Les prix de gros du gaz et de l'électricité sont en augmentation dans le monde entier. En Europe, en particulier, cela ne manquerait pas de se répercuter sur les consommateurs. Partout en Europe, les prix de l'énergie flambent. Lundi, le régulateur français du gaz a annoncé pour octobre une nouvelle augmentation des tarifs réglementés de vente (TRV) - qui bondissent déjà depuis le début de l'été. En cause : l'explosion générale, dans toute l'Europe, des prix du gaz et de l'électricité. Par ailleurs, certains pays européens très dépendants du gaz russe «en font les frais» aujourd'hui, selon le commissaire européen. L'Europe est alimentée en gaz majoritairement par la Russie (43% en 2020) et la Norvège (20%). Or, Moscou est soupçonné de rationner consciemment ses clients européens, mais affirme que le gazoduc Nord Stream 2, sous la mer Baltique, dont la mise en service aura lieu prochainement, permettra de rééquilibrer les tarifs. Dans sa note, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) écrit simplement que «la Norvège et la Russie (...) ne sont pas en mesure d'augmenter leurs exportations pour répondre à la demande, pour des raisons différentes ». Enfin, indique la CRE, la situation en Asie a des conséquences directes sur le gaz européen. Les niveaux de stockages européens de gaz au printemps étaient bas «en raison d'un hiver 2020-2021 particulièrement froid et long en Europe». Or, il a été «également sévère en Asie», ce qui a diminué l'offre mondiale. L'Europe a donc dû piocher dans ses propres stocks pour répondre à la demande. Par ailleurs, la demande de gaz naturel en Asie reste élevée. «Il y a une reprise économique très rapide de l'Asie, laquelle détermine largement la consommation de gaz à l'échelle de la planète. L'offre a du mal à suivre, ce qui pousse les prix à la hausse», expliquait Julien Tedda à L'Express. De 13 à 57 euros par mégawattheure La crise de l'énergie touche directement 36 millions d'Européens et plusieurs pays ont déjà agi. Le premier ministre français a annoncé, il y a deux semaines que 6 millions de ménages allaient recevoir une aide exceptionnelle de 100 euros pour faire face à la hausse des coûts. Le gouvernement espagnol a réduit la taxe sur les factures d'électricité, de 5,1% à 0,5% et a réduit la TVA. En Italie, l'exécutif compte effacer les hausses d'énergie pour les ménages modestes et les très petites entreprises, et baisser la TVA temporairement - à hauteur de 3 milliards d'euros. Au niveau de l'UE, la Commission européenne a annoncé qu'elle était prête à valider des «mesures temporaires» des Etats membres pour faire face à la crise. «On va activer les instruments pour que les Etats puissent intervenir rapidement auprès de ceux qui en ont besoin», a confirmé Thierry Breton dimanche. Comme l'indiquait L'Express miseptembre, les prix de gros du gaz avaient atteint 57 euros par mégawattheure sur le marché TTF (Title Tansfer Facility) des Pays- Bas, la référence européenne - contre 13 euros l'an dernier. L'augmentation des prix de gros a des conséquences directes sur les prix de vente pratiqués dans chaque pays européen. En France, après une baisse importante dans les mois qui ont suivi le premier confinement, ils ont retrouvé leur niveau pré-pandémie aux environs du mois de janvier 2021. A qui profite la hausse ? Deux pays européens se frottent les mains de cette hausse, la Russie et la Norvège qui profitera le plus des prix volatils du gaz en Europe. Le groupe norvégien Equinor et le russe Gazprom couvrent à eux deux 60% des besoins européens en or bleu, rapporte Reuters. Equinor pourrait même se retrouver en meilleure position que le géant Gazprom alors que les prix du combustible ne cessent de croître en Europe, ajoute la même source. «La flambée rapide des prix du gaz s'est produite au meilleur moment historique possible pour Equinor », a indiqué l'économiste de l'entreprise Eirik Waernes, cité par l'agence. Cette société publique, qui fournit la majeure partie du gaz norvégien, en vendrait plus de la moitié à des clients spot, dont 70% sur la base de prix journaliers, les plus volatils, contre 25% il y a quelques années. Gazprom, quant à lui, cèderait 56% de son gaz au jour le jour et au mois prochain, 31% aux prochains trimestre, saison ou année, et 13% à des prix indexés sur le cours du pétrole. Un quart des ventes de Gazprom, ou 10% de l'approvisionnement de l'Europe, se feraient via le marché au comptant.
Les fluctuations de la libéralisation du marché Il y a 20 ans, l'Union européenne a décidé de libéraliser son marché du gaz, renonçant aux contrats gaziers à long terme dont les prix étaient liés à ceux du pétrole, optant pour les contrats à court terme, plus flexibles, qui reposent sur les prix du gaz négociés en hubs ou en bourse. Ce choix avait permis de diversifier les sources d'approvisionnement et d'acheter notamment américain ou qatari. Les livraisons abondantes avaient alors profité aux consommateurs européens en maintenant des tarifs peu élevés, développe l'agence Reuters. Mais ces derniers temps, les prix au comptant se sont envolés en Europe de 300%. La demande a explosé alors que les économies se remettent après les confinements dus à la pandémie et que les investissements dans le secteur baissent dans un contexte d'évolution vers les énergies renouvelables. De plus, la hausse du prix des quotas d'émission de CO2 en Europe fait progresser la consommation de gaz afin de produire de l'électricité, au détriment du charbon. Plusieurs fournisseurs d'énergie britanniques ont fait faillite et les ménages européens font face à de grosses factures d'hiver. La Commission de régulation de l'énergie (CRE) française a notamment annoncé ce lundi 27 septembre que les tarifs réglementés TTC d'Engie augmenteraient à partir du 1er octobre de 12,6% par rapport au barème en vigueur applicable depuis le 1er septembre.