L'Administration américaine a donné son feu vert à la vente des lance-roquettes HIMARS au Maroc, le premier pays africain à se doter de l'ogre de l'Artillerie américaine. Le 11 avril, une nouvelle réjouissante est parvenue des Etats-Unis. Le Maroc est en passe de se doter des fameux lance-roquettes HIMARS (High Mobility Artillery Rocket Systems), après l'approbation de la vente du fleuron de l'artillerie américaine. C'est ce qu'a annoncé le ministère de la Défense via l'Agence de coopération en sécurité dans un communiqué, faisant savoir que le Département d'Etat a donné son aval à un éventuel contrat de vente des HIMARS au gouvernement marocain. « L'Agence de coopération en matière de sécurité et de défense a délivré aujourd'hui la certification requise informant le Congrès de cette éventuelle vente », explique la même source. Si l'Administration de Joe Biden a consenti à approuver un contrat d'armement aussi important, c'est parce qu'elle considère le Maroc comme un allié majeur en Afrique du Nord. Cet accord témoigne de l'intérêt que portent les Etats-Unis au Royaume, qui sera le premier pays en Afrique à posséder les HIMARS. « Cette vente proposée soutiendra la politique étrangère et la sécurité nationale des Etats-Unis en aidant à améliorer la sécurité d'un Allié majeur non membre de l'OTAN qui continue d'être une force importante pour la stabilité politique et le progrès économique en Afrique du Nord », explique le communiqué. 18 exemplaires Selon l'estimation du coût total de la transaction, les M142 HIMARS devraient coûter 524,2 millions de dollars. Le Maroc en a commandé dix-huit exemplaires. En plus des lance-roquettes, le contrat prévoit également la vente de 40 systèmes de missiles tactiques de l'armée M57 (ATACMS), 36 M31A2 Guided Multiple Launch Rocket Systems (GMLRS) Unitary, 36 ogives alternatives M30A2 Systèmes de missiles à lancement multiple guidé (GMLRS), 9 véhicules à roues polyvalents à haute mobilité M1152A1 (HMMWV), et 18 systèmes internationaux de données tactiques d'artillerie de campagne (IFATDS). Pour rappel, les HIMARS sont équipés de six missiles Sol/Sol guidés ayant une portée de 80 km en plus d'un missile balistique tactique (ATACMS) qui peut atteindre des cibles à 300 kilomètres. Le Maroc détient ainsi pour la première fois un missile balistique. Un système redoutable à l'efficacité avérée Cela fait des années que le Maroc lorgne les HIMARS, qui sont actuellement l'un des systèmes d'artillerie les plus sophistiqués et les plus efficaces au monde. Tout le monde s'en est aperçu dans la guerre en Ukraine où il a fait ses preuves. Ils ont fait des ravages dans les rangs de l'Armée russe, au point qu'on parle d'un « game changer » qui a fléchi les rapports de force en matière d'artillerie dans le conflit russo-ukrainien. L'Armée de Kiev s'en est servie de façon fulgurante lors de sa contre-offensive réussie de septembre 2022 qui a permis de chasser les forces russes de milliers de kilomètres à l'Est et au Sud. Les HIMARS se distinguent par leur hyper-précision et permettent de faire des frappes millimétriques avec une portée qui peut aller jusqu'à 80 kilomètres. Ainsi, ils peuvent détruire toutes les cibles qui se trouvent dans ce rayon. Grâce aux missiles téléguidés, leur précision est phénoménale. Tout le monde se souvient de la frappe meurtrière de Makiivka que les Ukrainiens ont infligée aux Russes à l'aide des HIMARS. Une frappe qui a anéanti sur le champ des quartiers militaires russes installés au Donbass. Du point de vue américain, le fait que le Maroc soit doté des HIMARS permettra une meilleure interopérabilité entre les Forces Armées Royales et les Armées américaines qui s'entraînent souvent ensemble. Plus de cent exercices conjoints sont tenus chaque année. Aussi, l'acquisition de ce type de matériel augmentera la puissance de feu et de frappe de l'Armée Royale de sorte à ce qu'elle soit à même de faire face aux menaces dans une région mouvementée par le terrorisme et les mouvements armés. En effet, les Forces Armées Royales sont assez aptes à intégrer facilement ces lance-roquettes et à en faire usage sans difficultés. Selon le communiqué de l'Agence américaine, « le Maroc n'aura aucune difficulté à absorber ces nouveaux équipements dans ses forces armées ». D'ailleurs, les FAR se sont familiarisées depuis longtemps avec les HIMARS qui, rappelons-le, furent déployés lors de l'exercice African Lion 2022, lors d'un exercice tactique interarmées. Un timing loin d'être fortuit ! Le timing de cette décision n'est pas fortuit. L'annonce de la vente des HIMARS intervient quelques semaines seulement après la visite du Chef d'Etat-major des Armées américaines, Mark Milley, au Maroc, le 6 mars dernier. Le plus haut gradé de « l'US Army » avait rencontré l'Inspecteur général des Forces Armées Royales, Belkhir El Farouk, et le ministre délégué auprès du Chef du Gouvernement, chargé de l'Administration de la Défense nationale, Abdellatif Loudiyi. Bien que la communication officielle de cette visite soit limitée aux louanges et aux belles phrases sur l'alliance maroco-américaine, l'armement et la coopération militaire furent au cœur des discussions. La visite de Mark Milley a été précédée par un ballet diplomatique de sénateurs américains qui se sont succédés au Maroc dans le cadre de visites de travail. Des visites auxquelles ont participé des poids lourds du Capitole tels que les républicains Lindsey Graham et Dan Sullivan et le démocrate Bob Menendez. Ce ballet diplomatique et militaire a montré à quel point les Etats-Unis apprécient le leadership régional du Maroc qui demeure, aux yeux de Washington, un point lumineux dans un échiquier international obscur où la disruption bat son plein et le système des alliances change de nature. Anass MACHLOUKH