocable, le 25 mai dernier, la requête d'un organisation pro-Polisario cherchant à remettre en question l'accord d'association entre le Maroc et le Royaume-Uni. La justice britannique s'est appuyée sur des éléments de droit pour arriver à des conclusions diamétralement opposées à celles de la Cour Européenne.