Même si les signes d'amélioration des perspectives macroéconomiques commencent à s'éclaircir tant au plan national qu'international, les risques associés appellent toutefois à la vigilance en raison de la persistance des incertitudes entourant la maîtrise future de la pandémie. Le Comité de Coordination et de Surveillance des Risques Systémiques (CCSRS) a tenu, le 6 juillet juin, sa treizième réunion au siège de Bank Al-Maghrib à Rabat. Institué par la loi n°103-12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés, ce Comité est présidé par le Wali de Bank Al- Maghrib (BAM) et regroupe les représentants de BAM, de l'Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS) et de l'Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) ainsi que du ministère de l'Economie et des Finances. Il est chargé de la surveillance macro prudentielle du secteur financier. A ce titre, il évalue notamment les risques systémiques pour ce secteur et examine les mesures pour en atténuer les effets en vue de préserver la stabilité financière. Lors de cette réunion, le Comité a approuvé le rapport sur la stabilité financière au titre de l'exercice 2020 et examiné l'état d'avancement de la feuille de route de stabilité financière pour la période 2019-2021. Il s'est enquis, en particulier, des projets engagés par les régulateurs financiers pour la surveillance des risques émergents, notamment les cyber-risques et ceux liés au changement climatique. Il a également fait le point sur l'évolution des risques affectant le secteur financier national et a, dans ce cadre, passé en revue la synthèse des réunions régulières des représentants du Comité tenues depuis le début de la crise sanitaire. Les indicateurs de surveillance continuent à ce jour de faire ressortir une résilience avérée des secteurs bancaire, assurantiel, des infrastructures de marchés financiers et du marché des capitaux. A l'issue de l'évaluation du secteur financier au regard des tendances économiques et financières, observées et attendues, le Comité a dégagé plusieurs constats. La croissance sera de 3,3% en 2022 « Si les signes d'amélioration des perspectives macroéconomiques commencent à s'éclaircir tant au plan national qu'international, les risques associés appellent toutefois à la vigilance en raison de la persistance des incertitudes entourant la maîtrise future de la pandémie (apparition de nouveaux variants du virus, efficacité des vaccins et leur généralisation) », souligne le CCSRS dans un communiqué. Le deuxième constat porte sur la reprise de l'économie nationale. Selon les prévisions de Bank Al- Maghrib, l'économie connaîtrait cette année un rebond à 5,3%, suivi d'une consolidation à 3,3% en 2022, bénéficiant des mesures de soutien budgétaire et monétaire, de l'allègement des restrictions sanitaires et de la reprise chez les partenaires du Maroc. Les avoirs officiels de réserve ressortiraient à 328,5 MMDH en 2021 Concernant la position extérieure, le déficit du compte courant devrait se creuser à 3,8% du PIB avant de s'atténuer à 2,6% en 2022, en lien notamment avec la reprise des flux du commerce extérieur. Dans ces conditions, et considérant les tirages extérieurs du Trésor et l'allocation de DTS prévue par le FMI, les avoirs officiels de réserve ressortiraient à 328,5 milliards de dirhams en 2021 et à 338,6 milliards en 2022, permettant ainsi d'assurer la couverture de plus de 7 mois d'importations de biens et services. Pour ce qui est des finances publiques, le déficit budgétaire devrait s'atténuer graduellement à 7,1% du PIB en 2021 puis à 6,6% en 2022, tandis que la dette du Trésor poursuivrait sa progression à 77,8% du PIB en 2021 et 80% en 2022. Autre constat soulevé : « En dépit d'une conjoncture difficile, le crédit bancaire destiné au secteur non financier poursuit son évolution positive bien qu'à un rythme lent, tiré particulièrement par les crédits de trésorerie garantis par l'Etat en faveur des entreprises non financières et par le maintien de la politique monétaire accommodante de la Banque Centrale. Après s'être établie à 3,9% en 2020, cette évolution devrait, compte tenu des perspectives économiques, se situer à 3,5% en 2021 et 3,8% en 2022 ». Les créances en souffrance en hausse Le CCSRS note, cependant, que la crise n'a pas manqué de se répercuter sur la rentabilité et la qualité des actifs du secteur bancaire. En témoigne la baisse, au titre de l'exercice 2020, du résultat net agrégé des banques de près de 43% à 6,8 milliards de dirhams, sous l'effet principalement de la montée significative du coût du risque de crédit et de la contribution au Fonds Covid-19. De même, le taux des créances en souffrance s'est hissé à 10,8% pour les entreprises non financières et à 9,3% pour les ménages, contre respectivement 10,1% et 8% à fin 2019. Pour autant, le secteur bancaire continue d'afficher des fondamentaux solides en matière de solvabilité et de liquidité. En ce qui concerne le secteur des assurances, celui-ci a montré, malgré le contexte difficile lié à la crise sanitaire, sa résilience et la solidité de ses fondamentales techniques. A titre indicatif, les primes émises ont affiché une croissance de 1% pour atteindre 45,1 milliards de dirhams, grâce notamment à l'entrée en vigueur du régime obligatoire de couverture des conséquences d'événements catastrophiques qui a généré un volume de primes de 476,7 millions de dirhams. Situation financière difficile des régimes de retraite Concernant le secteur de la retraite, les principaux régimes connaissent une situation financière difficile marquée globalement par l'importance de leurs dettes implicites et par l'épuisement de leurs réserves à divers horizons. La réforme systémique de la retraite, dont l'étude relative à la conception technique de scénarios dans le cadre d'un système à deux pôles (public et privé) est à un stade avancé. Elle permettra d'instaurer une tarification équilibrée mais également de résorber, dans des proportions importantes, les engagements passés non couverts, et partant de rétablir les équilibres financiers dans le futur. Le CCSRS a, par ailleurs, fait le point sur l'état d'avancement des actions inscrites dans la feuille de route relative à la mise en oeuvre des recommandations du GAFI et du GAFIMOAN en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT) dans le secteur financier. Il s'est enquis des avancées réalisées au premier semestre 2021, particulièrement en ce qui concerne le plan d'action du Groupe Conjoint de l'ICRG (The International Co-operation Review Group) relevant du GAFI. Lors de sa rencontre avec les autorités marocaines le 17 mai 2021, ce groupe a encouragé les autorités à poursuivre leurs efforts afin que ce plan puisse être pleinement réalisé dans les délais convenus.
A. CHANNAJE Le marché boursier retrouve sa situation d'avant crise
A l'issue de sa treizième réunion, le CCSRS fait remarquer que le marché des capitaux a retrouvé au premier semestre 2021 sa situation d'avant crise, et ce, suite à la baisse des tensions qui l'avaient marqué au cours du premier semestre 2020. La Bourse de Casablanca a maintenu au cours du premier semestre 2021 la tendance haussière qui a débuté à partir du quatrième trimestre 2020, et ce, avec une volatilité moyenne limitée à 7,18%. En effet, l'indice MASI enregistre au 30 juin 2021 une hausse de l'ordre de 9,94% par rapport à fin 2020, effaçant ainsi la baisse de 7,27% enregistrée l'année précédente. Néanmoins, la valorisation globale de la place de Casablanca reste à un niveau relativement élevé et sa liquidité a connu à fin mai une baisse à 7,3% contre 8,8% à fin 2020 et 9,7% à fin 2019.