Avec la légalisation au Maroc de l'usage du cannabis à des fins médicales, pharmaceutiques et industrielles, les agents marocains du textile et de l'habillement cherchent à saisir les vastes opportunités offertes par le chanvre industriel. L'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (AMITH) a présenté, le 30 novembre à Casablanca, une nouvelle feuille de route pour l'industrie textile marocaine à l'horizon 2035. Jalal Skalli, vice-président de l'AMITH, a déclaré que la légalisation de la culture du cannabis par le Maroc offre une « opportunité indéniable pour l'industrie textile marocaine ». Depuis l'adoption de la loi régissant les usages licites du cannabis à des fins médicales, cosmétiques et industrielles, les agents textiles attendent la mise en place de l'Agence nationale de régulation du cannabis pour explorer les opportunités offertes par le chanvre, a-t-il déclaré. De son côté, la directrice générale de l'AMITH, Fatima-Zahra Alaoui, a relevé que le Maroc se dote d'atouts à savoir une position géostratégique et un savoir-faire reconnu avec 6 filières de référence, notamment la maille, le denim et la chaine de trame. Malgré la crise sanitaire, divers opportunités se présentent pour le secteur, a-t-elle souligné, notant qu'il s'agit de l'essor de la mode éthique et durable, la taxe carbone européenne et l'innovation au service d'une industrie textile 4.0. A travers la nouvelle vision, « nous voulons faire de l'industrie textile marocaine une plateforme durable et compétitive grâce à quatre leviers de réussir cette mutation à savoir l'agilité, l'innovation, la qualité et l'éco-responsabilité », a-t-elle précisé. A l'horizon 2035, l'AMITH ambitionne notamment d'augmenter la valeur des exportations marocaines à 60 milliards de dirhams, et porter la part des exportations marocaines sur les marchés d'Amérique du Nord et d'Europe du Nord à 20% du total des exportations, a fait savoir Mme Alaoui. L'utilisation du chanvre dans les textiles ouvrira la voie à la création d'un écosystème pour la transformation de la plante en fibre, tissu et fil tout en encourageant la marque « Made in Morocco » en développant un produit 100% marocain. Le Maroc est bien connu dans le monde pour produire du cannabis de haute qualité et des produits connexes, mais comme l'utilisation de la plante n'est toujours pas entièrement légalisée, le commerce illégal est estimé à au moins 15 milliards de dollars. Le rapport 2020 du Conseil Economique, Social et Environnemental du Maroc (CESE) a indiqué que 86% des Marocains considèrent la légalisation du cannabis comme une source potentielle de développement économique du pays, tandis que 79% pensent que sa culture devrait être légalisée.