Les données officielles, révélées par le Parquet, indiquent que 19.926 demandes de mariage de mineurs ont été émises par les tribunaux marocains en 2020, avec 13.335 demandes ayant obtenu une autorisation légale. Les traditions patriarcales font toujours obstacle à la mise en œuvre effective des réformes progressistes que le Maroc a entreprises ces dernières années. Quelques 13.335 autorisations de mariage de mineurs ont été délivrées en 2020, tel a été révélé lors d'un séminaire tenu par le Ministère public avec le ministère de l'Education nationale dans la ville de Ben Guerir. Le procureur général près la Cour de Cassation, Président du Ministère public, Moulay El Hassan Daki, a indiqué que les tribunaux marocains avaient reçu 19.926 demandes d'autorisation d'épouser une mineure. « Si les juges ne sont pas responsables du grand nombre de demandes visant à marier des mineures, alors nous en sommes tous responsables », a-t-il déclaré, appelant les juges à ne pas vider l'exception législative de son contenu et à se soucier de l'intérêt de l'enfant. En 2011, le Maroc a interdit le mariage des mineurs tout en réformant le Code de la famille marocain. La même année, le ministère marocain de la Justice et des Libertés a signalé que ces mariages représentaient 11,9% de tous les mariages, enregistrant une augmentation de 0,9%. Bien que 2012 ait connu une légère baisse de 1% des mariages de mineurs dans le pays, le taux a progressivement augmenté depuis. En 2020, le nombre de mariages impliquant des mineurs représentait 6,48 % du total des mariages au Maroc, montrant une légère - mais insignifiante - diminution depuis 2015. Alors que le mariage des mineurs est illégal selon le Code de la famille marocain, le même code prévoit la possibilité d'exemption dans certaines circonstances soi-disant spéciales. Plus précisément, le code stipule qu'un juge a le pouvoir d'autoriser les mariages de mineurs en vertu de l'article 16 dudit code, créant une échappatoire qui empêche l'éradication du mariage des enfants au Maroc. En plus de cette lacune juridique, les mariages ''Al Fatiha'' - mariages sans papiers conformes à la loi musulmane coutumière - fournissent un canal détourné pour épouser des enfants, notamment dans les zones rurales. Ces mariages sont d'autant plus problématiques qu'ils sont non quantifiables et qu'une fois présentés devant un tribunal, le juge n'a d'autre choix que de recourir à l'article 16 du code de la famille pour les approuver. Bien que le Maroc ait procédé à certaines des réformes les plus progressistes de la région MENA, les traditions et les normes patriarcales font toujours obstacle à la traduction de ces politiques en résultats tangibles, selon une étude Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF). Les données compilées par l'UNICEF dans le cadre d'une enquête menée en 2020 indiquent que l'autorité familiale et l'accès restreint à l'éducation exposent les jeunes filles à un risque plus élevé de mariage précoce. A cela s'ajoute, selon la même enquête, de nombreux avantages socio-économiques dont bénéficieraient surtout les jeunes filles, notamment une dot plus élevée allégeant le fardeau de la famille et préservant son honneur en évitant les grossesses hors mariage.