Un quota de personnes handicapées sur les listes électorales pour que ces dernières deviennent des acteurs dans la gestion de la chose publique. Tel est le plaidoyer du Collectif Autisme Maroc. Détails. Le droit à la participation politique bannit toute forme de discrimination fondée sur le handicap, tel que stipulé par la Constitution marocaine, les conventions internationales portant sur les droits des personnes en situation de handicap, la loi cadre n°97.13 relative à la protection et à la promotion des droits des personnes en situation de handicap, ainsi que les lois organiques ayant trait aux élections. Lors d'une rencontre organisée vendredi 13 août à Rabat par le Collectif Autisme Maroc, sous le thème « La participation politique des personnes en situation de handicap à l'horizon des échéances électorales 2021 », l'accent a été mis sur la participation effective et influente des personnes en situation de handicap dans la vie politique marocaine en tant qu'acteurs dans la gestion de la chose politique et publique. Vers un quota et une aide financière ? Cette rencontre se veut un plaidoyer pour le droit à la participation politique des personnes en situation de handicap, a indiqué Hayat Rouibah, cheffe des projets au sein du Collectif Autisme Maroc, ajoutant que c'est l'occasion de créer un espace de dialogue et de communication entre les électeurs et les élus, notamment les attentes des personnes en situation de handicap en ce qui concerne les prochaines échéances. Elle n'a pas manqué de plaider pour « un quota pour les personnes en situation de handicap dans les Conseils élus ». Intervenant dans un contexte national électoral où il est important de soulever la question de la participation politique des personnes en situation de handicap, la Coalition souligne que le droit de participer aux élections législatives et communales est un droit garanti par de nombreuses lois nationales et pactes internationaux, notamment la Convention relative aux droits des personnes handicapées. « On dénombre au Maroc trois millions de personnes en situation de handicap, y compris les personnes âgées, ce qui représente une masse électorale qui doit avoir sa place dans les programmes politiques, ainsi que dans les propositions de la société civile pour bâtir l'avenir », selon le secrétaire général du Collectif pour la promotion des droits des personnes en situation de handicap, Abdelmajid Makni. « Les personnes en situation de handicap ne doivent pas rester une simple masse électorale, mais plutôt des acteurs dans la gestion de la chose publique, ainsi que dans l'élaboration des politiques publiques, à même d'injecter du sang neuf dans la politique de notre pays », a-t-il plaidé. Pour sa part, le coordinateur du volet Recherche au Projet DAAM, Mustapha El Mnasfi, a relevé que ce projet vise un appui financier et technique, ainsi qu'un accompagnement de l'amont à l'aval des associations de la société civile marocaine, et ce, pour renforcer leur capacité en termes de la recherche-action associative. D'électeur à élu Selon les organisateurs, ce débat vise à attirer l'attention des acteurs politiques sur l'importance de prendre en compte les recommandations des associations de la société civile dans leurs programmes politiques, ainsi que la nécessité d'inclure les droits des citoyens en situation de handicap dans ces programmes. Le même jour de ladite rencontre, le Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH) a lancé une campagne de sensibilisation numérique, cette campagne ciblant les utilisateurs des réseaux sociaux en arabe, amazigh et langue des signes, pour la promotion de la participation politique des personnes en situation de handicap. Intervenant à l'occasion du lancement de la campagne de sensibilisation, la présidente du CNDH, Amina Bouayach, a relevé que cette initiative vise à mettre en lumière les droits des personnes en situation de handicap à la participation dans la vie politique et les affaires publiques, à l'instar de tous les citoyens marocains, comme le stipule l'article 34 de la Constitution de 2011. Safaa KSAANI 3 questions à Ahmed Maouhoub « L'inaccessibilité aux bureaux de vote est un acte discriminatoire »
Figure associative pour l'inclusion des personnes en situation de handicap, le président de l'association Rabie Al Omr, Ahmed Maouhoub, s'indigne contre l'inaccessibilité des bureaux de vote.
- Quel bilan tirez-vous de l'intégration de la dimension du handicap dans la vie politique marocaine en tant qu'acteurs dans la gestion de la chose politique et publique, et dans les élections législatives ? - A l'approche de chaque élection législative, la question de la participation des personnes en situation de handicap se pose. Le gouvernement marocain avait approuvé, le 17 juillet 2017, la mise en oeuvre des politiques publiques inclusives pour cette catégorie de la société. Quatre ans après, il n'en est rien. La responsabilité en est collective. Cette année, une pétition nationale a été envoyée au chef du gouvernement en faveur de la participation des personnes en situation de handicap à l'élection des membres de la Chambre des Représentants. La réponse était négative. - L'accessibilité aux bureaux de vote, à l'information et aux procédures, y compris aux campagnes électorales, est-elle le premier obstacle ? - L'inaccessibilité aux bureaux de vote et à toutes les procédures qui vont avec est un acte discriminatoire. Nous proposons, entre autres, la mise en place de bulletins de vote sous des formes accessibles et des appareils de vote tactiles pour les personnes aveugles. Des versions faciles à lire et à comprendre des programmes politiques sont toujours souhaitées. - Une volonté politique reste-t-elle le seul moyen pour permettre aux personnes en situation de handicap d'exercer leurs droits politiques ? - A l'ère de la mise en oeuvre d'un Nouveau Modèle de Développement, la situation de cette catégorie de la population doit être prise en considération sur tous les plans. Je ne vous cache pas que, depuis plus de dix ans, nous plaidons pour le droit à l'accessibilité, qui est la clé d'une inclusion sociale efficace. La volonté politique en reste le sésame. Le problème ne réside pas dans les programmes politiques ou gouvernementaux, mais dans les mentalités.