Vu la situation hydrique difficile, les autorités de la capitale économique mettent les bouchées doubles pour interdire le rituel « Zemzem ». Achoura représente pour les musulmans du monde un événement pieux, où les croyants prient tout au long des journées de cette fête religieuse. Au Maroc, Achoura prend une dimension plutôt carnavalesque. Plusieurs traditions profondément ancrées dans la société marocaine perdurent. Les rythmes des « taârija » et des « bendir » ainsi que les chants des petites fillettes envahissent tous les coins de rues depuis la première semaine du mois de Mouharram, la 10ème nuit. Le jour de la fête, les jeunes des quartiers s'amusent avec toutes sortes d'artifices pyrotechniques, le lendemain, la pratique de Zemzem refait surface, une tradition qui consiste essentiellement à mouiller toutes les personnes rencontrées. Mais dans un contexte particulier de stress hydrique, un taux de remplissage de barrage qui ne dépasse pas 28% et la multiplication des appels à la rationalisation, plusieurs voix ont réclamé l'interdiction de ce rituel cette année en raison de sa contribution au gaspillage de grandes quantités d'eau. La Commune urbaine de Casablanca n'a pas nommément cité le rituel de « Zemzem », mais y a clairement fait référence lorsqu'elle a annoncé les mesures de préservation de l'eau mises en place pour lutter contre les effets de la situation exceptionnelle de sécheresse que connaît le pays cette année. Outre les différentes mesures mises en place soit en terme d'interdiction ou rationalisation d'usage d'eau dans certaines activités commerciales, la Commune urbaine a annoncé l'interdiction de se jeter de l'eau les uns sur les autres dans la rue. Or, cette annonce coïncide avec la célébration d'Achoura lundi, et donc avec la date du rituel de « Zemzem ». Les pouvoirs publics ont ainsi expliqué que des sanctions strictes attendent tous ceux qui enfreignent ces directives. Vu la complexité du contexte hydrique, une mesure pareille était tout à fait attendue. La pénurie d'eau a poussé plusieurs villes à adopter des mesures rationalisant la consommation de cette ressource vitale. Quant à Casablanca, il a fallu attendre jeudi dernier pour voir les autorités réagir à leur tour, en serrant la vis autour des utilisations exagérées d'eau. Dans un communiqué, la Commune urbaine a appelé les Casablancais à rationaliser la consommation d'eau potable, tout en insistant sur son engagement à lutter contre tout gaspillage. Parmi les interdictions instaurées, figure l'arrosage des espaces verts publics et privés en journée, le lavage des voitures avec une eau de source conventionnelle, ou encore le nettoyage des voies publiques. Les mesures mises en place, y compris l'interdiction de « Zemzem », ont pour but de sensibiliser les citoyens quant à la gravité de la situation et de les inciter à adhérer à l'effort général de préservation de l'eau. La Commune de Casablanca a également annoncé une série de sanctions à laquelle les contrevenants sont désormais exposés. Le Maroc finalise sa Stratégie nationale à l'horizon 2050 Face à la raréfaction de ses ressources hydriques, le Maroc enclenche le processus de finalisation de sa Stratégie nationale de planification et de gestion de l'eau. La feuille de route qui courra jusqu'en 2050 devra renfermer tous les projets et actions devant permettre au Royaume de gérer, planifier et rationaliser l'utilisation de l'eau dans les différents secteurs de l'économie. Le département chargé de l'Eau entend finaliser le processus de planification et de gestion des ressources hydriques, notamment le projet du Plan national de l'eau (PNE 2020-2050). Une mission d'expertise a été lancée à partir du 1er août afin de finaliser l'ensemble des plans et documents de planification en rapport avec le PNE. Concrètement, il s'agit d'établir un état des réalisations de la Stratégie nationale de l'eau (SNE) lancée en 2009.