La crise financière et économique risque de freiner les investissements dans les infrastructures énergétiques en Europe et de menacer la sécurité d'approvisionnement lors du retour de la croissance. La crise devrait dans un premier temps déboucher sur une baisse de la demande en Europe et une diminution des tensions sur la sécurité d'approvisionnement énergétique et des émissions de CO2, tandis que la baisse du prix du pétrole et celle de la demande devraient se traduire par une décroissance des prix de l'électricité et du gaz, souligne également l'OEME. Mais le resserrement du crédit va «très probablement rendre plus difficile le financement des investissements», alors qu'environ 1.000 milliards d'euros d'investissements seront nécessaires en Europe au cours des 25 prochaines années. Les gouvernements devront quant à eux limiter leurs dépenses en réduisant par exemple leurs subventions aux énergies renouvelables, ce qui pourrait «compromettre» la croissance de l'éolien et du solaire, souligne l'OEME. «Les investissements dans les infrastructures énergétiques européennes vont diminuer, notamment ceux portés par les plus petits opérateurs, qui peuvent avoir des difficultés à financer leurs projets», a déclaré Colette Lewiner, responsable du secteur «énergie, utilities et chimie» de Capgemini. «La construction de centrales électriques, notamment celles à base d'énergies renouvelables, sera différée. Il en sera de même dans le gaz, notamment pour les terminaux de regazéification de GNL. Même les grands pipelines de transport de gaz peuvent être affectés par les difficultés de financement et la baisse de la demande. Le nucléaire ne sera que peu impacté car il est, en Europe, porté par des gros opérateurs solides». Dans le même temps, les gouvernements européens pourraient être tentés d'imposer de nouvelles taxes aux utilities ou encore de prendre des mesures comme le plafonnement des prix de l'électricité, à l'image de l'hypothèse formulée par le ministre de l'Energie belge en octobre et qui avait contribué à une chute spectaculaire de l'action de GDF Suez notamment. «Au moment de la sortie de crise, la consommation recommencera à augmenter alors que l'exploration-production aura été limitée, notamment dans le gaz. Si, de plus, on n'a pas investi dans les énergies n'émettant pas de CO2, les opérateurs risquent d'aller au plus pressé en investissant dans des centrales au gaz», a estimé Colette Lewiner. «Or, la ressource gazière risque d'être plus difficilement disponible, avec pour conséquence des prix plus élevés et des émissions accrues de CO2». En termes de fusions-acquisitions, l'étude de Capgemini souligne que de nouvelles opérations pourraient avoir lieu après les fusions GDF-Suez et Enel-Endesa, intervenues au 1er semestre 2008, et le rachat programmé de British Energy par EDF. «La crise devrait déclencher d'autres mouvements de consolidation, même si les grosses acquisitions en «cash» seront probablement plus difficiles à financer ; les consolidateurs seront les «utilities» avec un bilan solide et des liquidités. Les jeunes sociétés avec des bilans fragiles, telles que les nouveaux entrants, pourraient être absorbées par de plus grosses, freinant ainsi le développement de la concurrence». «Je ne suis pas sûre qu'il y aura de grosses fusions du type GDF-Suez dans l'année qui vient, même si Gazprom pourrait entrer au capital de Repsol», a toutefois estimé Colette Lewiner.