Frustrés par le blocage des liens aériens entre le Maroc et la Russie, les étudiants marocains tentent désespérément de trouver un moyen pour rejoindre leurs universités. Le lancement des vols exceptionnels fait renaître l'espoir. Détails. Après la suspension des vols entre le Maroc et la Russie, les étudiants marocains qui s'apprêtaient à rejoindre leurs universités ont été pris au dépourvu. Après des jours d'embarras, ces derniers ont reçu une bonne nouvelle. L'ambassade de la Fédération de Russie à Rabat a annoncé que deux compagnies aériennes russes, à savoir Aeroflot et S7 Airlines, ont programmé des vols exceptionnels destinés à rapatrier aussi bien les ressortissants russes au Maroc que les étudiants marocains en Russie. Les compagnies susmentionnées vont évacuer les personnes concernées à partir de l'aéroport Mohammed V de Casablanca. Pris de court par la coupure de la liaison aérienne, les étudiants marocains au pays des tsars se sont trouvés dans une situation difficile, à quelques jours de la rentrée universitaire. Mardi 5 octobre, un communiqué de l'ambassade russe à Rabat est tombé comme un coup de tonnerre sur des centaines d'étudiants marocains qui s'apprêtaient à faire leurs valises. En effet, la mission diplomatique russe a annoncé avoir été avisée d'une décision prise par les autorités marocaines portant sur la suspension des vols entre les deux pays. L'ambassade a justifié cette décision subite, en se contentant de livrer un communiqué laconique « L'Ambassade informe que par décision des autorités marocaines compétentes du 5 octobre de cette année, les vols directs entre la Russie et le Maroc sont suspendus. Les vols en transit à travers des pays tiers ne sont pas soumis à ces restrictions. Nous exhortons les passagers des vols directs annulés à prendre en compte ces informations », lit-on sur le document. Les étudiants pris au piège Ceci a entrainé un arrêt brusque du trafic aérien entre le Maroc et la Russie et a contraint, in fine, la Royal Air Maroc (RAM) à suspendre tous ses vols programmés, et ce, au grand dam de celles et ceux qui ont d'ores et déjà réservé leurs billets. Bien que la compagnie aérienne ait annoncé l'option du remboursement, cela ne change rien à la détresse des étudiants qui craignent de ne pas pouvoir rejoindre leurs universités. Coincés au Maroc, les étudiants ont cherché désespérément un autre moyen, qui semble hors de portée sachant que même les vols indirects, bien qu'ils soient autorisés par les autorités russes, sont trop chers pour les étudiants. Plusieurs d'entre eux, que nous avons joints par téléphone, nous ont expliqué qu'ils ont tâché de passer par la Turquie, à travers la compagnie Turkish Air Lines. Malheureusement sans succès. « La Russie n'autorise l'arrivée de voyageurs par les vols de transit qu'à travers la Biélorussie », nous explique Houda Nouaoui, étudiante en quatrième année médecine en Russie à l'Université de Tambov, ville qui se trouve à 419 km au sud-est de la capitale Moscou. « Je suis toujours bloquée au Maroc et j'attends impatiemment une décision salvatrice pour pouvoir retourner en Russie », s'indigne notre interlocutrice, les larmes aux yeux, tellement frustrée de ne savoir quoi faire dans ces conditions. En attente des vols exceptionnels Quoiqu'ayant rassuré les esprits, l'annonce des vols exceptionnels n'est pas de nature à régler les problèmes de tous les étudiants, au moins dans le court terme. «La seule solution qui nous reste est que les autorités interviennent pour multiplier les vols exceptionnels le plus tôt possible », réclame Asmaa Boutouja, étudiante en première année médecine, qui nous confie que le stress pèse également sur les parents. Dans son communiqué du 8 octobre, l'Ambassade de Russie a partagé le calendrier des vols, S7 Airlines a prévu d'en organiser deux vers Moscou le 9 et le 10 octobre. La Compagnie a dû limiter le nombre de vols en raison de la livraison massive des billets d'avion de départ, comme l'explique l'ambassade. De son côté, le vol d'Aeroflot est planifié le 16 octobre. Seulement les plus chanceux auront la possibilité de se réserver un billet, vu la demande énorme sur la billetterie des compagnies en question. S'ajoute à cela le fait que ces vols demeurent réservés, en grande partie, aux citoyens russes, nous précisent des responsables de l'Agence de voyage Karolina Tour à Casablanca spécialisées dans les voyages à destination de la Russie. Selon une source autorisée contactée par nos soins, les premiers vols comprendront moins de ressortissants marocains que de citoyens russes. « Les étudiants marocains auront l'occasion de réserver leurs billets dans d'autres vols qui seront programmés ultérieurement », souligne notre interlocutrice qui a requis l'anonymat. Ceci dit, le pont aérien ne réglera pas définitivement le problème puisque plusieurs étudiants resteront laissés pour compte jusqu'à nouvel ordre. La crainte de rater les cours Si les étudiants en question sont si angoissés, c'est parce qu'ils risquent gros. D'abord, nombreux sont ceux qui courent le risque de rater leurs premiers mois de cours, sachant que les universités vont commencer bientôt. Quelques unes ont d'ores et déjà repris les cours. Chaimae, qui poursuit ses études à l'Université d'Astrakhan, n'a pas encore pu trouver un vol pour la Russie et demeure perplexe, sans savoir ce qu'elle va faire alors que les études commencent, dit-elle, dans cinq jours. La seule alternative qui reste aux étudiants est de rejoindre leurs camarades par le e-Learning, ce qui n'est pas pratique pour un étudiant en médecine comme Asmaa Boutouja, qui a été informée récemment que la rentrée est prévue la semaine prochaine. « Il m'est impossible de rejoindre mes camarades à temps », a-t-elle déploré, ajoutant d'un ton maussade : « l'enseignement à distance est vraiment terrible et quasiment inutile dans une discipline où l'aspect pratique est fondamental ». Expiration des visas : le grand casse-tête L'autre souci qui préoccupe plusieurs étudiants, avec qui nous avons échangé, est celui des visas, qui pourraient expirer pour quelques uns si la suspension des vols dure au-delà du mois de novembre prochain. Concernant les nouveaux étudiants qui s'apprêtent à aller en Russie pour la première fois, ils ont obtenu un visa d'une validité de 90 jours depuis plus de deux mois, vu qu'ils l'ont demandé aussitôt qu'ils ont eu la lettre d'admission de leurs universités. « Vous ne pourriez pas imaginer à quel point il est difficile de renouveler un visa étudiant, dont les procédures sont extrêmement lassantes », se plaint Khalid Jabri, qui s'est contenté de nous dire qu'il est étudiant, sans mentionner le nom de son université. Khalid nous a expliqué également que plusieurs étudiants comme lui ont d'ores et déjà payé leurs frais d'inscription et redoutent de ne pas bénéficier du premier semestre de l'année. « Bref cette décision unilatérale nous a causé beaucoup d'ennuis, il est absolument urgent que les autorités marocaines prennent conscience de notre embarras », s'est-il insurgé. Au problème de renouvellement du visa s'ajoute son coût, qui, pour une famille moyenne qui s'étouffe financièrement pour payer la scolarité de son enfant, est une charge onéreuse. « Il faut juste sensibiliser les autorités marocaines que la décision de suspension des vols ne doit pas durer et que des milliers d'étudiants vont rater leurs études », insiste Khalid, qui compte rejoindre son université par n'importe quel moyen. Anass MACHLOUKH Covid-19 : La Russie face à une nouvelle vague
Le pays de Vladimir Poutine connaît une recrudescence des cas positifs et a enregistré, samedi 9 octobre, un nouveau record de contaminations qui ont atteint 28.648. Idem pour les décès qui ont culminé à 968 cas, selon le bilan quotidien du gouvernement fédéral. La flambée des cas a commencé à se faire observer dès le 11 septembre dernier sachant qu'ils sont passés dès lors de 18.000 à plus de 28.000 en l'espace d'un mois. Compte de cette situation où la Russie est frappée violemment par le variant Delta, les autorités marocaines ont décidé, par précaution, de couper les liaisons aériennes afin de conjurer tout risque de propagation importée du plus grand pays au monde.