Malgré les efforts et les programmes mis en place durant les vingt dernières années, le Maroc souffre toujours de l'insécurité alimentaire, selon le rapport du Baromètre arabe qui souligne l'importance de mener à bien le plan Génération Verte 2020-2030. Le rapport baptisé « L'insécurité alimentaire et ses mécontentements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord » indique qu'environ 36% des citoyens marocains souffrent d'insécurité alimentaire, à un moment où le Maroc dépend fortement des importations alimentaires. Le rapport indique qu'il existe un écart en termes de sécurité alimentaire entre les villes et les zones rurales, du fait que l'insécurité s'aggrave dans le monde rural au Maroc, atteignant 40%, contre 30% dans les villes. Le même rapport s'est penché sur le Plan Maroc Vert, qui n'assurait pas tant la sécurité alimentaire des Marocains qu'il accordait des concessions aux grands agriculteurs, selon la même source. « Alors que le Plan Maroc Vert 2008 a augmenté la production alimentaire, les grandes entreprises agricoles ont été les principales bénéficiaires au détriment des petites entreprises agricoles et rurales, et leur dépendance à l'égard des importations alimentaires était élevée », explique le rapport, ajoutant que le Plan Génération Verte 2020-2030 a tenté de corriger les inégalités antérieures en mettant l'accent sur le développement humain dans les zones rurales. Cependant, ce nouveau régime, à son tour, n'a pas encore porté ses fruits, même après environ 3 ans depuis son lancement, car les résultats du Baromètre arabe montrent que l'écart entre les zones rurales et urbaines se poursuit malgré ces efforts. Défis du pouvoir d'achat Le rapport s'attend à ce que le problème de la sécurité alimentaire au Maroc se poursuive, compte tenu de la forte dépendance aux importations, ce qui rendra importante la vulnérabilité à la hausse des prix étrangers, car il est probable que cette hausse continue d'affecter la capacité du pays à se nourrir, d'autant plus que l'impact de la guerre en Ukraine sur la chaîne d'approvisionnement n'est pas prêt de s'estomper. Selon les chiffres publiés par le rapport, 36% des Marocains ont confirmé que la nourriture qu'ils avaient achetée était épuisée et qu'ils n'avaient pas assez d'argent pour en acheter plus. Le pourcentage monte à 62% pour les citoyens marocains qui craignaient de manquer de nourriture avant d'obtenir l'argent pour en acheter davantage, ce qui les a incités à dire que le type de gouvernement au Maroc n'a pas d'importance pour eux, tant qu'il reste capable de résoudre le problème économique du pays. Le même rapport s'est également concentré sur les menaces environnementales qui aggravent le problème de la sécurité alimentaire, apparu avant même la pandémie et la guerre en Ukraine. La pollution, la désertification, les températures élevées, les saisons sèches et l'augmentation de la salinité des sources d'irrigation sont autant de facteurs qui ont affecté le Maroc et les pays arabes à travers leur impact sur le secteur agricole. Par ailleurs, 40% des Marocains considèrent que le gouvernement devrait faire plus au niveau de la lutte contre le changement climatique. Au moment où les Marocains considèrent que le plus grand défi auquel leur pays est confronté est la situation économique, les attentes pessimistes persistent dans le Royaume quant à la persistance du problème de l'insécurité alimentaire à l'avenir. Situation globale En outre, dans neuf pays sur dix, plus de la moitié des citoyens expriment l'inquiétude de manquer de nourriture avant de pouvoir en obtenir plus, suggérant que la menace de l'insécurité alimentaire se profile de manière précaire. C'est particulièrement vrai en Libye (67 %), au Liban (63 %) et au Maroc (62 %), où les citoyens sont moins susceptibles que ceux des autres pays d'avoir manqué de nourriture, mais sont néanmoins préoccupés par sa perspective. Alors que les différences de préférences pour l'action gouvernementale sur l'économie sont présentes mais faibles, les différences chez ceux qui ont pensé à quitter le pays sont plus importantes. Partout sauf au Soudan, au Liban et en Egypte, ceux qui souffrent de l'insécurité alimentaire expriment des désirs plus élevés d'émigrer. Ces écarts sont particulièrement saillants au Maroc (16 points) et en Palestine (12 points), ironiquement les deux pays où les rapports de pénurie alimentaire sont les plus faibles à 36 et 34 pour cent, respectivement.f