Les généraux de l'armée espagnole ont mis au point un plan de renforcement du contrôle du détroit dont l'application nécessitera un budget colossal. Une occasion pour eux de s'enrichir davantage. L'armée espagnole a décidé de renforcer sa présence autour de l'îlot marocain Tourah, dans les eaux territoriales marocaines à proximité des villes spoliées de Sebta et Melillia, les îles Jaafarines ainsi que tous les îlots marocains occupés par l'Espagne. Ce renforcement du dispositif militaire espagnol dans la région entre dans le cadre du nouveau système de contrôle instauré par le ministère de la Défense et le commandement de l'état-major de l'armée ibérique après les événements de l'été dernier. Ainsi, après la restructuration administrative décidée il y a quelques semaines, qui a concerné notamment la création d'un commandement unique pour les trois armées (air-terre-mer) dirigé depuis Sebta, la Défense espagnole s'occupe actuellement de la réorganisation du dispositif militaire. De source informée, on apprend que l'armée espagnole aurait mis sur pied un plan pour transformer le dispositif militaire urgent, activé pendant la crise de l'îlot marocain de Tourah, en un système structurel et permanent. Ce plan, qui serait l'œuvre de l'amiral d'action maritime, Luis Roca, dont le poste a été créé au mois de septembre, consisterait en une présence permanente des unités de guerre navales, ariennes et terrestres avec un renforcement en nombre et en armement. Rappelons qu'à l'occasion de l'invasion par l'armée espagnole de l'îlot marocain de Tourah, le ministère de la Défense espagnol avait mobilisé dans la région du détroit trois frégates, deux corvettes, un navire d'assaut amphibien, un sous-marin et plusieurs avions de chasse ainsi que des hélicoptères militaires. Mais, après l' accord avec le gouvernement marocain sur le retour au statu quo, les Espagnols ont refusé d'ordonner le retrait de leurs forces et ont opté pour leur maintien dans la région. Elles ont même été renforcées dernièrement par deux corvettes et cinq patrouilleurs. Ce qui était donc provisoire est devenu une situation permanente. Le nouveau plan, élaboré par le ministère espagnol de la Défense et qui entre en phase d'application dans les prochaines semaines, est basé sur plusieurs éléments que l'amiral Roca a proposés. D'abord, il a été décidé d'intensifier la couverture militaire du détroit par l'augmentation du nombre d'unités marines notamment par la mobilisation de quatre nouvelles corvettes et de vingt patrouilleurs. Aussi, la marine espagnole dotera certaines de ses nouvelles unités navales déployées dans la région par des missiles de croisière mer-terre dont la portée varie entre 110 et 1800 kilomètres selon la balistique utilisée. Ces missiles sont de la même famille que les célèbres Tomahawks utilisés par l'armée américaine. Rappelons que chaque missile de ce type coûterait à l'armée espagnole l'équivalent d'un million de dollars US. Cet arsenal sera monté sur des frégates de type F-100 et sur des sous-marins du modèle S-80. Outre la tension diplomatique existant entre le Maroc et l'Espagne, présentée par le gouvernement Aznar comme la raison principale de cette mobilisation, certains observateurs l'attribuent à d'autres motivations. En fait, estiment-ils, la mise en application de ce plan, militairement inutile puisque le Maroc ne peut être considéré comme un pays hostile puisqu'il a toujours préféré les solutions diplomatiques, nécessite un budget énorme ce qui explique l'empressement de certains dirigeants militaires et civils à le réaliser. Les généraux espagnols, dont la plupart sont des franquistes corrompus ayant survécu à la transition, ne font que s'enrichir davantage avec la conclusion de marchés d'armement. C'est pour cette raison qu'ils fomentent et nourrissent le conflit et la tension avec le Maroc à travers leurs services secrets. L'Histoire récente de ce pays abonde en exemples de cette corruption. Il suffira de rappeler l'affaire du fameux Luis Roldan qui a subtilisé des milliards des fonds réservés de l'armée espagnole et qui se trouve actuellement en liberté conditionnelle.