Alors que le spectre de la guerre plane sur l'Ukraine, plus de 8000 étudiants marocains se trouvent entre le marteau de l'appel de l'ambassade à tous les Marocains de quitter ce pays et l'enclume des affirmations ukrainiennes qu'ils ne font face à aucun risque. Témoignages. Ingénierie, médecine, architecture.... Ils sont entre 8000 et 10.000 étudiants marocains qui ont choisi l'Ukraine pour poursuivre les études de leurs rêves. Aujourd'hui, la menace d'invasion de l'Ukraine par la Russie a engendré l'inquiétude de ces étudiants et de leurs familles au Maroc. Des internautes marocains n'ont pas tardé pour lancer des appels, sur les réseaux sociaux, au ministère des Affaires étrangères, pour prendre des mesures immédiates pour assurer le retour des étudiants marocains résidant en Ukraine, à l'image des vols spéciaux qui ont été consacrés aux étudiants marocains rapatriés de la Chine au début de la pandémie. Les internautes ont lancé l'hashtag « Invasion de l'Ukraine, sauvez les étudiants marocains ». Quoique Moscou a nié toute possibilité de guerre avec Kiev, les parents marocains s'inquiètent, surtout après la déclaration de Joe Biden affirmant que « l'Europe vit le moment le plus dangereux depuis la fin de la Guerre froide il y a trente ans ». Abdellah, père d'une jeune étudiante en architecture à Odessa, nous annonce que « Les parents des étudiants sont tous très inquiets, nous suivons l'actualité sans relâche et nous espérons que ça va s'arrêter bientôt avant que ça vire en cauchemar », soupira-t-il. Le Maroc appelle ses ressortissants à partir L'Ambassade du Royaume du Maroc à Kiev a recommandé samedi aux citoyens marocains se trouvant en Ukraine de quitter le pays pour leur sécurité. « A la lumière de la situation actuelle, l'Ambassade du Royaume du Maroc à Kiev recommande aux citoyens marocains se trouvant en Ukraine de quitter le pays pour leur sécurité via les vols commerciaux disponibles «, précise un communiqué de la représentation diplomatique. L'Ambassade appelle également les citoyens marocains désireux de se rendre en Ukraine à reporter leur voyage à l'heure actuelle, selon la même source. Dans une discussion qui nous a été transmise entre un étudiant marocain et l'ambassade, cette dernière a insisté pour que les étudiants reviennent le plutôt possible afin d'éviter le pire. « Ne parlez pas de documents, ni d'études maintenant, le plus important est de vous sauver maintenant, après vous pouvez revenir d'ici un ou deux mois si tout se passe bien », annonça le représentant de l'ambassade à l'étudiant. Un retour en doutes Toutefois, le retour au pays ne sera pas un fleuve tranquille. C'est qu'ils doivent d'abord acheter un billet très cher en cette période, avoir fait la troisième dose et payer le test PCR de moins de 48h à la date d'entrée sur le territoire national. « Les vols commerciaux depuis l'Ukraine sont tellement chers (minimum 600€) et on doit faire la troisième dose, mais 80% des étudiants ne sont pas vaccinés car il faut obtenir un code d'identité (difficile à obtenir pour les étrangers) », nous a annoncé Ilyass, étudiant en quatrième année médecine à Kharkiv. Quoiqu'Ilyass veut revenir, il estime que ça serait trop compliqué et que ça prendra au moins 2 à 3 mois s'il n'y a pas de mesures exceptionnelles telle que l'administration de la troisième dose à l'arrivée au Maroc. Que de la propagande ? Une grande majorité des étudiants contactés par nos soins ont clairement annoncé qu'ils ne comptent pas revenir au Maroc. Pour Sara, étudiante en 5-me année médecine : « La Russie et l'Ukraine ont tous les deux annoncé qu'elles ne veulent pas de guerre, d'ailleurs, on vit normalement, les cours à l'université se poursuivent... on n'a pas quoi craindre à mon avis. On ne peut pas laisser tomber un investissement colossal de temps, d'effort et d'argent pour de la propagande américaine ». Position partagée par Amine, qui annonce que « la situation ne nécessite pas aussi de mobilisation » et considère que « Si une majorité des étudiants reviennent au Maroc, ça sera au gain et au bénéfice des contracteurs qui vont profiter de la situation pour demander de l'argent aux étudiants pour les aider ». Amine nous explique que les contracteurs sont les représentants d'étudiants auprès des universités et sont comme des « tuteurs », « ces contracteurs pourront faire payer plus aux étudiants pour les services de traduction, surtout que les étudiants de la première et la deuxième année ne maîtrisent pas encore la langue ou encore pour faire la médiation entre l'administration de l'université et les étudiants ».