"Notre politique africaine s'effondre sur nous. Changeons-la du tout au tout", a plaidé l'ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis et auprès des Nations unies à New York, Gérard Araud, dans une chronique, publiée mardi, dans Le Point. Pointant une "vague qui emporte les intérêts français à travers le Sahel'', M. Araud estime que ''les Français, qui n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes, n'avaient pas compris qu'une époque s'achevait à leurs dépens''. ''Loin d'avoir ses origines dans les intérêts mercantiles, le problème de la France en Afrique est politique'', soutient l'ancien diplomate, précisant que Paris "n'a pas su accepter que ses anciennes colonies soient désormais indépendantes et les traiter en conséquence". Et d'ajouter que ''l'étincelle, qui a mis le feu aux poudres, c'est l'intervention militaire au Mali en 2013, qui, au fil du temps, s'est accompagnée, année après année, malgré nos succès tactiques sur le terrain, de l'extension progressive de la zone d'action des djihadistes''. ''L'un après l'autre, les pays de la région se sont trouvés happés par la guérilla, et le Sahel devenait progressivement un champ de bataille avec son cortège de réfugiés et d'atrocités sans perspective de fin rapide des combats'', souligne-t-on. Selon lui, ''le djihadisme, dix ans après l'arrivée des Français, était plus fort que jamais'', estimant qu'''après l'expulsion française du Mali, il aurait fallu impérativement changer de politique, mais Paris ne l'a pas fait et les acteurs locaux ont décidé de prendre les choses en main à leur manière''. M. Araud a préconisé, entre autres, ''une réduction drastique des effectifs sur place, la fermeture des bases qui n'ont d'autre justification que l'intervention dans les affaires africaines", car, fait-il observer, "ce n'est pas à nous de décider la forme de régime qui convient à un pays". "Il y a des moments où il faut trancher dans le vif. C'est le cas aujourd'hui en Afrique. Ou la réalité nous rattrapera une fois de plus", prévient-il, faisant valoir que le principe devrait être simple : "Nous entretenons avec ces pays des relations égalitaires et normales". "Au XXIe siècle, l'influence d'un pays ne repose ni sur ses canonnières ni sur son ancien empire colonial. Il y a longtemps que nous aurions dû le comprendre", conclut-on.