La pandémie en cours est venue renforcer le rôle central des femmes dans le tissu social marocain. Une responsabilité qui s'est décuplée en ces temps de pandémie vu la fermeture des écoles et la généralisation des cours en distanciel. Preuve en est que le HCP a relevé un surmenage des femmes en situaton télétravail, tout en mettant en valeur leur recours massif à ce mode de travail. Le 8 mars de cette année s'inscrit dans le grand chamboulement qui a frappé l'ensemble de la planéte et le Maroc. Depuis un peu plus d'un an maintenant, la pandémie COVID a entraîné des changements significatives dans le quotidien de l'ensemble des marocains. Depuis mars 2020, télétravail et cours en distanciel des modes de travail et de scolarités se sont rapidement intégrés à la vie quotidienne des marocains. Une évolution poussée par le besoin de maintenir les ryhtmes de production et le cursus scolaire. Ce qui par ricochet a démontré la grande résilience des marocaines. Une première ligne à majorité féminine En effet, les femmes se sont retrouvés de facto en première ligne dans la lutte contre cette pandémie. Preuve en est, la sur-représentation des marocaines dans les métiers constituant la première ligne de défense contre le COVID-19. Elles représentent ainsi 57% du personnel médical, 66% du personnel paramédical et 64% des fonctionnaires du secteur social. La réponse à la crise par les femmes ne se limitent pas aux catégories énumérées.Ainsi lors du confinement, un moment où les systèmes de santé étaient surchargés, la charge des soins à domicile incombait principalement aux femmes, qui ont consacré selon une étude conjointe du HCP, l'ONU Femmes et la Banque mondiale, en moyenne 6 fois plus de temps au travail domestique que les hommes durant cette même période. Le temps journalier alloué aux travaux ménagers (cuisine, vaisselle, linge) a atteint 2 heures et 37 minutes durant la période de confinement, soit 33 minutes de plus par rapport à une journée normale avant le confinement (40 minutes en milieu urbain et 23 minutes en milieu rural). Les mesures de confinement se sont également traduites par une adoption du télétravail pour l'ensemble des professions pouvant y prétendre. Un mode qui a été beaucoup plus utilisé par les femmes quelle que soit leur niveaux d'éducation, soit une proportion de 18,3% sur un panel interrogé par les experts du HCP, contre 10% pour les hommes. Un quotidien chamboulé Un pourcentage qui atteint les 43,1% pour les femmes ayant un niveau d'études supérieur et de 30,7% pour celles ayant atteint le secondaire, contre 29,2% et 9,5% respectivement pour les hommes. Une différenciation qui s'explique par le besoin de ces dernières à allier responsabilités ménagères et activité professionnelle. Une double casquette qui est loin d'être une formalité. Ainsi 27% des femmes se sont senties 3 fois plus surchargées que les hommes lors du confinement. Une difficulté qui prend une certaine ampleur pour les familles nombreuses, les femmes s'occupant d'un ménage de 3 enfants en milieu urbain ont connues plus de difficultés pour concilier entre activités professionnelles et ménagères. Les cadres supérieures et les employées ont été les plus impactées par cette situation, alors que, paraxodalement, ses difficultés se sont moins faites sentir pour la femme rural. En effet, ces dernières sont habituées à concilier tâches agricoles et domestiques . Le rural a, par ailleurs, été moins concerné par les mesures de confinement, les comportements y ont été moins affectés, ce qui n'a pas débouché sur un sentiment de surchage par rapport aux périodes normales. Là où en milieu urbain, c'est la vie quotidienne dans son ensemble qui a été chamboulée, donc la propension des femmes à être surchagée par les tâches ménagères est beaucoup plus élevée. Une situation contrastée Un constat confirmé par le HCP qui note que malgrè les mesures de confinement qui ont conduit les hommes à rester à la maison, ceuxci n'ont généralement pas aidé les femmes dont les tâches ménages se sont accrues vu la fermeture des écoles et d'un certain nombre de services. Ce constat s'est également étendu aux jeunes filles qui ont moins suivis leurs cours, notamment les lycéennes ou les étudiantes du supérieur. Un constat qui ne doit pas occulter les avancées non négligeables réalisées par le Maroc en matière d'égalité entre femmes et hommes. En plus des avancées institutionnelles, Code de la famille, Code de la nationalité, Stratégie nationale d'égalité entre les sexes ou encore ratification d'une grande partie des conventions de l'Organisation Internationale du Travail, le taux d'analphabétisme féminin a enregistré une baisse remarquable au Maroc. Un taux qui a chuté de moitié lors de ses 50 dernières années passant de 96% en 1960 à 40% en 2014. En termes de scolarisation près de 97% des filles de 7 à 12 ans étaient scolarisées en 2015, contre 74% en 2000. Pour ce qui est de la santé, l'espérance de vie des femmes est passée de 66,4 ans en 1987 à 77 en 2015, soit un progrès d'un peu plus de dix années de vie. Cet ensemble de données vient conforter l'importance des femmes dans l'absorbtion du choc de la pandémie par le tissu social marocain. Autant de frontlineuses officielles et officieuses qui ont tenus le choc sur deux fronts professionnel et ménager. A l'occasion de la Journée de la femme, nous avons dressés une série de portraits de femmes de tous horizons, choisies de manière arbitraires, certes, mais qui restent représentatives de la femme marocaine. Les femmes premières victimes de la récession Selon le HCP, la proportion des femmes actives dans le secteur informel (commerce de détail, coiffure, couture) ou dans les services (hôtellerie, restauration et tourisme) est plus forte comparée aux hommes. Des secteurs qui sont parmi les plus touchés suites aux restrictions sanitaires. Résultat des comptes, elles souffrent de la mauvaise qualité de leur insertion professionnelle. Ce qui se traduit par un réseaux professionnel plus faible et donc ont moins de chances de retrouver un poste en cas de perte d' emplois. Parfois les femmes se retrouvent obligées de rester au chômage par crainte d'une contamination et de transmettre le virus au cercle familial, par manque de moyens financiers pour reprendre ses activités voire pour assurer la garde des enfants. Il n'empêche que lorsque la femme détient un capital de formation, la tendance s'inverse au moment de retrouver un emploi dans le contexte actuel. Preuve en est que 71% des femmes ayant un niveau scolaire du secondaire ont pu reprendre leurs activités contre 67,5% pour les hommes. Une proportion qui passe à 79% et 77% pour respectivement les femmes et les hommes ayant une éducation universitaire.