Le pass sanitaire est, depuis l'entrée en vigueur jeudi dernier de son obligation, le sésame tant désiré. Les retardataires, ou encore les antivax, se sont retrouvés entre le marteau de l'abstention et l'enclume de la nécessité. Au CHU Ibn Sina, entre autres, les Marocains ont fini par céder. Saluée par les uns et contestée par les autres, la décision du nouveau gouvernement portant obligation du pass sanitaire pour accéder aux endroits publics divise la population. Ceci dit, les citoyens, délibérément ou non, se sont dirigés en masse aux centres de vaccination suite à l'appel du gouvernement qui a incité les non-vaccinés à recevoir leurs deux doses dans les plus brefs délais et les personnes vaccinées, depuis plus de six mois, à se faire injecter une troisième fois, en vue de renforcer leur immunité. Si une catégorie de citoyens, notamment les retardataires, s'est mobilisée après la dernière décision pour aller se faire administrer le vaccin, une autre catégorie s'est trouvée contrainte, afin de pouvoir accéder aux établissements publics tels que les restaurants, hôtels, cafés, salles de sport, hammams et autres espaces fermés, à faire route vers les vaccinodromes et centres hospitaliers. Là-bas, les deux clans se rejoignent, en un afflux massif qui tire une sonnette d'alarme concernant la capacité desdits centres à répondre au besoin accru. Pire encore, la distanciation sociale n'est désormais qu'une illusion. De ce fait, le Centre Hospitalier Universitaire Ibn Sina de Rabat, à l'instar du vaccinodrome de Salé, a connu ces derniers jours un rush énorme. Les retardataires y ont afflué afin de pouvoir se procurer le précieux sésame et les établissements font état de foules nombreuses. Devant le portail du CHU de Rabat, une longue queue d'une centaine de personnes est mise en place attendant la dose permettant, pour la majorité, non pas seulement une immunité contre le Covid-19, mais aussi une vie quotidienne proche de la normale. Après quelques dizaines de minutes à la porte de l'hôpital, les citoyens y accèdent pour faire une autre queue cette fois-ci moins fatigante, avec des chaises mises à leur disposition. En effet, cet afflux est principalement dû au moment choisi par le gouvernement pour annoncer la décision qui a pris tout le monde de court. La mise en place du pass a en effet été annoncée seulement trois jours avant son application. Après un pic de contaminations au Covid-19 cet été, le Maroc recense en ce moment à peine quelques centaines de cas quotidiennement, et le pass sanitaire incitera, voire obligera les six millions de Marocains non encore vaccinés à se faire vacciner permettant ainsi de libérer tous les autres des mesures de restriction. Il est à rappeler que le Maroc est parvenu à vacciner entièrement 21 millions de personnes sur 36 millions d'habitants, soit près de 58% de la population. Il réalise ainsi une performance inégalée sur le continent africain. Achraf EL OUAD Face à l'afflux, aucune pénurie à craindre Concernant la disponibilité des vaccins, le Maroc dispose de suffisamment de doses pour satisfaire la demande nationale, d'autant plus qu'il est attendu une importante production nationale de vaccins dès le début du mois de décembre. Si, pour l'heure, les sources officielles annoncent une production locale du vaccin chinois anti-Covid Sinopharm, la fabrication au Maroc du Spoutnik V n'est plus à exclure. Le ministre de la Santé et de la protection sociale a indiqué, en réponse aux questions des groupes parlementaires, que le nombre des Marocains non vaccinés est de moins de 6 millions. « Moins de 6 millions de personnes nous séparent de l'immunité collective tant attendue », a-t-il déclaré, ajoutant que le défi actuel est d'accélérer la campagne de vaccination afin d'atteindre 80% de vaccinés dans les prochaines semaines.