Un an après sa prise de fonctions, le président américain a connu des revers durs et semble incapable de faire passer ses projets. Baisse de popularité, des échecs qui se succèdent, une pandémie qui se poursuit... Joe Biden accumule les difficultés ces dernières semaines, alors qu'il célébrait ce jeudi son premier anniversaire en tant que président des Etats-Unis. Pour l'occasion, il a organisé une conférence de presse pour mettre en avant les réussites de ses 365 premiers jours. Le chef de l'Etat s'est notamment félicité des bons résultats économiques du pays. Depuis sa prise de pouvoir, 6 millions d'emplois ont ainsi été créés. «Concernant le Covid-19, nous sommes dans une meilleure situation que l'année dernière», promet Joe Biden devant la presse. S'il a reconnu que la politique de dépistage aurait pu être meilleure, il a mis en avant la vaccination dans le pays ou l'achat récent de 20 millions de cachets du traitement de Pfizer. Par ailleurs, il a assuré que son programme «Build Back Better» allait permettre de faire baisser les factures des ménages américains, qui font face à une forte augmentation des prix depuis quelques semaines. Pour autant, cette lutte contre l'inflation sera un effort de «longue haleine» selon le démocrate. «Je n'ai pas trop promis», assure le président des Etats-Unis, qui voulait notamment faire passer l'intégralité de son plan économique et social pendant la première année de son mandat, ce qui n'a pas été le cas. Il a cependant expliqué que des «morceaux» du plan social devraient être ratifiés avant l'automne prochain. De plus, la réforme électorale, qui doit protéger l'accès au vote des minorités, a toutes les chances d'échouer au Congrès. «Cela a été une année de défis mais aussi une année d'énormes progrès», affirme-t-il. Une opposition farouche Concernant ses échecs, l'ancien vice-président de Barack Obama a notamment critiqué l'opposition. Il a ainsi expliqué qu'il n'avait pas «anticipé» un tel degré d'opposition de la part des Républicains. Il n'est cependant pas revenu en longueur sur les quelques démocrates qui empêchent certaines de ses lois d'être validées au Sénat, comme Joe Manchin, élu de Virginie-Occidentale. Joe Biden a eu la malchance de voir sa première année de mandat coïncider avec la seconde année de la pandémie de Covid-19, pandémie qui ne semble pas vouloir finir. A ce propos, les républicains ont adopté la stratégie qui consistait à résister aux mesures sanitaires comme l'obligation vaccinale ou le port du masque, afin de "décrédibiliser Biden", ce qui fait que la pandémie est toujours présente, comme un nuage toxique dominant le pays. Et de ce fait, la lutte contre ce spectre qu'est le Covid et ses descendants absorbe toutes les énergies politiques, qui auraient pu être investies ailleurs, érodant la patience et la bonne volonté des Américains même démocrates. Division démocrate Reste que l'obstruction républicaine n'explique pas tout. Si Joe Biden semble surpris par son ampleur, il avait pourtant connu une situation similaire, lorsqu'il était le vice-président de Barack Obama. Qui plus est, la suite de son agenda législatif coince aujourd'hui au Sénat en raison, avant tout, des divisions dans son propre camp. Deux sénateurs démocrates élus dans des Etats conservateurs, Joe Manchin en Virginie-Occidentale et Kyrsten Sinema en Arizona, se dressent en effet sur sa route. Ils refusent de voter la loi «Build Back Better» («Reconstruire en mieux»), le volet écologique et social du plan infrastructures, 1750 milliards de dollars de dépenses supplémentaires. Face à ce blocage, Joe Biden dit ne pas vouloir revoir ses priorités à la baisse. Il concède toutefois qu'il devra peut-être scinder sa loi en petits morceaux pour faire passer les mesures qui font consensus. L'autre texte phare poussé par l'administration Biden, une loi fédérale visant à protéger l'accès au vote des minorités, a aussi été enterré à cause de Joe Manchin et Krysten Sinema. Joe Biden a suggéré, sans entrer dans les détails, qu'il pourrait signer des décrets faute de loi. Pour revenir à la conférence de presse et son impact sur la popularité de Biden auprès des électeurs, un sondage Gallup, avance que 40% des Américains ont une bonne image de lui, contre 57% il y a un an. Selon lui, ces chiffres sont notamment dû au fait qu'il n'a pas pu aller suffisamment sur le terrain à cause du «Covid et de ce qu'il se passe à Washington». Selon lui, les citoyens n'ont pas pu avoir une vraie vision de sa «sincérité», et il a donc prévu de «sortir plus souvent».
Le Sénat enterre la réforme électorale Deux sénateurs démocrates ont voté avec les républicains, infligeant une nouvelle défaite au président américain pour l'anniversaire de sa première année à la Maison Blanche Pour Joe Biden, c'est un échec cinglant qui résume bien sa première année difficile à la Maison Blanche. Mercredi soir, le Sénat a porté le coup de grâce à la grande réforme électorale défendue par le président américain. Deux démocrates se sont joints aux républicains pour défendre la règle nécessitant une majorité qualifiée de 60 élus sur 100 pour adopter l'essentiel des projets de loi. Joe Biden s'est dit « profondément déçu » mais « déterminé à défendre le droit de vote ». L'ironie, c'est que les démocrates centristes Joe Manchin et Kyrsten Sinema ont d'abord voté en faveur du John Lewis Voting Rights Act. Ce projet de loi était censé, selon les démocrates, garantir l'accès aux urnes des minorités en réponse aux restrictions votées par une vingtaine d'Etats républicains après la présidentielle de 2020. Mais les règles sont telles au Sénat qu'une simple majorité ne suffit pas pour adopter un texte, à l'exception de ceux touchant au budget ou pour la confirmation des juges.