Amina Majali est une apicultrice travaillant à son propre compte. De sa coopérative située au Douar Boujemaâ, sise à une dizaine de kilomètres de Mohammedia et environ une cinquantaine de kilomètres de Casablanca, elle nous parle de son combat et de sa réussite. «Les abeilles n'ont aucun secret pour moi. Mon père, apiculteur également, m'a appris le b-a.ba de ce domaine : depuis la gestion de l'apiphobie, à la récolte du miel en passant par la capacité à élaguer les acariens, les parasites et les autres éléments perturbateurs des colonies d'abeilles », lance d'emblée l'apicultrice qui a également bénéficié de plusieurs formations de la Délégation régionale de l'Agriculture et du Développement rural. «Je suis aux anges car ces pluies ne sont pas sans bénéfices pour les colonies d'abeilles du Royaume », continue celle qui se dit globalement satisfaite de l'indépendance nancière que lui procure son statut d'auto-entrepreneure même si elle avoue que, ces dernières années, elle a vu des vertes et des pas mûres à cause de deux pandémies mondiales : l'une humaine et l'autre touchant les abeilles. «Quand bien même j'ai recours aux services de deux sociétés de distribution marocaines pour la commercialisation de mes produits, je vis essentiellement des expositions, Salons et foires régionales », tient-elle à préciser. «Pendant l'année apicole 2020-2021 fortement marquée par le COVID-19, je dépendais essentiellement de la vente via les réseaux sociaux. De plus, ces quatre dernières années, à cause du virus du Varroa et de la sécheresse, le miel devient de plus en plus rare et plus cher», ajoute-t-elle. La situation environnementale et agricole liée au secteur apicole a, en effet, pris une mauvaise tournure ces dernières années. D'ailleurs, l'Office national de sécurité sanitaire des aliments (ONSSA) lui même a tiré la sonnette d'alarme, dans un communiqué de presse, sur le «syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles», déjà constaté sous d'autres cieux pour des raisons climatologiques. «Ce virus, appelé Varroa, est tombé à bras raccourcis sur les apiculteurs marocains. Une fois dans la ruche, la butineuse ou l'ouvrière est comme paralysée et ne peut plus sécréter le miel et le nectar », explique l'auto-entrepreneure, avant de reprendre : «La reine, qui vit plus longtemps que toutes les autres femelles, devient de plus en plus stérile. Avides de nourriture, les abeilles fuient les ruches et infectent les autres colonies qu'elles croisent, d'où la résurgence du virus dans d'autres champs apicoles du pays. L'apiculture est donc une activité qui relève du parcours du combattant ces temps-ci », conclut celle en affirmant cependant n'avoir jamais réclamé de subvention de l'Etat pour pouvoir développer son activité.