Le Maroc figure parmi les pays les plus touchés par l'insécurité alimentaire dans la région MENA, et compte 62 % des citoyens qui l'attestent dans le cadre d'une étude du Baromètre Arabe (2021-2022). Dans son dernier rapport, « L'insécurité alimentaire et ses mécontentements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Septembre 2022) », le Baromètre Arabe explique que plus de la moitié des citoyens dans neuf pays sur dix de la région MENA, semble s'inquiéter du manque de nourriture avant de pouvoir en obtenir davantage. Ceci suggère que « la menace de l'insuffisance alimentaire plane de manière incertaine » sur nos sociétés. Le rapport note que « malgré les progrès réalisés dans la réduction de la famine au début des années 2000, la proportion de la population qui souffre de la faim aujourd'hui est la même qu'il y a dix ans : 13,2 % ». C'est surtout au Maroc (62 %), en Libye (67 %) et au Liban (63 %) que les citoyens expriment le plus leur préoccupation face à cette perspective. Pourtant, ces pays sont les moins exposés face au manque de nourriture, selon une étude de la FAO. Le pourcentage le plus élevé a été enregistré en Mauritanie, soit de 74 %, suivi respectivement par le Soudan et l'Égypte (67 %), l'Irak (60 %), la Tunisie (57 %), la Jordanie (53 %) et la Palestine (38 %). En termes de disparités entre les sexes, il s'est avéré que les femmes sont les plus susceptibles de signaler un manque de nourriture que les hommes. La majorité des femmes au Maroc, en Palestine, en Égypte, en Irak, en Jordanie, au Liban et en Tunisie s'identifie comme des femmes au foyer et ne fait donc pas partie de la population active. Dans tous les pays, à l'exception de la Libye, moins d'une femme sur quatre se qualifie comme employée. Les clivages urbain-rural au Liban, au Maroc et en Tunisie sont sous-tendus par des facteurs systémiques et structurels. Dans les trois pays, les signalements d'insécurité alimentaire ou la peur de celle-ci sont plus fréquents chez les citoyens des zones rurales que chez ceux des zones urbaines. Selon le rapport, 46 % des résidents du milieu rural au Maroc souffrent de ce problème. De ce fait, le Royaume s'est engagé depuis bien longtemps en matière de sécurité alimentaire. « Le plan Génération verte 2020-2030 du pays tente de rectifier certaines inégalités en se concentrant sur le développement humain dans les zones rurales », précise le rapport. Il est à noter que les données de ce rapport ont été collectées entre 2021 et 2022. Les enquêtes ont été réalisées dans dix pays, dont le Maroc, l'Égypte, l'Iraq, la Jordanie, la Libye, le Liban, la Mauritanie, la Palestine, le Soudan et la Tunisie. Entre 1 800 et 2 400 personnes ont été interrogées dans chaque pays afin de pouvoir « mesurer leurs opinions et attitudes » sur les questions économiques, politiques et sociales affectant leur pays et la région MENA en général.