Le ministère de la Santé devrait-il prendre une nouvelle série de mesures restrictives pour contrer Omicron suite à la détection du premier cas de contamination ? Voici les précisions des membres du Comité National Technique et Scientifique Consultatif de Vaccination. A peine quelques heures après la publication d'un communiqué publié mardi 14 décembre, où le ministère de la Santé met en garde contre le danger de l'abandon des mesures de prévention et de précaution contre le Covid-19, un autre communiqué annonce la détection du premier cas du variant Omicron. Contactés par nos soins juste avant cette deuxième annonce, des membres du Comité National Technique et Scientifique Consultatif de Vaccination nous ont expliqué que la mise en garde est faite compte tenu de plusieurs facteurs. « Ce n'est pas un choix. Cela traduit une réalité. Nous avons une situation épidémiologique relativement stable par rapport à ce qui se passe au niveau international où la situation épidémiologique est extrêmement dégradable. Le taux de contamination y est très élevé. Nous ne sommes pas à l'abri de tout cela », nous explique le Pr Moulay Mustapha Ennaji, directeur du laboratoire de virologie de l'université Hassan II de Casablanca, et membre du Comité National Technique et Scientifique Consultatif de Vaccination. Les tests PCR ne séduisent plus ? Si on entendait beaucoup parler des tests de diagnostic du Covid-19 depuis le début de la pandémie, cette tendance semble retomber ces trois derniers mois. Cette baisse n'est pas sans conséquences sur l'évolution de la situation épidémiologique du royaume. « La baisse des tests diagnostics pratiqués est expliquée par la baisse des cas positifs quotidiens. Ce qui est le plus important est le taux de positivité des tests qui restent entre 1 à 2%. Le nombre de tests augmentera dès que la situation épidémiologique changera avec une augmentation importante des cas hebdomadaires, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui », nous détaille le Professeur de réanimation Saïd Moutaouakkil, également membre du Comité. Malgré ces indicateurs dans le vert, le contexte de relâchement total de la population, marqué par un changement dans l'évolution de la courbe épidémiologique nationale, s'est caractérisé par une hausse des cas de contaminations ces deux dernières semaines, affirme le ministère dans son communiqué. Omicron, une menace qui s'approche Le virus est toujours parmi nous, souligne le ministère, en rappelant aussi les risques liés à l'émergence et la propagation du variant Omicron dans de nombreux pays du monde. Dans cette optique, le ministère de la Santé et de la Protection Sociale met en garde contre le danger du non-respect des mesures barrières et table sur la nécessité de prendre toutes les précautions pour éviter toute dégradation épidémiologique. « On n'a pas de traces d'Omicron au Maroc. Pour freiner la circulation du virus, nous devons conserver notre bouclier vaccinal et même l'amplifier et le renforcer », a préconisé le Pr Moulay Mustapha Ennaji. Compte tenu de tous ces éléments, le ministère appelle premièrement au retour rapide et immédiat au respect des mesures préventives à travers la nécessité de porter le masque correctement, le lavage fréquent des mains ou désinfection, et éviter les rassemblements inutiles et le respect de la distance de sécurité. De plus, les personnes non encore vaccinées ou incomplètement vaccinées sont appelées à se diriger le plus rapidement vers les centres de vaccination pour recevoir la première, la deuxième ou la troisième dose de rappel. Un signe avant-coureur ? Par le même communiqué, le ministère affirme que le variant Omicron n'est pas encore détecté mais n'exclut pas sa présence. Un avis qui précède un éventuel retour vers le couvre-feu nocturne ? « Non, pas du tout », nous répond catégorique- ment le Pr Mustapha Ennaji qui se veut rassurant. Un avis partagé également par le Pr. Saïd Moutaouakkil, qui ne pense pas que le communiqué en question va dans ce sens : « Mais il attire l'attention des populations à respecter les mesures barrières et de se réengager dans la campagne de vaccination et surtout la troisième dose et de rester vigilant quant à la possibilité de dégradation de la situation épidémiologique ». Ainsi, le royaume, notamment le comité scientifique et technique, est aux aguets, tout en invitant les citoyens à participer à la campagne nationale de vaccination contre le Covid-19, et en maintenant la fermeture de ses frontières aériennes. 3 questions à Said Moutaouakkil « Les vagues qui frappent l'Europe risquent de nous toucher dans 2 à 3 mois » - Le ministère de la Santé met en garde contre une dégradation probable de la situation épidémiologique. Quel commentaire en faites-vous ? - La situation épidémiologique mondiale est actuellement ins- table dans la mesure où l'Europe entière connaît une cinquième vague qui touche essentiellement les non vaccinés avec un impact important au niveau des pays qui connaissent un faible taux de vaccination comme la Russie et l'Autriche. D'autre part, le monde connaît aussi l'émergence du nouveau variant Omicron qui se diffuse largement dans tous les pays du monde. Pour le Maroc, la situation épidémiologique est stable avec une légère augmenta- tion des cas hebdomadaires. Cette situation risque d'être déstabilisée par une nouvelle vague. Nous sa- vons que les vagues qui frappent l'Europe risquent de nous toucher dans un délai de 2 à 3 mois. C'est pourquoi les autorités marocaines ont pris des décisions anticipa- tives pour éviter cette vague ou la retarder. - A quel point le relâchement total de la population participe-t-il au changement de l'évolution de la courbe épidémiologique nationale ? - Nous constatons un non-respect des mesures barrières partout dans le pays malgré la situation épidémiologique instable dans les pays du voisinage européen, d'autant plus que la campagne de vaccination connaît un ralentissement incompréhensible, malgré les mises en garde. Cette situation risque d'aggraver les conditions sanitaires et d'être responsable d'une nouvelle vague avec toutes ses conséquences. Notons que les populations non vaccinées risquent de payer le tribut le plus lourd de l'épidémie comme en Europe. - Quid de l'opération de vaccination? - La campagne de vaccination connaît depuis quelques semaines un véritable ralentissement pour les trois doses et surtout la troisième. Ce comportement risque de déstabiliser le système de santé.