En moins de 4 jours, les Marocains ont eu droit à un déluge d'annonces alarmistes et de décisions de suspensions de lignes aériennes avec la France et l'Espagne, sur fond de découvertes de clusters à Rabat et Dakhla. Une situation qui fait craindre un durcissement des mesures de semi-confinement pour le Ramadan. Depuis plus de 3 jours maintenant, la crainte d'une aggravation de la situation épidémiologique se fait ressentir. Le tweet, publié samedi 27 mars, par Saâd Eddine El Othmani, Chef du gouvernement, où il alerte les Marocains sur la recrudescence des cas de personnes atteintes du Covid, en réanimation, rappelle la possibilité d'une 3ème vague. Dimanche, c'est le lycée français Descartes de Rabat qui annonce l'arrêt des cours en présentiel, après la découverte d'un cluster de 14 cas confirmés et plus de 400 cas contacts.
Lundi 29 mars, c'est au tour des autorités locales de Dakhla d'annoncer la mise en cloche de la ville après la découverte de 40 cas du variant dans la ville. Une annonce suivie quelques heures plus tard par la décision de suspendre les liaisons aériennes entre le Maroc et la France et le Maroc et l'Espagne, dès le 30 mars et jusqu'à nouvel ordre. Un enchaînement qui a presque rendu anecdotique l'annonce d'un énième renouvellement des mesures de semi-confinement pour deux semaines supplémentaires, quasiment passée inaperçue dans cette avalanche d'annonces. « La prise de décision est tributaire de la situation épidémiologique. Si la situation sur le terrain devient inquiétante, il est légitime de durcir les mesures restrictives. Pour le moment, les chiffres restent au vert, il y a eu l'apparition du cluster de Dakhla, qu'il faut contenir pour éviter toute propagation au niveau national. Sinon, la 3ème vague est déclarée au niveau international, il faut bien sûr maintenir la fermeture des frontières pour éviter sa propagation », explique Mustapha Ennaji, virologue, directeur du Laboratoire de virologie à l'Université Hassan II de Casablanca. Le spectre d'une 3ème vague est loin d'être partagé par l'ensemble des observateurs et experts. « Honnêtement, je suis un peu surpris quand on parle de 2ème ou 3ème vague, vu que lorsque vous scrutez la courbe marocaine, elle a connu une augmentation depuis le 2 mars et qui n'a enregistré qu'un seul sommet. Contrairement à ce qui s'est passé en Europe, la courbe épidémiologique marocaine n'a pas enregistré plusieurs pics », nuance Jaâfar Heikel, épidémiologiste et spécialiste en maladies infectieuses. Cette situation fait, par ailleurs, craindre un durcissement des mesures de l'état d'urgence, notamment à l'approche du mois de Ramadan. « L'idéal serait de permettre aux gens l'accès à l'espace public une ou deux heures de plus, en respectant bien sûr les gestes barrières et en évitant les rassemblements de dizaines ou centaines de personnes », préconise Heikel. Ce dernier justifie son postulat par une létalité du Covid qui « reste toujours sous la barre des 2% et se situe aux alentours de 1,7 et 1,8%. L'on ne peut donc évoquer une augmentation de la létalité, mais une hausse des cas de soins intensifs et de réanimation, comparativement à une situation qui s'était nettement améliorée il y a quelques mois ». Il n'empêche que tout rebond de la situation épidémiologique peut entraîner le durcissement des mesures exceptionnelles. « Nous avons encore deux semaines pour savoir quelles dispositions seront prises concernant le mois de Ramadan. D'ailleurs, le Comité de veille devra analyser les données actualisées et proposer son avis au gouvernement pour cette période précise », rappelle Ennaji. En clair, les Marocains ne sont pas à l'abri d'une annonce surprise, comme celle qui avait causé le chaos sur les routes la veille de l'Aïd.