La commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson, a consacré lundi un long discours à "la perte de vies humaines" et à "la violence", notant que la plupart des migrants impliqués dans la tragédie de Melilla sont passés par l'Algérie et la Libye pour rejoindre le Maroc. S'exprimant à l'ouverture de la session plénière de débat au Parlement européen, Ylva Johansson a estimé que la violence aux frontières de l'Union européenne est inacceptable. "Aujourd'hui, mes pensées vont aux personnes décédées à Melilla, à ceux qui ont été blessés et à leurs familles. Je n'oublierai jamais les images des morts et des vivants", a-t-elle relevé. "Ce que nous pouvons dire en général est que 99% des migrants irréguliers font appel à des passeurs. La plupart des migrants au Maroc y sont arrivés à l'aide de ces passeurs", a-t-elle rappelé, précisant que ces migrants sont arrivés depuis le Soudan via la Libye et l'Algérie. Se référant aux faits, le commissaire européen a reconnu qu'il serait "extrêmement difficile" de savoir exactement ce qui s'est passé en ce "vendredi noir". Cependant, tout en confirmant le récit du Maroc, Elva Johansson a souligné qu'il est essentiel de "fournir une assistance médicale et d'établir pleinement les faits". Pour Johansson, la seule façon de gérer la migration vers l'Europe est de traiter avec des partenaires non européens. "Depuis le début de mon mandat, j'ai travaillé avec de grands partenaires et des pays d'origine, de transit et de destination (...) Respecter les droits fondamentaux est la clé de tous ces partenariats", a-t-elle fait valoir.
Dans ce sillage, la responsable européen a souligné que " le Maroc est un partenaire stratégique clé de l'Union européenne pour gérer la migration et lutter contre les passeurs", ajoutant que pour la seule année en cours, le Maroc a empêché 26 000 départs irréguliers, 1 sur 10 s'est produit en mer. Elle a ainsi révélé qu'elle "discutera davantage avec le Maroc autour des événements tragiques à Melilla et pour renforcer davantage le partenariat sur la migration".
Pour mémoire, EFE a rapporté des propos des immigrés mettant en lumière des réseaux criminels opérant sur plus de 5 000 km et coordonnant via des organisations légales et des groupes fermés sur Facebook, ce qui explique les attaques contre la clôture à la frontière entre l'Espagne et le Maroc qui sont devenues plus brutales, coordonnées et dévastatrices ces dernières années. Braquant sous les projecteurs une mafia internationale organisée, avec une importante base logistique en Algérie, à Maghnia, l'agence espagnole a expliqué que les immigrés empruntent deux routes : soit Libye-Algérie-Maroc, ou Tchad-Niger-Mali-Algérie- Maroc. Organisation paramilitaire, beaucoup de logistique et hiérarchie, la base algérienne, dirigée par un nommé président malien de 35 ans, est si organisée qu'il a été difficile pour les autorités algériennes de la découvrir.