Le Comité de Coordination et de Surveillance des Risques Systémiques (CCSRS), réuni ce jeudi 14 juillet à Rabat, indique que le contexte actuel défavorable portera, cette année, un coup sévère à la croissance économique. « En dépit du fort rebond de l'activité économique nationale en 2021, les vulnérabilités liées aux conséquences de la crise en Ukraine, la montée des pressions inflationnistes et les mauvaises conditions de la campagne agricole, ne manqueraient pas de peser sur les perspectives économiques. Dans ce contexte défavorable et selon les projections de Bank Al-Maghrib, la croissance de l'économie nationale devrait ralentir à 1% en 2022 avant de s'accélérer à 4% en 2023 », fait savoir Bank Al-Maghrib dans un communiqué sanctionnant les travaux de la 15ème réunion du CCSRS. Composée des représentants de BAM, de l'Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC), de l'Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (A APC) et de la Direction du Trésor et des Finances Extérieures (DTFE), le CCSRS souligne qu'au plan des comptes extérieurs, le déficit du compte courant augmenterait à 4,9% du PIB en 2022 avant de revenir à 3,8% en 2023. Pour les avoirs officiels de réserve, poursuit la même source, elles permettraient une couverture autour de 6 mois d'importations de biens et services. Par ailleurs, pour ce qui est des finances publiques, le CCSRS relève que le déficit budgétaire devrait se creuser à 6,3% du PIB en 2022 avant de s'atténuer à 5,6% en 2023, alors que l'endettement du Trésor se situerait à 70,1% du PIB en 2022 et puis à 70,7% en 2023. Créances en souffrance du secteur bancaire
Par ailleurs, le CCSRS fait observer que dans une conjoncture difficile, le crédit bancaire destiné au secteur non financier a progressé à un rythme modéré. La même source ajoute que la hausse des créances en souffrance a poursuivi son atténuation au cours des quatre premiers mois de l'année 2022 et le taux de sinistralité s'est stabilisé à fin avril 2022 à 11,2% au titre des crédits aux entreprises non financières et à 9,8% au titre des crédits aux ménages. Il en résulte un taux des créances en souffrance du secteur bancaire de 8,7%. Le taux de couverture de ces créances par les provisions s'est maintenu autour de 68%. Résilience du système bancaire
Autre constat soulevé par le CCSRS : le secteur bancaire demeure solide et résilient au plan de la rentabilité, de la liquidité et de la solvabilité. En témoignent, entre autres, le rebond de 76,4% du résultat net cumulé des banques au titre de l'exercice 2021, et les niveaux confortables du ratio de liquidité à court terme. A ce sujet, le CCSRS note que « l'exercice de macro stress test de solvabilité réalisé par Bank Al-Maghrib en juin 2022 montre une résilience du secteur bancaire face à des scénarii simulant la dégradation des conditions macroéconomiques ». Pour ce qui est des Infrastructures de marchés financiers, elles continuent de faire preuve d'une forte résilience tant au plan financier qu'au niveau opérationnel et présentent toujours un niveau de risque faible pour la stabilité financière. Concernant le secteur des assurances, le CCSRS relève que ses indicateurs clés font état, dans l'ensemble, d'un retour à la situation d'avant-crise. Ainsi, il a pu reprendre une bonne dynamique pour atteindre un niveau de croissance de son chiffre d'affaires de 9,9% en 2021 contre 1% un an auparavant. Enseignants contractuels des AREF vs CMR
Concernant les régimes de retraite, le CCSRS fait savoir que l'intégration des enseignants contractuels des AREF (Académies Régionales d'Education et de Formation) au régime des pensions civiles géré par la Caisse Marocaine des Retraites (CMR), devrait atténuer, sur le long terme, les déficits accumulés. Toutefois, du fait de l'horizon de viabilité très réduit de ce régime, l'intégration de ces enseignants n'aura pas d'impact significatif sur sa pérennité à court terme. La réforme paramétrique qu'a connue le régime général du RCAR a permis l'amélioration de ses horizons de viabilité sans permettre d'asseoir une tarification équilibrée des droits futurs. Le rétrécissement des marges de manœuvre d'une année à l'autre nécessite l'accélération de la mise en place de la réforme systémique des régimes de retraite. Le marché de capitaux et la bourse de Casablanca impactés par la conjoncture internationale
Lors de cette réunion, le CCSRS a, également, passé sous la loupe l'état de santé aussi bien du marché des capitaux que de la Bourse de Casablanca. « Après une progression significative des indicateurs du marché des capitaux en 2021, celui-ci a été impacté au premier semestre 2022 par les effets de la conjoncture internationale », explique la même source. Concernant le marché boursier, le CCSRS indique que l'indice MASI « enregistre au 30 juin 2022 une baisse de 10,1%, après une hausse de 18,35%enregistrée en 2021. « La volatilité moyenne dudit indice est en hausse mais reste modérée à 10,8% contre 7,2% au premier semestre 2021 ». Sur le marché secondaire, les taux obligataires sont en légère hausse à fin juin 2022 par rapport à la fin de l'année 2021, à hauteur de 25 pb pour les BDT à 2 ans et de 15 pb pour les BDT à 10 ans et ce, avec un niveau de volatilité qui reste limité quoiqu'en légère augmentation comparé à l'année 2021. L'encours de la dette privée à fin avril 2022 s'élève à 250 milliards de dirhams, en hausse de 4,17% en glissement annuel. Cet encours est dominé par les émissions des établissements de crédit avec une part de 61,3%. Le Comité a, enfin, fait le point sur l'état d'avancement du plan d'action relatif à la mise en œuvre des recommandations du GAFI (Groupe d'action financière) et du GAFIMOAN (Groupe d'Action Financière du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord) en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme et pris note des progrès réalisés tout en recommandant de poursuivre la mobilisation pour sa finalisation dans les délais impartis.