Moscou a annoncé, mardi, des "frappes massives" sur tous les fronts en réaction à la contre-offensive fulgurante des Ukrainiens, qualifiée par Washington de "changement d'élan". L'armée russe a annoncé le lancement de "frappes intenses" en réaction aux attaques des forces ukrainiennes dans l'est du pays. Moscou et Kiev s'accusent d'avoir commis des atrocités et des crimes de guerre. Lors d'une réunion du chef d'état-major, mardi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé que "plus de quatre mille kilomètres carrés et plus de 300 villes ont été libérés. Des mesures sont prises pour imposer la stabilité pendant que l'offensive se poursuit". De son côté, le ministère russe de la Défense a annoncé, mardi, que "les forces aériennes, balistiques et d'artillerie russes mènent des frappes intensives contre des unités des forces armées ukrainiennes dans toutes les zones d'opération". La source cite des bombardements près de Sloviansk, Konstantinovka et Bakhmut dans l'est de l'Ukraine, dans les régions de Mykolaïv et de Zaporijia au sud ainsi qu'à Kharkiv dans le nord-est, où l'Ukraine a mené une violente contre-attaque qui a forcé les forces russes à se retirer de la majeure partie de la région. Le conseiller présidentiel ukrainien Oleksiy Aristovich a évoqué les perspectives de déménagement dans la province orientale de Louhansk, connue avec Donetsk sous le nom de Donbass, une grande région industrielle proche de la frontière avec la Russie. "Maintenant, il y a une attaque contre Lyman et il peut y avoir des progrès à Seversk", a déclaré Aristovich dans une vidéo publiée sur YouTube, faisant référence à deux villes. Il a prédit une bataille pour le contrôle de la ville de Svatovo, car il a dit que les Russes avaient des entrepôts pour le stockage.
Crimes de guerre
Huit personnes ont été tuées et 19 blessées en 24 heures parmi les habitants des régions de Kharkiv et de Donetsk, selon la présidence ukrainienne, à la suite des bombardements russes. Le chef d'état-major de l'armée ukrainienne a confirmé que "l'Ukraine enregistre jusqu'à deux cents crimes de guerre commis chaque jour par les Russes" sur son territoire, notant que les forces russes "ont posé des mines sur plus de 70.000 kilomètres carrés dans dix régions ukrainiennes". L'état-major général a indiqué que les "opérations de pillage" russes se poursuivaient, expliquant qu'environ 300 voitures avaient été volées dans la région de Kharkiv. En retour, la Russie a accusé les soldats ukrainiens de se venger des civils dans les zones qu'ils ont reprises ces derniers jours. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que les forces ukrainiennes avaient pris de nombreuses mesures punitives contre les habitants de la région de Kharkiv, ajoutant que "les gens sont soumis à la torture et aux mauvais traitements... c'est horrible".
Appels à arrêter la guerre
Le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé, mardi, le président russe Vladimir Poutine à "retirer toutes ses forces" d'Ukraine. La chancellerie allemande a déclaré dans un communiqué que lors d'un appel téléphonique de 90 minutes, Schulz "a souligné dans sa conversation avec le président russe qu'il fallait trouver au plus vite une solution diplomatique basée sur un cessez-le-feu, un retrait complet des forces russes et le respect l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'Ukraine". Schulz a également demandé à Poutine une mise en œuvre "complète" de l'accord ukrainien sur l'exportation de céréales. La pression monte sur Shultz à Kyiv et dans son gouvernement de coalition pour envoyer des chars capables de renforcer les succès de la contre-attaque ukrainienne. Le Premier ministre estonien Kaia Kallas et le président lituanien Gitanas Nauseda ont appelé, mardi, le président français Emmanuel Macron à accroître l'aide militaire à l'Ukraine, lors d'un appel téléphonique à l'initiative de Paris. Devant le Parlement européen, le ministre des Affaires étrangères de l'Union Européenne, Josep Borrell, a annoncé, mardi, qu'il proposerait aux Etats membres d'approuver de nouveaux financements pour envoyer des armes à l'Ukraine. Rumeurs sur une rupture des relations diplomatiques UE-Russie
Alors que les relations sont au plus mal entre Moscou et les Européens, des comptes prorusses sur les réseaux sociaux affirment que tout lien diplomatique est désormais rompu. Et cela à cause du départ de Vladimir Chizhov, ambassadeur permanent de la Russie auprès de l'Union Européenne (UE) depuis 17 ans. "Je le vois sur les chaînes Telegram de TASS et RIA NOVOSTI : la Russie va rompre les relations diplomatiques avec l'UE. V. Chizov l'ambassadeur permanent de la RU auprès de EU a confirmé qu'il quitte Bruxelles et que 'il n'y aura pas de retour aux relations antérieures avec l'UE'", peut-on lire par exemple. Dans la dépêche de l'agence russe citée ici, on apprend en effet que Vladimir Chizhov quitte ses fonctions, mais pas qu'il ne sera pas remplacé. On y lit simplement qu'il n'a "pas nommé son successeur". En réalité, il s'agit là d'une procédure classique, comme le relève Euractiv, un réseau de médias européens spécialisés dans les politiques de l'UE. Le porte-parole du chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, confirme en effet que le départ de Vladimir Chizhov "n'est pas lié à une dégradation ou à une réduction des relations". "Nous avons réduit le niveau des contacts avec la Russie après son invasion de l'Ukraine, mais nous maintenons ouverts les canaux de communication diplomatique et supposons qu'il sera dûment remplacé - tout comme nous avons récemment remplacé notre chef de délégation à Moscou dans le cadre de la rotation normale annoncée dès le mois de juin", poursuit Peter Stano.