Face aux vulnérabilités des chaînes de valeur mondiales, l'Industrie nationale est amenée à se réinventer. Lors de la 1ère édition de la Journée nationale de l'Industrie, ministres, professionnels, experts et investisseurs ont livré leurs visions pour booster le secteur. Mercredi après-midi, ministères, fédérations professionnelles, opérateurs privés et hommes d'affaires ont répondu présent à la 1ère édition de la Journée nationale de l'Industrie, organisée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, à l'initiative du ministère de l'Industrie et du Commerce et de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM). L'enjeu est de taille : rendre la production locale plus concurrentielle pour que l'Industrie nationale acquiert sa dépendance vis à vis du marché international, de sorte à consolider l'ancrage du Maroc dans les secteurs prometteurs. Tel est le cap fixé par SM le Roi Mohammed VI, qui a adressé un message à cette occasion, dans lequel il souligne la nécessité de «se préparer pleinement à inaugurer une nouvelle ère industrielle portée vers et par la notion de souveraineté». L'idée est de capitaliser sur les stratégies qui se sont succédées au fil des années (Plan Emergence 2005-2009, Pacte National pour l'Emergence Industrielle 2009-2014, Plan d'Accélération Industrielle 2014-2020 et Plan de relance Industrielle 2021-2023), de sorte à booster rapidement la performance industrielle du Royaume. Car oui, durant la dernière décennie, les plateformes industrielles de classe mondiale sont nées, des acteurs de premier plan ont fait du pays une destination de choix et de nouvelles entreprises et des chaînes de valeur se sont fortement enrichies et consolidées, érigeant des pôles régionaux attractifs et compétitifs. Ces atouts, appuyés par la stabilité politique et macro-économique du Royaume, ouvrent de larges opportunités économiques pour un pays qui ambitionne de se hisser au rang des grandes puissances industrielles.
L'investissement dans les ressources humaines s'impose Néanmoins, pour accompagner ces ambitions, il est fondamental d'investir dans la formation des ressources humaines. «On ne peut pas parler d'une amélioration des process, de la productivité, de l'amélioration des coûts et de la qualité sans investir dans la formation des ressources humaines et la formation de base», a indiqué Mohammed Benchaâboun, Directeur Général du Fonds Mohammed VI pour l'Investissement, lors d'un panel tenu dans le cadre de l'événement. Ce processus de formation devrait porter sur l'outil et l'amélioration des process à moyen et à long termes, a-t-il ajouté, notant que la formalisation des process se veut primordiale pour atteindre la qualité requise et conquérir les marchés mondiaux. Pour sa part, le ministre de l'Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l'Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, a indiqué que «nous avons un écosystème de formation professionnelle très développé au Maroc, mais nous avons également une pression importante sur la ressource humaine qui s'explique par le besoin d'un pays industrialisé». L'équation en matière d'offre et de demande est de plus en plus difficile, souligne Sekkouri, notant qu'elle n'est plus circonscrite au niveau national et domestique mais qui subit aussi une pression migratoire de la main d'œuvre. Afin de remédier à la situation, le ministre a exprimé l'engagement de son département à mieux orienter l'effort de la formation professionnelle, via des partenariats avec le secteur privé. Il a, par ailleurs, annoncé la création d'un Observatoire de l'emploi et des compétences, basé sur l'Intelligence Artificielle, qui englobe toutes les nomenclatures des emplois et des compétences des différentes parties prenantes comme l'OFPPT et l'ANAPEC dans le but de créer une base interactive en matière d'évolution des métiers. De son côté, la ministre de la Solidarité, de l'Insertion sociale et de la Famille, Awatif Hayar, qui a également pris part à cette Journée, a mis en avant les différents segments de l'industrie nationale nécessitant des compétences féminines, citant dans ce sens les domaines de l'ingénierie et des technologies dont le potentiel féminin marocain est classé au niveau mondial. Elle a également mis l'accent sur un deuxième segment relatif au secteur de l'innovation frugale, appelant, dans ce sens, à s'intéresser aux différentes régions du Royaume, eu égard au potentiel important de chacune d'elles. Le but, a-t-elle dit, est de mettre à niveau les différentes régions du Maroc de telle sorte à ne pas se focaliser uniquement sur les grandes villes qui séduisent davantage, mais plutôt de créer un certain équilibre entre les régions.
Trois enjeux majeurs Le ministre du Transport et de la Logistique, Mohamed Abdeljalil, a de son côté mis l'accent sur trois enjeux majeurs à relever actuellement, à savoir l'efficacité énergétique et la décarbonation, la digitalisation de l'économie ainsi que la résilience des chaînes logistiques face aux crises et aux chocs. Dans ce sillage, plusieurs actions seront menées, selon le ministre, dont la poursuite du développement des infrastructures portuaires, aéroportuaires, ferroviaires et logistiques, sans oublier l'accompagnement des opérateurs privés, notamment en matière de formation. Ceci s'accompagne également par le soutien au développement de leurs systèmes d'information ainsi que le renforcement de la gouvernance publique-privée. Dans son intervention, le ministre délégué auprès du Chef du Gouvernement chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l'Evaluation des politiques publiques, Mohcine Jazouli, a démontré le rôle que jouera la Charte de l'Investissement pour rendre tous les objectifs précités facilement atteignables. Il a aussi insisté sur les trois volets importants de la Charte, à savoir celui de la gouvernance, qui va permettre aux territoires de jouer un rôle important et de se rapprocher du tissu industriel local, celui lié au climat des affaires et celui relatif aux primes et incitations à l'investissement. Ceci dit, les opérateurs et investisseurs présents lors de cette Journée ont exprimé l'engagement du secteur privé et sa mobilisation pour faire monter en gamme l'industrie nationale. Souhail AMRABI Des conventions pour marquer le coup Une convention de partenariat pour le développement et la promotion de la propriété industrielle et commerciale et la valorisation des actifs immatériels des entreprises marocaines a été signée, mercredi à Casablanca, dans le cadre de la Journée nationale de l'Industrie.
Paraphée par le ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, le directeur général de l'Office Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale (OMPIC), Abdelaziz Babqiqi, et le président de la Confédération Générale des Entreprises (CGEM), Chakib Alj, cette convention tripartie vise à établir un cadre général de collaboration qui vise à promouvoir l'utilisation efficace des outils de la propriété industrielle et commerciale, notamment à travers des actions de sensibilisation et de formation.
Dans la même foulée, une deuxième convention entre la CGEM et le ministère de l'Industrie et du Commerce a été signée avec pour objet de définir les modalités du partenariat entre les deux parties pour reconduire l'organisation de cette Journée chaque année.
CetteJjournée a aussi été l'occasion de lancer la banque de projets ainsi que la plateforme de valorisation des brevets d'invention.