La pandémie du Covid-19 aidant, les Marocains sont devenus plus que jamais accrocs d'Internet, à en juger par le dernier rapport de la Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF). Le nombre d'abonnés au service Internet s'élève désormais à 35,6 millions à fin 2022. Il y a presque quatre ans, le Covid-19 faisait son apparition en Chine, avant de déferler sur le monde. Le virus a bouleversé des pans entiers de la société et eu des impacts très marquants sur notre vie quotidienne. Cela a eu pour corollaire des changements d'habitude ou de modes de vie qui sont encore en partie visibles aujourd'hui. La pandémie a indubitablement introduit des changements d'habitude durables dans certains domaines de la vie économique et sociale, dont quelques-uns ont plus particulièrement subi les effets d'une utilisation plus assidue des téléphones portables et autres supports mobiles. Au cours de l'exercice écoulé, le Maroc a connu une augmentation significative du nombre d'abonnés à Internet, et certains experts ont attribué cette croissance à l'épidémie du Coronavirus et à l'adoption, pendant la période de quarantaine, du modèle d'enseignement et de travail à distance. Selon la note de conjoncture de la Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF) relevant du ministère de l'Economie et des Finances, il est signalé qu'à la fin des neuf premiers mois de 2022, les indicateurs du secteur des télécommunications affichaient nettement une croissance positive. Dans son rapport, la DEPF a indiqué que le nombre d'abonnés au service Internet à fin 2022 a atteint environ 35,6 millions, soit une augmentation de 8,3% en glissement annuel. « Comparé à son niveau pré-crise, le parc Internet qui ne comptait que 25,4 millions d'abonnés à fin 2019, s'est accru, à la fin de 2022, de 40,1%, soit plus 10,2 millions d'abonnés ». Les données officielles montrent qu'à la fin de 2022, le nombre d'abonnés à la téléphonie mobile était passé à 53 millions contre 51,3 millions en 2021, soit une légère hausse de 3,2 %. « Ainsi, le parc global de la téléphonie s'est accru de 3,3%, après une hausse de 4% un an auparavant ». S'agissant du parc de la téléphonie fixe, il s'est aussi renforcé, selon la même source, de 5,3% (après +6,5%), soit plus de 2,6 millions d'abonnés.
Le Covid a changé nos habitudes
L'Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications (ANRT) avait publié, en 2021, son étude annuelle sur le sujet, révélant ainsi que l'instauration d'un système de travail et d'enseignement à distance et le recours aux applications mobiles pour effectuer les achats en raison des effets de la pandémie sanitaire, avait considérablement affecté les habitudes d'usage de la technologie numérique par les Marocains. En outre, l'étude a révélé que 75 % des Marocains utilisaient leur téléphone plus fréquemment lorsqu'ils étaient en quarantaine en 2020. Pour huit personnes sur dix, l'utilisation d'Internet a augmenté au cours de la même période. La société de télécommunications Ericsson indique d'ailleurs, dans son dans son dernier rapport, que la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord devrait connaître le troisième taux de croissance du trac data mobile le plus élevé d'ici 2027. La moyenne du trac data par smartphone devrait passer de 9,1 gigabits à 41 gigabits par mois.
Les opérateurs mettent les bouchées doubles
Dans la perspective de renforcer leur offre et suivre les tendances de consommation, les opérateurs téléphoniques ont déployé une série de mesures et de projets pour pouvoir satisfaire davantage leurs clients. On cite, à titre d'exemple, le mégaprojet Medusa visant l'amélioration de la connexion à fibre optique en Méditerranée. Il s'agit d'une nouvelle infrastructure de télécommunication sous-marine reliant les deux rives de la Méditerranée. Avec une longueur de 7.100 km, il s'agira du plus long câble sous-marin à fibres optiques de la Mar Nostrum. Le coût total du projet est estimé à 342 millions d'euros. Dans la même optique, les opérateurs téléphoniques marocains comptent mettre en place de vastes programmes d'investissements, étant donné que le leitmotiv désormais est le « chacun pour soi » en matière de développement des infrastructures. Orange a ainsi annoncé, l'an dernier, une enveloppe de 5,7 milliards de dirhams sur 3 ans pour le renforcement du réseau fixe et fibre, ainsi que celui mobile. Maroc Telecom avançait le chiffre de 16 milliards de dirhams, tandis qu'Inwi s'engageait sur plus de 7 milliards de dirhams d'investissements. Les deux se fixent pour horizon 2025, sans aucune mutualisation.
Où en est la 5G ?
Le Royaume s'est défini comme objectif de permettre le lancement de la 5G avant la fin de la Note d'orientations générales pour le développement du secteur des télécommunications, soit à l'horizon 2023. Mais nombre d'analystes et d'observateurs doutent quant à cette éventualité. Il y a tout lieu de croire que le calendrier ne s'y prête pas et que la date sera reportée. Selon les chiffres divulgués, le plan de la Note d'orientations générales ne pourra pas atteindre les objectifs fixés. Les perspectives envisagées tablaient sur un taux de déploiement de 20% en 2023, soit 2 millions de prises FTTH (Fiber to the home : fibre jusqu'à domicile). Or, à aujourd'hui, seuls 450.000 raccordements ont été effectués. Le défi est d'autant plus insurmontable que le but pour 2025 est de monter à 50% du marché, totalisant 5 millions de prises. Au moment où le Maroc a toujours des difficultés pour installer cette technologie, la Chine envisage de porter le nombre de ses stations 5G à 2,9 millions vers fin 2023. Le pays entend construire environ 600.000 nouvelles stations cette année et élargir la couverture des services 5G dans les zones rurales et les parcs industriels. Elle compte actuellement 2,34 millions de stations de base de la 5G et le nombre des utilisateurs des téléphones mobiles a dépassé 575 millions dans le pays. Malgré le scepticisme et l'incertitude, il est certain que cette technologie favorisera la croissance et la digitalisation du Royaume. La santé, l'exploitation minière, l'industrie automobile et les énergies renouvelables ne sont que quelques-uns des secteurs où les fonctionnalités 5G seront les plus utiles.