Le Maroc n'est considéré actuellement comme une « menace » pour Sebta et Melillia, bien qu'il ait pris des mesures dans la soi-disant « zone grise », a déclaré le chef d'état-major de la défense (JEMAD), l'amiral Teodoro López Calderón. S'exprimant lors d'un colloque au Club Siglo XXI, organisé le 29 novembre à Madrid, le chef des forces armées espagnoles a souligné que le principal « rival » du Maroc est actuellement l'Algérie, et que le « problème le plus grave » auquel il est confronté est le conflit avec le Polisario au Sahara. En conséquence, il ne considère pas le stockage d'armes par le Maroc ces dernières années comme une « menace claire pour l'Espagne » ni pour Sebta et Melillia «en tant que partie intégrante de l'Espagne».
Dans ce sillage, l'amiral a affirmé que le Maroc «n'a jamais exprimé son désir d'annexer les deux villes autonomes par la force», ajoutant que son pays dispose d'une capacité de dissuasion « qui ne concerne pas seulement les forces armées ».
L'Observatoire de Sebta et Melillia a publié, lundi 29 novembre, le rapport « Les prétentions du Maroc sur Sebta et Melilla », qui confirme que le Maroc a pris récemment de nombreuses mesures vis-à-vis de l'Espagne, et des deux villes. Ces mesures constituent, selon ledit rapport, une stratégie pour proclamer, tout en évitant la confrontation avec le gouvernement espagnol, la souveraineté marocaine sur ces deux enclaves.
Le document passe en revue les mesures prises par le Maroc ces dernières années pour voir si elles s'inscrivent dans ce que les géopoliticiens appellent «zone grise», qui vise à modifier le «statu quo» avec un autre pays, en l'occurrence l'Espagne, et ainsi parvenir à «des fins similaires à celles d'une guerre, mais sans guerre».
Pour mémoire, le gouvernement espagnol a protesté la semaine dernière contre la création d'une ferme piscicole marocaine au large de l'archipel des îles Zaffarines, dans la province de Saïdia.
Le ministère espagnol des Affaires étrangères, dans un message adressé à l'ambassade du Maroc à Madrid, a dénoncé cette installation, soulignant qu'elle a été réalisée «dans les eaux territoriales espagnoles, sans les permis nécessaires pour cette activité». De même, Madrid a annoncé avoir engagé une procédure pour sanctionner la société piscicole espagnole qui a installé des cages à poissons pour le compte de la société marocaine propriétaire de cette ferme piscicole.
L'Espagne a également envoyé, en mission d'observation, le patrouilleur Infanta Cristina près des îles Zaffarines. L'état-major espagnol aposté des photos du navire à deux pas des côtes marocaines sur son compte Twitter.