41,4% des migrants estiment que la pandémie du coronavirus n'a pas eu d'impact sur leur situation professionnelle, indique une enquête du Haut-commissariat au plan (HCP), réalisée au cours du premier trimestre 2021. Cette proportion, plus prononcée parmi les femmes (47,7%) que les hommes (37,2%) est la plus élevée parmi les migrants âgés de 60 ans et plus (76%), les migrants originaires du Yémen (61,4%) et les migrants sans aucun niveau d'instruction (51,6%), précise le HCP dans une note sur les résultats de l'enquête nationale sur la migration forcée de 2021, qui a couvert un échantillon de 3.000 migrants répartis en 2.200 migrants régularisés ou en situation irrégulière et 800 réfugiés ou demandeurs d'asile.
Près de la moitié (48,3%) des migrants ayant ressenti un impact de la pandémie sur leur situation professionnelle attribue ce fait à un arrêt de l'activité (43% sans indemnisation et 5,3% avec indemnisation), 44% à une diminution du rythme d'activité et 3,6% à un changement d'activité. L'arrêt de l'activité avec ou sans indemnisation est relativement plus important parmi les migrants originaires de la Côte d'Ivoire (57,9%) et les migrants ayant un niveau d'instruction secondaire (51,2%).
Accès limité aux services médicaux pendant le confinement
La même source indique également que 27% des migrants souffrent de maladies chroniques, 14,7% des centrafricains et 39,7% des syriens. Environ le tiers des migrants souffrant de maladies chroniques (31%) ont accédé aux services de santé pendant le confinement sanitaire. Cette proportion varie de 21,4% parmi les migrants irréguliers à 52,8% parmi les réfugiés.
De même, parmi les 40,8% de migrants souffrant de maladies passagères, 40,1% ont accédé aux services de santé, 50,6% parmi les migrants d'âge 45-59 ans et 54,6% parmi les syriens. Parmi les 15,6% des ménages de migrants ayant des femmes éligibles aux services de consultations prénatales et postnatales, 31,9% ont pu accéder à ces services pendant le confinement sanitaire. Cette proportion passe de 27,4% parmi les migrants irréguliers à 49,4% parmi les réfugiés.
La part des ménages de migrants concernés par la santé reproductive est de 10,4%. Près de 14% d'entre eux ont accédé aux services de santé pendant le confinement sanitaire. Pour les maladies chroniques, le HCP souligne que 50,9% des migrants n'ont pas accédé aux services de santé par crainte d'être contaminé par le virus Covid-19, 21,1% en raison du manque d'argent.
La crainte d'être contaminé est la principale raison citée par les migrants dans le cas de maladies passagères avec 52,1%, de consultations prénatales et postnatales (62,9%) et de services de santé reproductive (63,1%).
Les principaux effets du confinement sur l'état psychologique des migrants
En outre, le HCP souligne que l'anxiété, la dépression ou la peur est le principal impact psychologique du confinement sanitaire sur les migrants avec une part de 36,4%, relativement plus parmi les masculins (37,7%) que les féminins (34,9%). Le sentiment d'insécurité est également un impact ressenti par 18,2% des migrants, beaucoup plus parmi les jeunes âgés de 15 à 29 ans (19,7%) que parmi les âgés de 60 ans et plus (12,3%).
D'autres effets psychologiques pèsent également sur le comportement des migrants dont les troubles de sommeil qui interviennent pour 11,3%, l'hypersensibilité ou nervosité (10%), les sentiments obsessionnels (8,5%), la perte d'intérêt pour les activités normales (8,4%) ou les troubles d'appétit (6,6%).
Au moment de l'enquête 55,7% des migrants ont reçu une aide pendant le confinement sanitaire, 60,2% des femmes et 52,3% des hommes. Ces aides ont été fournies par des ONG marocaines pour 17,1% des cas, par des organisations ou institutions internationales (15,5%), des ménages marocains (12,7%), des instances gouvernementales marocaines (5,1%) ou par des membres de la communauté des migrants (3,4%). L'aide reçue était en nature pour 51,9% des cas, sous forme d'aides financières avec une part de 36,2% ou de soins de santé ou de médicaments (11,4%).
Faible impact de la pandémie du coronavirus sur le projet de migration
Le HCP fait remarquer, par ailleurs, que, pour 68,8% des migrants, la pandémie du n'a pas eu d'effets sur leur projet de migration. Cette proportion est la plus élevée parmi les migrants âgés de 60 ans et plus (87,8%), les migrants d'origine syrienne (82,3%) et les migrants ayant un niveau d'instruction supérieur (76,9%).
Parmi les migrants qui ont exprimé un effet de la pandémie sur le projet de migration, 50,1% d'entre eux mettent en avant la difficulté de le poursuivre, 21,7% perçoivent le report du projet et 21,9% son arrêt. La pensée à un arrêt complet du projet de migration, insensible au sexe du migrant et à son état matrimonial, est relativement prépondérante parmi les migrants originaires du Mali (38,4%) et les migrants ayant un niveau d'instruction primaire (30,1%).