Les smartphones, tablettes, télévisions ou jeux vidéo sont devenus un bouc émissaire bien pratique pour expliquer les retards cognitifs, les difficultés sociales et surtout les retards d'apprentissage chez les enfants. Des milliers d'études relatent ainsi les méfaits des écrans sur le cerveau des petits. Mais est-ce vraiment la faute aux écrans, ou faut-il chercher un peu plus loin ? Depuis quelques années, les études alarmistes attestant que les effets nocifs des écrans sur le cerveau des enfants font florès. Les enfants de moins de deux ans ont besoin de jouer, de dormir, d'interagir avec leurs parents. Pour cela, les spécialistes déconseillent l'usage d'écrans avant 18 mois. Ils préconisent également de prévoir des « espaces hors connexion », c'est-à-dire des plages horaires où l'utilisation des écrans est interdite aux enfants. « Il est vivement déconseillé d'utiliser une tablette ou un smartphone pour calmer son enfant quand il est agité », alerte Dr Nada Azouzi, pédopsychiatre. « Pas d'écran dans la chambre des enfants, privilégier l'échange en famille ou encore limiter le temps d'exposition à moins d'une heure par jour pour les 2 à 5 ans », ajoute-t-elle.
Les écrans : une notion de pédagogie pour les parents
Utilisation des écrans, la pédopsychiatre relève que pour beaucoup de parents, ces technologies semblent pédagogiques pour eux et donc bénéfiques pour leur enfant. Autre point soulevé par Dr Azouzi, la facilité à mettre ses enfants devant un écran pendant que le parent fait des tâches ménagères, des courses. « Lors d'une consultation, une mère seule avec ses trois enfants explique que l'écran est le seul moyen qu'elle a trouvé pour occuper son enfant, le temps de s'occuper des tâches quotidiennes de la maison », raconte la spécialiste.
Depuis plusieurs années, il est recommandé de ne pas exposer les enfants aux écrans avant l'âge de trois ans. Mais selon la pédopsychiatre, seulement 10% des parents appliquent cette recommandation. Pour les enfants addicts aux écrans, elle conseille des visionnages plus lents. « Les choses lentes, ça fait moins mal. Les dessins animés qui vont très vite sont faits exprès pour que le cerveau des enfants n'arrête pas de regarder », explique la pédopsychiatre.
Les développeurs d'applications sont ainsi invités à rendre leurs programmes plus interactifs afin de limiter la passivité de leurs utilisateurs. Quant aux parents, Dr Azouzi leur conseillent de ne pas laisser les enfants utiliser une tablette ou un smartphone avant l'âge de trois ans, mais aussi de montrer l'exemple aux plus jeunes en passant eux aussi du temps loin de leurs téléphones.