Qui dit Internet, dit connexions entre plusieurs types de réseaux qui utilisent le même protocole. Les câbles sous marins sont les infrastructures essentielles utilisées pour la société de l'information et la bataille du cyberspace. Pourtant, plus de 99% du trafic total passe par des lignes sous-marines. Des centaines de câbles de télécommunications, longs de milliers de kilomètres, reposent, aujourd'hui, au fond des océans qui transmettent des données intercontinentales. Véritables autoroutes de l'information, il y aurait environ 420 câbles sous marins dans le monde, pour un total de 1,3 million de km posés. Une guerre des mondes sévit dans le même temps à bas bruit. C'est une guerre hybride pour le contrôle de ces câbles, car celui qui possède le câble peut contrôler le flux de données, les maitriser, éventuellement les espionner et en cas de conflits couper les communications de certaines régions, voire de nations entières. C'est un enjeu vital pour les Etats. La sécurité de ces transactions est une problématique économique et sociale et même politique. Il est indispensable d'agir devant cette problématique de sécurité qui rend le système plus vulnérable à l'espionnage et aux perturbations des flux de données. Le cas du géant chinois Huawei qui a bouleversé le monde avec sa technologie peut être cité dans ce contexte. La connaissance et l'accès de l'entreprise aux câbles sous-marins pourraient permettre à la Chine d'attacher des dispositifs qui détournent ou surveillent le trafic de données. Pour cette raison, des Etats tels que l'Australie ont refusé un contrat permettant la mise en place des câbles par l'entreprise Huawei. Des pays ont ainsi même créé des organisations pour surveiller les données qui transitent dans le monde, à titre d'exemple, l'organisation Fives Eyes, une alliance entre le Canada, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie et la nouvelle Zélande pour contrôler un peu plus de 200 câbles. Il est à noter que 80% des données transitent par les Etats-Unis. De ce fait, suite aux incidences des Fives Eyes, certains pays tel que le Brésil, ont fondé leur propre câble relié à l'Europe pour ne pas passer par les Etats-Unis. La Russie se protège aussi de l'espionnage par ses câbles internationaux. Par conséquent, plusieurs tendances accélèrent les risques pour la sécurité et la résilience de ces câbles. La première est le volume des données croissant circulant sur les câbles ce qui amène les pays à espionner et à perturber le trafic. La seconde est l'intensité capitalistique croissante de ces installations qui mènent à la création de consortiums internationaux impliquant jusqu'à des dizaines de propriétaires qui fabriquent les composants des câbles et de celles qui posent les câbles sur le fond océanique. La multipropriété permet de minimiser les coûts de façon substantielle, mais elle permet également l'entrée dans ces consortiums d'acteurs étatiques qui pourraient employer leur influence pour perturber les flux de données, voire les interrompre dans un scénario de conflit.