D'après les données de la plateforme « Statista », 36% des Marocains parlent français au quotidien. La langue de Molière continue donc de s'imposer malgré l'hégémonie de l'anglais surtout dans le domaine de l'emploi. Cependant, rien n'est encore gagné et le combat sera âpre notamment en ce qui concerne sa prévalence dans le domaine des Affaires. Le Royaume arrive, selon le portail de données Statista, au 4ème rang parmi les pays les plus francophones en termes de nombre de locuteurs après la France, la République démocratique du Congo et l'Algérie.Toutefois, ce taux reste variable d'une région à une autre, selon les observateurs, avec une plus grande concentration dans l'axe Rabat-Kénitra-Agadir et une présence moins significative dans le nord du pays où l'espagnol, pour des raisons historiques, accapare une place importante que ce soit au sein des familles ou dans les écoles.
Domaine des Affaires : français vs dialecte et anglais
Avec ses référentiels, le nombre important de ses locuteurs au Maroc ou encore son utilisation dans nombre de procédures administratives, la langue de Molière reste essentielle dans le domaine des affaires surtout le secteur formel. C'est en tout cas le constat relevé par Abdellah El Fergui, président de la Confédération des TMPE qui souligne, à cet égard, qu'à la différence des grandes entreprises où tout le processus est francophonisé, les TPME optent majoritairement pour le dialecte arabe parce que tout simplement toute la nouvelle génération d'entrepreneurs ne maîtrise pas le français. Un constat frappant qui s'explique, selon notre expert, par la nouvelle politique de l'Hexagone axée principalement sur les grandes entreprises. Au niveau du secteur informel qui accapare un taux de 30% des affaires à l'échelle nationale, la situation reste la même. « Les entreprises non structurées quelle que soit leur taille sont plus portées à utiliser du dialecte dans tout le processus de travail », fait savoir El Fergui, soulignant à cet égard que les deux secteurs optent, nécessairement, dans leurs rapports, pour le dialecte, question de réussir la communication entre partenaires.
Le français, la langue exportatrice du Royaume
« Malgré la montée en force de l'anglais et le développement de l'espagnol dans le Royaume surtout dans le nord du pays, la langue de Molière a encore de beaux jours devant elle avant que les autres langues ne prennent le dessus dans le domaine du travail », avance Philippe Montant, directeur général de Rekrute. En effet, si l'ouverture du Maroc sur d'autres pays du monde ou encore son rapprochement avec l'Espagne s'avèrent prometteurs sur plusieurs niveaux, cette tendance est loin de changer la donne en termes de structure des langues dans les entreprises, notamment en matière d'emploi parce que tout simplement, « maîtriser le français pour occuper un poste de cadre dans les entreprises structurées s'impose comme une évidence, juste comme l'arabe », renchérit le responsable français qui explique qu'être bilingue ne veut plus dire maîtriser l'arabe et le français mais plutôt l'anglais et le français. Cette tendance persiste même au sein des entreprises multinationales d'origine américaine ou anglaise installées au Maroc, à l'instar de Microsoft où le travail quotidien se fait en français alors que la communication avec le reste du groupe est faite en anglais. Toutefois, ce constat ne semble pas nécessairement le même au sein de l'administration publique où effectivement, la langue de Molière est très présente à côté de l'arabe dans la communication officielle des différents départements bien que la communication interne se fait en dialecte. « Il s'agit, à mon sens, d'une tendance qui est en mesure de se maintenir. Le français reste langue exportable du Maroc pour l'instant et devrait confirmer sa puissance pour au moins une génération de plus, surtout à la lumière de l'importance que lui accorde le gouvernement, principalement dans l'enseignement», a indiqué Alexandra Montant de la plateforme Rekrute. Ceci dit, les Marocains devront, au moins, être trilingues parce que « le français devra nous servir pour travailler entre nous et l'anglais pour s'ouvrir sur l'international». Le même point est relevé par El Fergui : « Les chefs d'entreprise sont appelés dans les jours à venir à s'investir dans l'anglais et non pas le français et ce, en raison des opportunités qu'elle leur offre à l'échelle nationale et internationale.