La Mamounia, dit-on, rechigne à dormir sur les lauriers que ses célébrissimes visiteurs lui tressaient depuis 1923, date de sa naissance. Si aujourd'hui, elle continue à déployer ostentatoirement son faste et à éblouir par sa magie, c'est parce qu'elle évolue avec son temps sans sacrifier l'identité et la spécifité qui sont la fabrique de son label et sa notoriété comme l'illustre son nouvel habillage à l'estampillage de l'artisan marocain. Témoignage de la charmante directrice de communication Jalila El Ofir, notre guide pour la circonstance, faute de tomber sur un Directeur Général qui cultive plutôt la discrétion, voire de la réserve puisque nous ne l'avons pas croisé pendant notre passage qui aura duré une soixantaine de minutes. Encore moins lui rendre visite dans son cossu bureau A Marrakech, dans les milieux des professionnels hôteliers dont la plupart attend toujours l'occasion de découvrir la Mamounia, version Jaques Garcia ou comme certains se plaisent à l'appeler la Mamounia post André Pacard, on ne parle que de cette opération de mise à niveau qui aura coûté plus de 120 milliards de c et occasionné une fermeture de 3 ans. Encore que jusqu'à lundi passé, jour de notre visite, seuls les 3e et 4e étages étaient opérationnels et il n'existait qu'un semblant d'ouverture puisque l'accès des visiteurs relève de l'exploit, c'est beaucoup plus coercitif et restrictif d'y frayer son chemin , que les musclées formalités douanières et policières des frontières de rigueur. Il faut dire que l'ouverture officielle a été reportée au 26 novembre prochain. Pour revenir à l'état des lieux après la cure de rajeunissement que ceux-ci ont subi, nous ne saurons contesté le talent d'un architecte décorateur qui a fait ses preuves dans des hôtels aussi luxueux que Royal Monceau, Costes et le Fouquets à Paris, Royal à Deauville, Majestic à Cannes avant d'offrir ses services à Bouygues, Mauboussin, Ornano et le sultan de Brunei entre autres personnalités privées. Toutefois, les goûts ne sont pas toujours partagés et à notre sens il y a parfois des surcharges et un manque évident de sobriété par certains endroits comme il y a bien entendu des points de réussite saillants qui retiennent l'attention et entretiennent l'euphorie. Dans le premier chapitre, on citera la statue du chameau qui trône au centre du salon de la réception dans une blancheur immaculée et qui contraste avec son espace faisant plutôt office de motif d'encombrement. Le tapis moquette de couleur jaune pâle, ainsi apparaît - il, en raison de l'insuffisance de luminosité qui prévaut, est loin de rivaliser avec le tapis rbati qui s'étendait majestueusement tout au long de cet espace et constituait avec les très beaux bouquets de roses qui l'ornaient une véritable toile de maître. On dira tout autant de la moquette jaune mouchetée du bar du coin. Celui-ci a tout de même gardé son esprit. Les espaces dédiés à la réception et à la conciergerie ne sont pas non plus accueillants ni aménagés avec les caractéristiques conviviales de l'époque où ils accueillaient des célébrités comme Winston Churchill, Charlie Chapelain, Kick Douglas, Alfred Hitchcock, Claude Lelouch, Elton John, jaques Brel, Barbara Hendrix, Hilary Clinton, Paul Gautier et tous les chefs d'état étrangers qui visitaient le Maroc. Nous ne comprenons pas non plus l'utilité d'une cheminée juste à l'entrée de l'hôtel qui d'ailleurs passe inaperçue. On signalera de passage que l'hôtel s'est débarrassé définitivement de la boîte de Nuit Régine avec son restaurant italien ainsi que de la porte d'entrée qui donnait directement l'accès au Casino coupant ainsi le cordon ombilical avec son voisin. Côté innovations heureuses, nous étions tombé sous le charme de la transformation du Bal Room et du passage qui l'y mène à partir du pavillon qui servait par le passé de point de rencontre pour les généreuses réceptions offertes gracieusement à la clientèle de l'hôtel tous les vendredis. Une tradition que nous aimerions qu'elle se perpétue sous le règne du nouveau directeur Didier Picot surtout que Jacques Garcia a réussi à redonner à cet espace ses allures d'antan en tapissant les murs de nattes comme pendant la vieille époque et en optant pour des lustres locales, épurant l'endroit de tout ce qui pourrait altérer son originalité. On regrettera toutefois la répudiation de l'art déco qui était de mise au profit d'un mariage consenti entre le modernisme et le traditionnel. L'espace Majorelle avec ses balcons de moucharabi en encorbellement où nichent un restaurant italien et un bar drapés de toiles rouges écarlates inspirent une ambiance d'intimité qui ne manquent pas de romantisme. Le restaurant européen quant à lui, envahit outrageusement la terrasse de l'espace extérieur avec sa légère toiture blanche Là également l'attrait est garanti pour peu que le menu du chef étoilé Jean Pierre Vigato réponde aux attentes des fins gourmets. Côté piscine, c'est la réplique, en miniature de la Ménara avec son bassin carré et son pavillon. L'aménagement des points de service (restaurant ,bar) fait oublier l'aspect rudimentaire des installations d'avant. Le jardin et ses 8 ha ont également retrouvé épanouissement et fraîcheur dans une harmonie beaucoup plus prononcée que par le passé. Au fait, Jacques Garcia a joué sur les perspectives et les symétries pour conférer à l'ensemble cet aspect de grandeur et de magnificence. Mais le clou de cette opération de rénovation, nous disons bien rénovation et non pas réhabilitation, reste le restaurant marocain. Elabli sur 2 niveaux et flanqué par une tente caïdale qui ne dit pas son nom tant celle-ci s'assimile à une véritable salle de spectacles ou de restauration pour des groupes, le restaurant marocain est tout simplement une merveille, un endroit sublime qui subjugue autant par son charme que par la quintessence du génie de l'artisan marocain. Notre visite du Spa a été expéditive compte tenu des clients qui occupaient les lieux pour devoir lui consacrer un descriptif. On dira autant des 3 riads de 700 m_ chacun dotés des piscines privatives. Nous sommes certains qu'il existerait des curieux en mal de renseignements sur les tarifs. Afin de ne pas les laisser sur leur faim, nous leur signalons que la fourchette des prix va de 6000 à 80 000 Dh. En revanche , les fins gourmets doivent débourser 1500 DH pour une entrecôte made in France et 500 DH pour un filet à point ou demi- cuisson, c'est selon. Mais attention, n'oubliez surtout pas de passer par la conciergerie pour vos réservations. Autrement vous serez indésirables dés l'entrée.