La Maroc n'a jamais autant maîtrisé la pandémie, après la vague Delta. Les indicateurs sont au vert depuis la 13ème semaine consécutive, dont la mortalité qui ne cesse de chuter au moment où la cinquième vague sévit en Europe. Des experts nous en expliquent les raisons. Eclairage. La pandémie semble redéployer ses forces partout dans le monde, surtout en Europe, frappée de plein fouet par une nouvelle vague, ayant obligé certains pays à reconfiner leurs populations. Bien que proche du vieux continent, le Maroc semble, pour le moment, à l'abri de la menace, compte tenu de la situation épidémiologique au Royaume qui demeure maîtrisée. Les cas positifs ont, quant à eux, chuté de façon spectaculaire passant d'une moyenne hebdomadaire de 2300 cas en septembre dernier à 103 au mois de novembre. Idem pour les décès qui ont diminué plus drastiquement ces derniers jours, seuls 4 décès ont été consignés, mercredi. Depuis le début de la semaine courant, le nombre des cas quotidiens de décès n'a pas dépassé 10, sachant qu'aucun cas n'a été signalé, dimanche 21 novembre. La mortalité recule Cette embellie a été confirmée par le bilan bimensuel du ministère de la Santé qui fait état de l'amélioration des indicateurs épidémiologiques. Selon Mourad Mrabet, Coordonnateur du Centre national des opérations d'urgence de santé publique du ministère, le nombre des décès a chuté de façon significative pour la treizième semaine d'affilée, la mortalité a baissé de 40% pendant la semaine du 15 au 22 novembre, par rapport à la semaine précédente, sachant que seuls 18 morts ont été enregistrés. Le recul des décès est concomitant à celui des cas critiques qui sont restés sur une tendance baissière avec seulement 39 nouvelles admissions dans les services de réanimation et de soins intensifs, durant la dernière quinzaine. Force est de constater qu'il s'agit du bilan le plus bas jamais enregistré depuis juin 2020. En somme, le système de santé n'a jamais été si relaxé, la pression ne pèse plus sur les services de réanimation qui ne sont occupés qu'à hauteur de 2,06%. Cela dit, la hantise de la saturation ne contrarie plus l'esprit des décideurs, qui se sont débarrassés des restrictions sanitaires, tout en mettant en place le passeport vaccinal comme mesure alternative. La vaccination fait ses preuves Selon Jaâfar Heikel, épidémiologiste et spécialiste des maladies infectieuses, ces acquis sont le résultat d'un package de mesures ayant fait ses preuves, dont la plus importante est la vaccination qui réduit le risque des formes graves chez les personnes vaccinées. Notre interlocuteur réitère les vertus du vaccin, qui réduit de 85% à 90% le risque d'hospitalisation. Le parallèle entre la vaccination et la chute des cas de décès est palpable au niveau mondial. Les données du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies montrent que les pays ayant le plus vacciné ont moins de décès que les autres. Plus la proportion de la population totalement vaccinée est élevée, moins est le nombre de morts par 1 million de personnes. Les pays au-delà de 70% enregistrent généralement moins de 35 cas de décès en deux semaines. Au Maroc, on est à 67,7% des personnes ayant eu la première dose et à 62% de la population totalement vaccinée. La préservation des acquis demeure tributaire de la campagne de vaccination. Cinquième vague : le Maroc menacé Malgré l'amélioration du tauxde mortalité, il serait un peu présomptueux de dire qu'on est sorti de l'auberge, étant donné la cinquième vague qui fait des ravages en Europe. Cependant, même en cas de son arrivée au Maroc, il ne faut pas craindre une hécatombe, estime Jaâfar Heikel, épidémiologiste et spécialiste des maladies infectieuses, qui estime que nous serons à l'abri d'une hausse de la mortalité pourvu qu'on continue l'effort de vaccination. Selon notre interlocuteur, le Maroc maîtrise actuellement la situation, rappelant également que la Covid-19 n'est pas plus meurtrière que d'autres pathologies. En effet, le taux de guérison est 98%, ce qui signifie que l'écrasante majorité des cas de Covid-19 finissent par se rétablir. « Ce qu'il faut craindre, c'est la circulation du virus au sein de la population vulnérable, c'est-à-dire les personnes âgées ou porteuses de maladies chroniques », affirme M. Heikel. Par ailleurs, prenant en compte la menace que présente la nouvelle vague en Europe, le ministère de la Santé a appelé à la vigilance, tout en affirmant avoir gardé l'oeil ouvert sur ce qui se passe dans le vieux continent. Anass MACHLOUKH Repères Le Maroc renforce la surveillance aux frontières À la suite de la flambée des cas observée en Europe, le Maroc a renforcé son dispositif de contrôle aux frontières pour surveiller les nouveaux entrants avec des dispositifs de contrôle de température à l'entrée des aéroports. Le royaume a annoncé un durcissement des conditions d'accès sur son territoire pour les voyageurs passant par les aéroports. Ces derniers doivent présenter un passeport vaccinal complet. En outre, les voyageurs sont obligés de télécharger et remplir un formulaire contenant l'adresse et les numéros de téléphone. L'objectif est de les localiser, dans les jours suivant l'arrivée au royaume.
Le taux de positivité des tests au plus bas Le Maroc renforce la surveillance aux frontières À la suite de la flambée des cas observée en Europe, le Maroc a renforcé son dispositif de contrôle aux frontières pour surveiller les nouveaux entrants avec des dispositifs de contrôle de température à l'entrée des aéroports. Le royaume a annoncé un durcissement des conditions d'accès sur son territoire pour les voyageurs passant par les aéroports. Ces derniers doivent présenter un passeport vaccinal complet. En outre, les voyageurs sont obligés de télécharger et remplir un formulaire contenant l'adresse et les numéros de téléphone. L'objectif est de les localiser, dans les jours suivant l'arrivée au royaume. Selon le bilan bimensuel de la situation épidémiologique des deux dernières semaines, le taux de positivité des tests effectués au Maroc du 8 au 22 novembre a enregistré son niveau le plus faible. Lors de sa présentation du bilan, Mourad Mrabet a fait état de 0,09% de cas déclarés positifs à l'issue des tests, soit le taux le plus bas depuis le mois de juin dernier. L'info...Graphie Vaccination La campagne peine à se relancer
Malgré les incitations des autorités, la campagne de vaccination n'est pas parvenue à reprendre son rythme observé durant les premiers jours de la mise en place du pass vaccinal. Le pays peine à dépasser le seuil de 24, 5 millions de primo-vaccinés et de 23 millions de personnes entièrement immunisées. Mercredi, 4377 personnes ont reçu la première dose, tandis que 18.970 ont achevé le schéma des deux doses. Quant à la troisième injection, 7.472 l'ont reçue, le même jour, le total des troisièmes doses administrées jusqu'à présent a atteint 1,62 million. Rappelons qu'on enregistrait pendant la saison estivale plus de 100.000 doses par jour, avant que le rythme ne baisse ces dernières semaines. Plusieurs observateurs attribuent cela à l'effet boomerang qu'a eu le pass vaccinal. (Voir trois questions à ...).
Pandémie L'Europe ravagée par une cinquième vague surprenante
Alors qu'on pensait en finir avec la pandémie après l'avancement des campagnes de vaccination dans plusieurs pays du Monde, surtout en Occident, la pandémie garde toujours une force d'attaque tout aussi puissante qu'auparavant. L'Europe demeure le continent le plus touché par la recrudescence du virus. Plusieurs pays ont été envahis par la cinquième vague, à savoir l'Allemagne, la France, le Royaume Uni, l'Autriche et les Pays-Bas. L'Allemagne a connu une flambée des cas positifs qui sont passés d'une moyenne quotidienne de 19.000 cas au début du mois de novembre à 54.600 cas observés actuellement. Le pays est tellement débordé que la Chancelière allemande Angela Merkel a reconnu que les restrictions ne sont plus suffisantes pour stopper l'hémorragie. Celle-ci a qualifié la situation de dramatique. Les cas de décès ont connu une hausse soutenue. En France, la situation n'est pas aussi grave, tout en restant inquiétante. Plus de 32.000 cas ont été enregistrés le 24 novembre, sachant que la moyenne hebdomadaire des cas positifs atteint 21.767 cas. En dépit de cela, le gouvernement français écarte la possibilité d'appliquer de nouvelles restrictions, faisant confiance au passeport vaccinal. La France, rappelons-le, est parmi les rares pays ayant instauré le pass sanitaire. Si la France refuse de confiner, d'autres pays n'ont pas hésité à le faire, c'est le cas de l'Autriche, dont le chancelier Sebastian Kurz a annoncé sa volonté de confiner les personnes non vaccinées. Idem pour les Pays-Bas qui ont réinstauré les restrictions, provoquant une colère populaire qui s'est traduite par des manifestations et des émeutes. La situation en Europe inquiète particulièrement l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Mardi 23 novembre, l'Organisation a déclaré que la pandémie de Covid-19 "pourrait déboucher sur 700.000 morts supplémentaires sur le continent, portant le nombre total de décès à 2,2 millions d'ici le printemps".
3 questions à Tayeb Hamdi « La troisième dose sera nécessaire pour braver le risque d'une éventuelle vague »
Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, a répondu à nos questions sur le recul de la mortzlité due au Covid-19 et le risque d'une nouvelle vague. - Le nombre de décès a fortement reculé ces dernières semaines, qu'est-ce qui explique cette chute ? - En effet, ce recul des cas de décès qu'on observe actuellement est lié au recul de la pandémie au Maroc de façon générale. Force est de constater que les cas positifs ont chuté également sachant que les contaminations ont continué leur tendance baissière, en reculant, lors de la dernière semaine écoulée, de 16% par rapport à la semaine précédente. S'ajoute à cela la chute du taux de positivité des tests. Donc, on ne peut pas dissocier le recul de la mortalité de la chute des cas positifs. - Est-ce que la vaccination est derrière ce recul de la mortalité ? - Oui, effectivement. Il est évident que la vaccination d'une grande proportion de la population marocaine a eu un effet positif sur la baisse de la mortalité. Ceci s'explique par le fait que les personnes vaccinées transmettent moins le virus que celles qui ne le sont pas. S'ajoute à cela le rôle incontestable des vaccins sur la réduction de la transmissibilité et du risque des formes graves. Je vous rappelle que les personnes immunisées sont 12 fois plus protégées. En somme, plus la proportion de la population vaccinée est grande, moins la mortalité est élevée. J'ajoute que la troisième dose est tout aussi importante pour préserver les acquis, plus on avance dans l'administration des troisièmes injections, surtout pour la population fragile, plus on sera en position de force pour faire face à une nouvelle vague. - Le rythme de la campagne de vaccination a palpablement reculé, pourquoi ? - La campagne de vaccination n'avance plus comme c'était le cas des mois auparavant à cause des mesures qui ont été prises récemment et qui ont, malheureusement, donné l'effet inverse. L'instauration rapide du pass vaccinal et la généralisation de la troisième dose d'un seul coup ont découragé les gens et surtout les personnes hésitantes qui se sont aussitôt abstenues sous l'influence des fake news. Donc, j'estime qu'il faut donner le temps aux gens pour comprendre les mesures sanitaires telles que le pass vaccinal qui demeure indispensable pour assurer l'atteinte de l'immunité collective. Recueillis par A. M.