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Le retour en force des talibans fait craindre un échec aux Occidentaux Afghanistan : 8 soldats américains tués en Afghanistan, l'Otan toujours à la recherche d'une stratégie
L'Otan a essuyé ses pertes militaires les plus lourdes depuis plus d'un an en Afghanistan avec la mort samedi de 8 soldats américains dans des combats dans l'est du pays,. Les soldats américains, déployés dans la province du Nuristan, frontalière du Pakistan, appartenaient à la “Task Force Mountain Warrior”, un régiment d'infanterie légère. De leurs côtés, les talibans ont affirmé dans un communiqué avoir tué 30 soldats des forces internationales et afghanes. L'insurrection, longtemps concentrée dans le sud de l'Afghanistan, a gagné l'ensemble du pays, notamment l'est, frontalier des “zones tribales” et du Pakistan. Il s'agit des plus lourdes pertes pour l'Isaf depuis la mort en août 2008 de 10 soldats français dans la région de Sarobi, près de Kaboul. Vendredi, 5 soldats américains avaient été tués dans différents incidents dans le sud et dans l'est du pays. Le 17 septembre, 6 parachutistes italiens avaient été tués à Kaboul dans un attentat suicide des talibans .Cette année, 394 militaires étrangers, dont 236 Américains, sont morts en Afghanistan. L'année 2009 est déjà la plus meurtrière pour les forces internationales depuis leur arrivée en Afghanistan, où désormais près de deux soldats de l'Otan meurent chaque jour. L'insurrection touche quasiment tout le pays L'insurrection afghane, dont les talibans chassés du pouvoir fin 2001 sont la composante majoritaire, touche désormais quasiment tout le pays, faisant craindre aux Occidentaux un échec alors que le mécontentement populaire apporte de plus en plus d'hommes à la rébellion. Très affaiblis début 2002,- aprés l'intervention américaine et occidentale en octobre 2001,- les talibans ont aujourd'hui “une forte implantation dans quasiment tout l'Afghanistan”, même dans des régions du nord et de l'ouest calmes jusque là, selon l'ICOS (International Council on Security and Development), un institut de recherche londonien. Les talibans sont en position de force”, résume la chercheuse française Mariam Abou Zahab, du Centre français d'études et de recherches politiques (CERI). Issus du sud, les talibans “historiques” -ces Pachtounes “islamo-nationalistes” désapprouvant l'occupation étrangère- sont toujours inféodés à la “taliban rahbari choura”, le grand conseil des chefs basé au Pakistan et dirigé par leur commandant suprême, le mollah Omar, explique le sénateur afghan Arsalan Rahmani, qui tente de négocier avec eux.” La plupart des talibans de base dans le sud ne sont pas payés, ils sont motivés par ce que les talibans représentent: des musulmans et des Afghans qui sacrifient leur vie pour la liberté de l'Afghanistan. Dans le sud, l'insurrection est purement locale, c'est une résistance à la présence de troupes étrangères”, explique Mme Abou Zahab. Ailleurs, l'argent peut être une motivation. Le ressentiment contre les forces étrangères qui tuent des civils, la corruption institutionnelle endémique et les abus de pouvoir des officiels locaux font encore grossir les rangs de l'insurrection. Quant au chef de guerre pachtoune Gulbuddin Hekmatyar et son mouvement, le Hezb-i-Islami, “les Américains semblent souhaiter le réintégrer dans l'espace politique, et une partie des membres du Hezb-i-Islami ont déjà rallié le gouvernement”, selon la chercheuse française. Reste Al-Qaïda, dont la destruction était le but affiché du déclenchement de l'intervention américaine. Quoique très affaiblie, la mouvance a toujours une base dans les zones tribales pakistanaises frontalières avec l'Afghanistan. Même si “la plupart des combattants insurgés sont afghans”, souligne McChrystal, des “combattants étrangers” liés à cette mouvance, Tchétchènes ou Arabes, sont régulièrement signalés à travers le pays, apportant “un financement et un entraînement international”. Mme Abou Zahab relève aussi de plus en plus de militants turcophones, Azerbaïdjanais, Ouzbeks, Turcs notamment dans le nord. L'Otan toujours à la recherche d'une stratégie 8 ans après la chute des talibans, l'Otan peine à définir une stratégie pouvant à la fois contrer une insurrection qui a gagné l'ensemble de l'Afghanistan et ménager des opinions publiques de plus en plus rétives à voir leurs soldats revenir dans des cercueils.Arrivé à la Maison Blanche en disant placer l'Afghanistan au coeur de ses priorités, le Pt Obama avait rapidement exigé de son état-major de nouvelles pistes pour sortir du bourbier afghan.Sa première mesure a été l'envoi de 21.000 soldats supplémentaires, à l'instar de la stratégie éprouvée en Irak, mais pour un pays bien plus difficile où l'ennemi, le terrain et la mission diffèrent. Grossièrement, deux écoles de pensée se sont affrontées à Washington dans les mois qui ont suivi: - les tenants d'un déploiement massif de troupes, d'une réduction des frappes aériennes qui tuent nombre de civils et de la formation de forces afghanes capables de contrôler le pays en cas de retrait international. - les partisans d'un envoi limité de soldats concentrés sur l'élimination d'Al-Qaïda, qui estiment que les talibans ne sont pas une menace pour les USA et que des renforts massifs attiseraient l'impression d'une armée d'occupation, donc le mécontentement de la population. Après le limogeage en mai du général David McKiernan, son remplaçant à la tête des forces internationales en Afghanistan,leGalStanley McChrystal, a réclamé une nouvelle stratégie qui, pour certains, n'est que la poursuite de la précédente avec des moyens accrus. “La nouvelle” stratégie, il va falloir me convaincre qu'elle est réellement nouvelle”, lâchait récemment un ancien haut responsable militaire européen à Kaboul. “Pour l'instant, on ne voit pas grande différence sur le terrain, à part le fait qu'il y a plus de tout. Plus d'hommes, plus de matériel, plus d'argent”.En septembre, McChrystal a remis à ses supérieurs ses recommandations pour les mois à venir: jusqu'à 40.000 militaires supplémentaires qui, selon un responsable militaire américain, seraient essentiellement déployés dans le nord et l'ouest, jusque là négligés.Le contingent américain dépasserait alors 100.000 hommes. L'Otan et le contingent américain disposent actuellement de 100.000 militaires d'une quarantaine de nations.Le pire des scénarios, craint par les observateurs: que rien ne change malgré une nouvelle stratégie et qu'au final l'Afghanistan, si facile à conquérir mais si difficile à garder, ne réserve aux Occidentaux ce qu'il a réservé aux Soviétiques dans les années 1980 et aux Britanniques au XIXe siècle.