L'Autorité palestinienne s'est montrée intransigeante sur le gel de la colonisation juive avant toute négociation avec Israël, après un sommet à New York marquant une intervention accrue du président américain Barack Obama dans les efforts de paix au Proche-Orient. “Nous avons insisté (lors du sommet) sur la nécessité du respect par Israël de ses engagements, notamment l'arrêt de la colonisation sous toutes ses formes, y compris la croissance naturelle”, a déclaré le Pt palestinien Mahmoud Abbas peu après la rencontre avec Obama et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.“La reprise des négociations dépend aussi de la définition de bases claires pour ce processus. Ces bases doivent être une reconnaissance israélienne que le retrait doit se faire selon les frontières du 4 juin 1967”, avant la conquête des territoires palestiniens par Israël, a ajouté Abbas.“Notre position avant ce sommet et après reste la même”, a-t-il dit. Lors du sommet, Obama a mis la pression sur les deux dirigeants pour les amener à se serrer la main et les presser de reprendre au plus vite les négociations suspendues fin 2008. Il leur a aussi demandé d'envoyer leurs négociateurs la semaine prochaine à Washington pour poursuivre les discussions de mardi avec l'émissaire américain George Mitchell, rentré bredouille vendredi de sa dernière mission dans la région. Le négociateur palestinien en chef Saëb Erakat a précisé que les négociateurs des deux bords auraient à cette occasion des rencontres “séparées” avec Mitchell. “L'arrêt de la colonisation, y compris la “croissance naturelle”, ne saurait faire l'objet d'un compromis”,a insisté Erakat.“Si les USAn'arrivent pas à contraindre Israël de geler la colonisation, qui peut croire qu'ils seront capables d'amener Israël à se retirer des territoires occupés ou à résoudre des questions comme le sort d'Al Qods ou des réfugiés”, a-t-il ajouté.Mitchell, qui a assisté au sommet, a lui aussi reconnu que des divergences persistaient entre Israéliens et Palestiniens, tout en affirmant que des progrès avaient été accomplis. Netanyahu, qui dirige un des gouvernements le plus à droite dans l'histoire d'Israël, avait accepté en juin le principe de la création d'un “Etat palestinien” au côté d'Israël tout en posant des conditions lui ôtant tous les attributs de souveraineté. Le Hamas dénonce le sommet tripartite de New York Le mouvement palestinien Hamas a condamné mardi soir le sommet tripartite de New York sous l'égide des USA, affirmant que le Pt de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas n'avait aucun mandat pour y représenter les Palestiniens. “Nous condamnons la participation de Mahmoud Abbas à cette réunion. Il ne peut prétendre représenter les Palestiniens, mais seulement son mouvement, le Fatah” a déclaré , un porte parole du Hamas, Sami Abou Zouhri.“Cette participation prouve qu'il(Abbas) n'a pas respecté sa promesse de ne pas négocier avec Israël avant un arrêt de la colonisation”, a t-il poursuivi. Il a accusé le Pt américain “ de tenter de faire accepter aux Palestiniens l'occupation” israélienne et a appelé “ toutes les parties arabes à rejeter les pressions américaines.” Le chef du gouvernement du Hamas à Gaza Ismaïl Haniyeh avait déjà mis en garde Abbas contre toute concession aux Israéliens lors du sommet tripartite de New York . les perspectives d'Obama déjà diminuées Mais le résultat limité du sommet entre Obama, lMahmoud Abbas et Netanyahou, mardi à l'ONU, suscite des doutes sur la possibilité du Pt américain de mener à bien son initiative de paix pour le Proche-Orient, estiment des analystes.Pour Obama la question de la poursuite ou non de son initiative pour le PO est déjà posée, ajoutent-ils. Le président doit notamment tenir compte, disent-ils, des déceptions possibles dans le monde arabe et musulman, où l'on continue à penser qu'il est décidé à obtenir un accord rapide, juste et durable au conflit vieux de 60 ans avec Israël.Pour la Maison Blanche, la paix entre Israël et les Palestiniens est un moyen précieux de restaurer l'image des USA et d'éloigner le spectre du “terrorisme islamiste”...La rencontre de New York et les épisodes qui l'ont immédiatement précédée sont plutôt décourageants, disent ces experts. “L'administration Obama n'a guère d'atouts pour lancer et mener des négociations efficaces”, estime Aaron David Miller, du centre d'études Woodrow Wilson.“Le moment s'approche où il faudra décider entre s'impliquer plus avant pour réduire les désaccords sur les sujets principaux ou se borner à gérer la situation”, poursuit ce spécialiste du PO, qui a conseillé de précédentes administrations sur le sujet.Les thèmes essentiels de désaccord sont les frontières d'un futur Etat palestinien, le statut d'Al Qods et le sort des réfugiés palestiniens.La secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, avait déclaré en mai que l'administration viserait un gel complet de la colonisation en Cisjordanie et à Al Qods-Est, qui font partie de la zone dont les Palestiniens veulent faire leur Etat.Les USA, disait-elle, ne feront pas d'exception pour la “croissance naturelle”, expression du gouvernement israélien désignant le développement des colonies pour y loger les familles lorsqu'elles s'agrandissent.Daniel Kurtzer, un ancien ambassadeur américain en Israël et en Egypte, rappelle l'échec de la récente mission de l'émissaire américain pour le P-O, George Mitchell, qui entendait obtenir des progrès sur les questions-clé, en particulier la colonisation.Cela a contraint le président à s'impliquer directement dans ce que l'ancien diplomate,spécialiste du PO à l'université de Princeton, décrit comme “un coup de dés risqué”.Après avoir échoué à mettre d'accord les dirigeants israélien et palestinien sur un communiqué commun, le président a finalement publié sa propre déclaration, a noté Kurtzer, qui a cru y déceler une trace d'agacement de la part de l'hôte de la Maison Blanche.