Le Maroc profite de certains avantages géopolitiques en raison de son importance internationale accrue après le déclenchement de la guerre en Ukraine, ressort-il d'une récente étude publiée par Bowdoin College. La dévastation provoquée par la crise russo-ukrainienne, l'année dernière, est évidente mais la dynamique du pouvoir de la guerre dicte qu'il y aura inévitablement des pays qui bénéficieront du conflit, à l'image du Maroc et de l'Angola. «Par exemple, en raison des sanctions occidentales contre la Russie, le Maroc et l'Angola ont la possibilité de devenir influents dans le secteur de l'énergie », a souligné la chercheuse Ainsley Ramsey dans une récente analyse publiée le 11 du mois courant par Bowdoin College, un collège privé d'arts libéraux situé à Brunswick aux Etats-Unis.
Pour le Maroc, Ramsey pense que le pays profite de certains avantages géopolitiques en raison de son importance internationale accrue après le déclenchement de la guerre en Ukraine. Sur le front de l'énergie, elle a fait savoir que le Royaume investit massivement dans des sources d'électricité vertes comme l'énergie solaire et éolienne, « une initiative qui sera probablement rendue plus urgente par l'embargo russe sur le pétrole ».
De plus, poursuit la même source, le Maroc est impliqué dans un projet de pipeline de plusieurs milliards de dollars pour transporter le pétrole du Nigeria vers l'Europe. Une perspective, d'après Ramsey, attrayante pour les Européens qui ont généralement compté sur le pétrole russe pour une grande partie de leurs besoins énergétiques. Surtout, ajoute-t-elle, « c'est à partir du territoire marocain que le gazoduc va en Europe, faisant du pays un lieu géopolitique et géoéconomique incroyablement important ».
Stratégiquement, poursuit-elle, le Maroc est traditionnellement resté neutre concernant ses relations avec la Russie, et les deux Etats entretiennent depuis longtemps des liens économiques étroits, Rabat étant l'un des principaux partenaires commerciaux de Moscou. En effet, rappelle Ramsey, lors du récent Sommet russo-africain de Saint-Pétersbourg, les deux pays ont réaffirmé leurs relations étroites. Cependant, lors du dernier vote de l'ONU, le Maroc a rejoint la majorité en votant pour adopter une Résolution condamnant l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Entre l'Angola et la Russie, des liens historiques qui remontent depuis l'époque de la guerre froide
Quant à l'Angola, Ramsey a fait savoir que ce pays entretient des liens historiques avec Moscou depuis l'époque de la guerre froide, l'Union Soviétique soutenant la lutte de l'Angola pour obtenir son indépendance du Portugal dans les années 1970. « L'actuel président de l'Angola, João Lourenço, par exemple, a reçu sa formation militaire et son éducation en Russie", a observé Ramsey. "Mais depuis l'effondrement de l'Union Soviétique et la disparition de son soutien monétaire, l'Angola s'est rapproché des Etats-Unis. »
Lors du dernier vote de l'Assemblé Générale des Nations-Unies pour condamner l'action de la Russie en Ukraine et exiger son retrait immédiat, l'Angola était parmi les trente-deux nations qui ont voté pour s'abstenir de la Résolution, qui a été adoptée avec le soutien de 141 nations en faveur et 7 contre, a précisé la chercheuse.
« De manière significative, l'Angola a été l'un des plus grands exportateurs de pétrole en Afrique. Il y a des endroits où il est inexploité, mais pour la plupart, le pétrole est le moteur de l'économie. Actuellement, de nombreux pays investissent dans les infrastructures de l'Angola pour poursuivre son développement pétrolier et gazier, mais davantage d'investissements sont nécessaires pour que l'Angola devienne un producteur suffisamment important pour remplacer la Russie », a-t-elle ajouté.
L'Angola dispose d'importantes ressources agricoles, dont beaucoup sont sous-utilisées, a-t-elle affirmé. Ce sont ces types de manœuvres politiques et diplomatiques, ajoute Ramsey, qui démontrent comment le Maroc et l'Angola utilisent la tactique de la neutralité et du non-alignement à leur propre avantage dans la dynamique de pouvoir modifiée provoquée par la guerre russo-ukrainienne, a conclu la chercheuse.