La Serbie a réitéré son soutien à l'intégrité territoriale du Maroc, et son rejet du séparatisme. Un revers à l'Algérie qui intervient au lendemain de la visite de son chef de la diplomatie à Belgrade lors de laquelle il s'était livré à une comparaison surréaliste entre le cas du Kosovo et celui du Sahara marocain. Décryptage. Formalisée lors d'un entretien avec l'ambassadeur du Maroc auprès de la Serbie, Mohamed Amine Belhaj, cette déclaration intervient après un point de presse entre les chefs des diplomaties serbe et algérienne, dans lequel M. Ahmed Attaf a établi un parallèle entre les questions du Kosovo et du Sahara. Dans le même sens, le chef de la diplomatie serbe a réitéré « le soutien de la Serbie aux efforts des Nations Unies pour parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique et durable à la question du Sahara, dans un esprit de réalisme et de compromis, et dans le plein respect des Résolutions pertinentes de l'ONU », indique un communiqué du ministère serbe des Affaires étrangères, publié à l'issue de la rencontre. Ivica Dačić, chef de la diplomatie serbe, a mis l'accent sur les rapports de longue date, traditionnellement amicaux qu'entretiennent la République de Serbie et le Royaume du Maroc. Aux yeux de Belgrade, la célébration, l'année précédente, du 65ème anniversaire de la restauration des relations diplomatique a été « un moment idéal pour les peuples serbe et marocain de se connaître, et de pouvoir connaître nos cultures, nos arts et Histoires » à travers de nombreux événements artistiques et culturels organisés tout au long de l'année. Il a, pourtant, souligné que le chemin demeure long à parcourir dans le « développement de nos liens économiques et commerciaux afin qu'ils soient en phase avec l'excellent niveau de nos relations politiques ». Le communiqué fait savoir que les deux ministres s'étaient entretenus téléphoniquement. Lors de cette conversation téléphonique, le ministre marocain des Affaires étrangères a exprimé l'appui constant et ferme du Royaume chérifien à la préservation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale serbe. A l'occasion de l'audience accordée au chef de la mission diplomatique marocaine, le haut diplomate serbe a formulé l'empressement de son pays à continuer le développement de la coopération globale entre Rabat et Belgrade, y compris des échanges de visites au plus haut niveau, en renouvelant son invitation à son homologue marocain, Nasser Bourita, à visiter ce pays des Balkans. L'entrevue a été aussi une opportunité pour l'ambassadeur de Rabat de remettre une lettre de félicitations de la part de M. Bourita à l'occasion de l'élection de la République de Serbie pour accueillir l'exposition spécialisée EXPO 2027, conclut le communiqué. Le partenariat Rabat-Belgrade a connu ces dernières années une impulsion croissante, notamment à travers les échanges de visites. En mai 2022, en marge de la réunion ministérielle de la Coalition mondiale contre Daech, la Serbie s'était félicitée du « rôle du Maroc en tant que pôle de stabilité et relais de croissance et de développement en Afrique ». Ivica Dačić, qui a également dirigé la diplomatie de son pays entre 2014 et 2020, avait auparavant déclaré lors d'une visite à Rabat, le 15 mars 2018, que «la Serbie et le Maroc partagent la même position de principe quant au respect de l'intégrité territoriale de chaque pays». Provoquant une ire médiatique à Alger, cette déclaration a été ensuite rectifiée, dans un communiqué publié le 20 mars 2018, pointant «des médias étrangers» ayant donné des «interprétations erronées» aux propos de son chef de la diplomatie. La région d'Europe centrale et de l'Est plus généralement constitue, de plus en plus, un intérêt ascendant pour le Maroc. Le Royaume, en effet, siège au sein du Groupe « Višegrad V4+Maroc » aux côtés de la Pologne, la République tchèque, la Hongrie et la Slovaquie, dont la réunion s'est tenue le 07 décembre 2021. Pour mémoire, le ministre algérien des Affaires étrangères, en visite à Belgrade la semaine précédente, avait fait un parallèle entre la crise du Kosovo et la question du Sahara, qui trouvent leurs origines, selon ses propos, dans deux principes des systèmes de sécurité européenne et africaine, à savoir respectivement le principe de l'inviolabilité des frontières et celui de respect des frontières héritées de la colonisation.A l'issue des rencontres du responsable algérien avec son homologue serbe, le cabinet de celui-là avait publié un communiqué affirmant que le ministre serbe des Affaires étrangères a assuré son homologue algérien sur «l'engagement de son pays à ne pas porter atteinte aux positions de l'Algérie ou à ses intérêts fondamentaux, notamment dans sa région», faisant allusion à la question du Sahara.
3 questions à Mohamed Bouden « La clarté dans la question du Sahara peut ouvrir la voie à la consolidation de la coopération sur le plan économique et politique » Que pensez–vous de la déclaration du ministère serbe des Affaires étrangères ? - En effet, les déclarations de la diplomatie serbe ne font que réaffirmer l'action profonde dont fait preuve la diplomatie marocaine et la coordination qu'elle entretient avec plusieurs parties, ce qui justifie la dynamique croissante des positions positives à l'égard de la question du Sahara et de l'initiative du plan d'autonomie. Elles incarnent le fiasco de la thèse erronée de la diplomatie algérienne, ainsi qu'une position conjointe des deux pays (le Maroc et la Serbie) dans le rejet du séparatisme. En outre, elles sont la manifestation de l'agilité du Maroc à répondre également dans l'immédiat aux interprétations erronées que tentent de véhiculer certaines parties. - Que pensez-vous du fondement de la politique marocaine à cet égard ? - J'estime que les efforts du Maroc pour contrecarrer ces sophismes émanent d'abord d'une légitimité qu'il retient de l'Histoire, d'une lecture minutieuse du droit international, et, bien évidemment, d'une position d'un Etat souverain, attaché à ses droits sur son Sahara. Le Maroc n'a eu de cesse à réaffirmer qu'il tient ferme sur les principes de la souveraineté des Etats, le respect de et la non-intervention dans leurs affaires internes, tels qu'ils sont inscrits dans la charte de l'ONU. - Comment qualifiez-vous la dynamique des relations maroco-serbes ? - Les rapports entre les deux pays connaissent une évolution perpétuelle. Je puis vous dire que, partant de la politique étrangère de SM le Roi Mohammed VI, le Maroc estime que chaque position positive à l'égard de la question du Sahara permet de plus vastes horizons de coopération, notamment sur le plan économique, des investissements et de la coordination politique sur l'échiquier international et ainsi ouvrir un nouveau chapitre dans les relations entre le Maroc et la Serbie.