Le Maroc est désormais le deuxième pays africain à exceller dans la production de son électricité à partir de l'énergie éolienne et solaire, comme signalé dans le dernier rapport du « Global Electricty Review 2023». Cela dénote les choix judicieux opérés par notre pays de mener une politique énergétique volontariste, en phase avec les changements planétaires, une politique qui sert aujourd'hui d'exemple et de modèle à des pays tiers. « Global Electricty Review 2023 »
Le Maroc est devenu le deuxième producteur d'électricité du continent grâce à l'énergie éolienne et solaire, dynamisant la politique énergétique en Afrique. C'est ce que dresse le think tank britannique Ember Climate dans son récent rapport qui décortique les données de production d'électricité dans plus de 78 pays représentant 93% de la demande mondiale d'électricité en 2022.
Avec 17% de l'électricité produite à partir du solaire et de l'éolien, le Maroc devance le Kenya (16%) et se place derrière la Namibie, le n°1 d'Afrique. Il convient de noter à cet égard que le rapport s'est basé sur les chiffres de 2021 pour le Maroc et la Namibie.
Dans son rapport, Ember affirme que la roue énergétique est parfaitement en marche. Pour preuve, l'éolien et le solaire ont atteint 12% du mix énergétique mondial en 2022, en hausse significative par rapport à 10% en 2021 et 5% en 2015. Dans l'autre volet, compare-t-on, l'énergie nucléaire a battu le record en termes de production d'électricité avec 39 % enregistrés l'année écoulée.
« L'énergie solaire a tout de même augmenté de 24 %, ce qui en fait la source d'électricité à la croissance la plus rapide pour la 18ème année consécutive. La production d'énergie éolienne a augmenté de 17 %. », explique-t-on.
D'après la même source, le continent africain a fait preuve d'une politique volontariste en la matière, comptant plusieurs pays qui sont en première ligne parmi ceux dans le monde qui ont investi le plus dans les énergies renouvelables ces dernières années, en particulier au Moyen-Orient et en Amérique latine. Ces trois régions ont accaparé 39% de la production mondiale entre 2012 et 2022.
L'éolien et le solaire : bilan d'un chantier colossal pour le Maroc
Le rapport "Global Electricity Review 2023" apporte un éclairage intéressant et complémentaire aux résultats du «Renewable Energy Capacity Statistics 2023», publié en mars 2023 par l'Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA).
Ainsi, le Maroc a été classé dans le top 5 des pays africains, avec près de 3.727 mégawatts d'énergie renouvelable, se plaçant devant l'Algérie (599 MW), la Tunisie (508 MW), la Mauritanie (123 MW) ou encore la Libye (6 MW). Toutefois, le Maroc est en retard par rapport à l'Angola (4.078 MW), l'Egypte (6.322 MW), l'Ethiopie (5.589 MW) et l'Afrique du Sud (10.445 MW).
Toutes les statistiques ont confirmé l'amélioration constatée dans la capacité d'énergie renouvelable du Royaume. En effet, celle-ci a doublé au cours des dix dernières années, passant de 1.837 MW en 2013 à 3.727 MW en 2022, soit 33,6 % de la puissance électrique totale du pays.
S'agissant de la capacité éolienne (1.471 MW), le Royaume s'est placé au troisième rang en Afrique, derrière l'Afrique du Sud (3.103 MW) et l'Egypte (1.643).
De même pour sa capacité solaire, estimée à 858 MW, qui lui confère le même classement, derrière l'Egypte (1.724 MW) et l'Afrique du Sud (6.326 MW).
Etat des lieux
Le Maroc dispose de plusieurs centres d'énergie solaire, notamment le fameux projet de NOOR à Ouarzazate, à Tafilalet, Midelt, Lâyoune, Boujdour, l'Atlas, mais également plusieurs centrales solaires photovoltaïques en autoproduction. Selon les derniers indicateurs clés du ministère de la Transition énergétique et du Développement durable, la puissance installée de l'énergie solaire est de 750 MW avec une part de 7.03% dans la puissance totale installée et deux autorisations délivrées, révèlent les mêmes statistiques.
S'agissant de l'énergie éolienne, notre pays dispose de plusieurs projets de parcs éoliens à Tanger, Tarfaya, Oualidia, Boujdour, Midelt, Taza et bien d'autres. La puissance installée de l'énergie éolienne est de 1430 MW, avec une part de 13.40% dans la puissance totale installée, et 15 autorisations délivrées conformément à la loi 13-09 relative aux énergies renouvelables.
Qu'en est-il des perspectives ?
Le Royaume regorge d'énormes opportunités dans ce secteur très prometteur qui font de lui un partenaire prioritaire pour plusieurs pays du monde, notamment l'Italie, l'Autriche, le Bahrein, la Côte d'Ivoire, l'Allemagne, l'UE, l'Arabie Saoudite, le Royaume-Uni, et la liste est loin d'être exhaustive.
Les progrès du Maroc continuent d'impressionner le monde, et son leadership est salué par plusieurs pays. Le Royaume est « porteur d'espoir dans le domaine des énergies renouvelables », avait déclaré le Chancelier fédéral d'Autriche Karl Nehammer, lors de sa dernière visite au Maroc. Les projets inaugurés par le Maroc en matière d'énergie verte ont été qualifiés par le responsable autrichien de « socle pour la transition européenne vers une énergie à faible émission de gaz à effet de serre ». Dans ce sillage, le responsable faisait référence au projet de réalisation d'une nouvelle installation de panneaux d'énergie solaire et éolienne, reliée au Royaume-Uni par des câbles sous-marins, qui devrait couvrir 8 % des besoins en électricité du Royaume-Uni, à savoir sept millions de foyers britanniques.
Le Maroc s'illustre par son engagement « remarquable » en faveur des énergies renouvelables, selon le président de la Banque Africaine de Développement (BAD), Akinwumi Adesina.
Le Maroc s'est ainsi positionné comme un partenaire fiable en termes d'hydrogène vert, pour maintes raisons : la diversité de ses partenariats et de ses collaborations, notamment avec l'Allemagne, les Pays-Bas et l'UE, sa feuille de route pour l'hydrogène vert, créée en 2021, et la création d'un Cluster national de l'Hydrogène Vert (Green H2).
Pour rappel, la feuille de route dévoilée par notre pays pour le développement de l'hydrogène vert repose sur trois domaines stratégiques : les technologies, les investissements et l'offre, et les marchés et la demande. En particulier, le Maroc pourrait capter jusqu'à 4 % de cette demande mondiale en 2030. Il vise à exporter de l'hydrogène vert, principalement vers l'Europe, sous la forme d'ammoniac.
Le cadre réglementaire des énergies renouvelables au Maroc Depuis le lancement de la stratégie nationale énergétique en 2009, le Maroc a mis en place un cadre réglementaire, basé essentiellement sur deux lois-cadres : la loi 13-09 relative aux énergies renouvelables (modifiée et complétée par la loi 58-15) ainsi que la loi 47-09 relative à l'efficacité énergétique. S'y ajoutent aussi les textes de création d'institutions dédiées, notamment l'Agence Marocaine pour l'Efficacité Energétique, l'Agence Marocaine des Energies Renouvelables, l'Office National de L'électricité et de l'Eau Potable et l'Autorité Nationale de Régulation de l'Electricité. Ces lois ont traité de tous les volets relatifs à l'accompagnement du développement du secteur des énergies renouvelables.
ENERGIES RENOUVELABLES, SECURITE ALIMENTAIRE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE... Joint par nos soins lors de la récente édition des « Atlantic Dialogues », Saïd Mouline, Directeur de l'Agence Marocaine pour l'Efficacité Energétique (AMEE), nous a affirmé que le modèle marocain doit sa particularité et son attractivité à ses deux grands axes : « Un grand axe lié aux énergies renouvelables de puissance, à savoir les grandes centrales solaires et les grands parcs éoliens, et un autre axe lié principalement à l'efficacité énergétique ».
Il va sans dire que les énergies renouvelables revêtent une importance particulière, du fait de leur impact sur la sécurité alimentaire et sur la lutte contre les changements climatiques. En termes de sécurité alimentaire, « l'agriculteur a aujourd'hui besoin d'eau », d'où le recours au pompage solaire qui, selon le directeur de l'AMEE, peut pallier cette problématique, notamment à travers « les petites renouvelables utilisées auprès des agriculteurs, les toits solaires dans les bâtiments et les foyers, ce qui est très demandé dans le continent ».
En termes de sécurité alimentaire, l'agriculteur, précise-t-il, « a besoin de froid pour stocker ses aliments. Aujourd'hui, 30% des aliments en Afrique sont malheureusement perdus, pour absence de chaînes de froid ». Or, « quand il y a de l'énergie, il y a du froid », explique-t-il, notant que c'est dans ce sens que s'oriente notre pays, conformément à la vision royale. « Une vision qui peut être partagée avec tout le continent », a-t-il fait valoir.
Mouline s'est montré donc optimiste quant à l'avenir de notre pays dans ce secteur, car, selon lui, « grâce à ses petits et grands projets, le Royaume a beaucoup de choses à partager en termes d'énergies renouvelables et c'est ce que nous faisons d'ailleurs sur le continent ». Le Maroc, comme bon nombre de pays africains, peut réussir le pari de la transition énergétique, en misant davantage sur le volet financier.
L'objectif étant de booster l'investissement dans ce secteur, pour pouvoir s'équiper en infrastructures nécessaires, permettant ainsi de réduire significativement la facture énergétique, a-t-il conclu.