Aucune université marocaine n'a pu franchir le cap pour se hisser parmi les 1000 meilleures universités dans le monde en 2023, selon le classement de Shanghai Ranking Consultancy. Explications. Le célèbre classement Shanghai des 1000 meilleures universités, dans le monde pour l'année 2023, vient d'être dévoilé. A la grande surprise, aucune université marocaine ne figure dans ce classement, et ce, pour la deuxième année consécutive. Ce sujet a suscité un grand débat parmi les acteurs du secteur, lesquels se sont dit désolés de constater l'absence du Royaume dans ce top mille au moment où d'autres pays y figurent malgré leurs difficultés politiques et économiques. D'autres sont partis plus loin, dans leur analyse, soutenant que ledit constat met en question la qualité du système académique marocain en pleine réforme. Mais qu'en est-il vraiment des raisons de cette absence inquiétante ? Selon Khaled Samadi, ancien Secrétaire d'Etat chargé de l'Enseignement supérieur, « Les universités qui relèvent du classement de Shanghai ont un capital d'investissement très important dédié à la recherche scientifique alors que le budget qui en est alloué au Maroc reste limité ».Tout en soulignant que les établissements d'enseignement supérieur figurent dans pas mal d'autres classements mondiaux, le responsable soulève que l'intérêt des universités marocaines pour ce genre de classements reste relativement récent. Financement Le mode de financement s'avère, lui aussi, un facteur déterminant dans le classement de Shanghai. « A la différence des universités marocaines financées par les ressources financières de l'Etat, les universités figurant dans le classement sont majoritairement financées par le secteur privé », relève un responsable au sein d'une université publique. Ces universités bénéficient, de même, de fonds spéciaux dans le cadre de conventions de partenariat pour le financement des programmes de recherche scientifique à part entière. Chose qui reste quasi-absente dans les universités marocaines, selon notre interlocuteur qui se réjouit, quand même, du classement de l'Université Mohammed Premier (UMP) d'Oujda dans le Top 400 mondial en physique. Ainsi, il se montre optimiste quant à l'avenir suite à l'émergence d'une nouvelle génération d'universités ouvertes à leur environnement économique et social, à l'instar de l'Université internationale de Rabat et de l'Université Mohammed VI Polytechnique. Français vs anglais A part l'insuffisance des ressources financières dédiées à la recherche scientifique, la langue par laquelle la recherche est menée au Maroc constitue, selon les experts, un véritable frein. Le responsable d'une filière au sein d'une autre université publique explique que le palmarès de Shanghai est basé sur plusieurs indicateurs clés dont le volume d'études et de recherches publiées dans les revues « Science » et « Nature », lesquelles publient des articles scientifiques en anglais seulement. Cependant, « compte tenu de la dépendance des chercheurs marocains du français, les universités marocaines restent, forcément, absentes de tels classements », déplore-t-il, ajoutant que même les universités françaises réputées s'orientent, désormais, vers l'anglais. Notre interlocuteur ajoute que la charge de travail dans l'université publique empêche les professeurs chercheurs à s'engager dans de véritables projets de recherche scientifiques pour des revues scientifiques internationales. Raison qui justifie, d'ailleurs, la mise en place du Pacte de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l'Innovation (ESRI 2030), visant asseoir les bases d'une recherche scientifique aux standards internationaux, portés par une nouvelle génération de doctorants dont les travaux de recherche s'effectueront selon des modes d'encadrement en codirection/cotutelle avec des universités internationales. Il est à noter que ledit classement, édité cette année, repose sur plusieurs critères, à savoir le nombre d'anciens étudiants et du personnel remportant les Prix Nobel, le nombre de chercheurs hautement qualifiés, le nombre d'articles publiés dans les revues « Nature » et « Science » et les articles indexés dans «Science Citation Index», ainsi que de la performance académique au regard de la taille de l'institution. Sans surprise, la première université à figurer en tête du classement est l'Université Harvard suivie par Sandford aux Etats Unis. En Afrique, plusieurs universités tirent leur épingle du jeu et voient leurs universités faire partie du top 1.000, à savoir l'Afrique du Sud, qui compte 8 universités dans le classement, puis viennent l'Egypte et la Tunisie.