Le couvre-feu en vigueur, depuis le début de la crise sanitaire en mars 2020, n'est plus d'actualité. Ainsi en a décidé le gouvernement s'appuyant sur les bonnes performances de la campagne de vaccination. Seulement voilà, les spécialistes alertent sur un possible effet boomerang. Les Marocains avaient beaucoup misé sur le nouveau gouvernement pour se libérer des mesures contraignantes imposées par le nouveau coronavirus. Le moins que l'on puisse dire, à ce stade, c'est que leurs espoirs n'ont pas été déçus. Le couvre-feu en vigueur depuis les premiers mois de la crise sanitaire en 2020, et qui est passé de 18h à 20h et récemment à 23h, vient d'être levé en raison de l'amélioration de la situation épidémiologique dans le Royaume. À la surprise générale ou presque, l'annonce a été faite, mardi, par le gouvernement qui soutient que cette décision fait «suite aux résultats positifs réalisés dans le cadre de la campagne nationale de vaccination». Comme le montre le tableau de bord du ministère de la Santé, la circulation du virus a nettement ralenti depuis plusieurs semaines au Maroc. Si, au total, près de 950.000 cas, dont 14.726 décès, ont été comptabilisés depuis le début des dépistages en mars 2020, les derniers recensements des cas de Covid-19 ne laissent aucun doute sur la fin de la troisième vague. En effet, les infections ont chuté de 33% sur la période allant du 25 octobre au 8 novembre, avec 1.251 cas enregistrés au cours de la semaine écoulée. Ce qui est le bilan hebdomadaire le plus bas depuis plus de cinq mois au Maroc, a souligné le chef de la Division des maladies transmissibles au ministère, Abdelkrim Meziane Belfkih, lors de la présentation du bilan bimensuel de la situation épidémiologique. Le responsable a souligné que la baisse des cas positifs, pour la 4e semaine d'affilée, concerne tout le pays, avec moins de 25 cas pour 100.000 habitants. Par ailleurs, le taux de reproduction du virus (R0) a également poursuivi son recul pour se maintenir sous la barre de 1 (0,87 pour dimanche dernier), a ajouté Abdelkrim Meziane Belfkih. Risques de nouveaux foyers de contamination Les cas graves ou critiques de Covid-19 au Maroc ont connu, également, une baisse de 30% au cours des deux dernières semaines, a-t-il fait savoir. De quoi encourager le gouvernement à aller plus loin dans sa logique d'allègement. À ce propos, les autorités ont également décidé d'autoriser, de nouveau, les déplacements entre les préfectures et les provinces «sans présentation d'aucun document», et l'organisation de funérailles et de fêtes. Si les décisions seront évaluées régulièrement à la lumière de l'évolution de la situation sanitaire et que le pass vaccinal anti-Covid, lancé le 21 octobre, reste obligatoire pour voyager à l'étranger et accéder à tous les lieux clos, à savoir les hôtels, cafés et restaurants, le cinéma, les salles de sport et les hammams, mais aussi les administrations, les spécialistes alertent sur un possible effet boomerang qui pourrait replonger le Maroc dans une nouvelle vague. «Il faut la juste mesure des choses en maintenant les gestes barrière tout en permettant aux gens de revenir à leur vie sociale et économique», recommande un spécialiste. Une alerte à prendre au sérieux d'autant plus que les cas de contamination ont récemment explosé en Europe. Dès lors, en allégeant les conditions d'entrée sur le territoire marocain pour les voyageurs en provenance du Vieux continent, le Maroc s'expose à des cas de Covid-19 importés. Ce qui pourrait réduire à néant les sacrifices consentis jusqu'ici. Cette mise en garde est également valable pour certains professionnels comme les gérants des boîtes de nuit, bars et restaurants, aux anges après la décision du gouvernement de lever définitivement le couvre-feu à partir de mercredi. Selon Le Site info, les night-clubs pourront enfin rouvrir leurs portes, au grand bonheur des clients et des professionnels du secteur. Des moments de retrouvailles longtemps attendus qui peuvent créer des foyers de contamination. Pendant ce temps, si le gouvernement mise sur sa campagne de vaccination pour enrayer la pandémie alors que plus de 24 millions de personnes (sur 36 millions d'habitants) ont reçu la première dose de vaccin et quelque 22,3 millions la deuxième, les centres de vaccination reçoivent peu de gens actuellement, contrairement aux rushs au lendemain de la mise en vigueur du pass sanitaire. Dans le même registre, si une large majorité de la population participe à la campagne de vaccination, le caractère obligatoire du pass soulève, quant à lui, des protestations dans la rue et sur les réseaux sociaux. Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO