Les femmes se sont senties 3 fois plus surchargées que les hommes Dans la plus grande partie de la population, les habituels partages des tâches ont été maintenus, voire aggravés, y compris en milieu urbain où le risque de surcharge augmente. La mise en œuvre du confinement et du télétravail pour lutter contre la propagation du Coronavirus a mis en évidence les disparités dans la répartition des tâches domestiques au sein des couples au Maroc et dans le monde entier. Les inégalités entre les deux sexes face aux tâches ménagères ont augmenté durant cette période. En effet, les femmes ont été amenées à faire plus de tâches ménagères à la maison que les hommes : faire les repas, le nettoyage, les lessives, s'occuper des enfants, surveiller leurs devoirs, travailler à distance..., sans beaucoup d'aide de la part de leurs conjoints. Surchargées, elles ne disposent que de très peu de temps pour elles, voire pas du tout. Le rapport intitulé «Analyse genre de l'impact du Coronavirus sur la situation économique, sociale et psychologique des ménages» réalisé par le HCP en partenariat avec ONU Femmes, publié au mois de février dernier avait révélé que les femmes se sont senties 3 fois plus surchargées que les hommes par les tâches ménagères. La conciliation entre les tâches ménagères et l'activité professionnelle a été plus difficile pour les femmes en raison de la charge accrue des responsabilités au sein du foyer. Ainsi, les femmes vivant dans les ménages avec trois enfants ont été plus nombreuses à déclarer avoir des difficultés à concilier l' activité professionnelle et les travaux domestiques (31% contre 18% pour les ménages sans enfants). Par milieu de résidence, il ressort qu'il a été plus difficile pour les cadres supérieurs en milieu rural, comparés à leurs homologues de l'urbain, de concilier les tâches domestiques avec le travail professionnel (57 et 28%), ainsi que pour les employés (47,5 et 26%). En revanche, pour les exploitants agricoles, les difficultés sont moins accentuées pour la femme rurale, soit un pourcentage de 21%. Dans l'exercice de l'agriculture, principale activité en milieu rural, les femmes ont l'habitude de concilier tâches agricoles et tâches domestiques (ce qui explique la faible fréquence des difficultés de conciliation en milieu rural). L'enquête révèle que malgré le confinement qui a conduit les hommes à rester à domicile, ceux-ci n'ont en général pas aidé les femmes dans les tâches ménagères qui se sont accrues avec les enfants qui n'allaient pas à l'école. Ainsi, dans la plus grande partie de la population, les habituels partages des tâches ont été maintenus, voire aggravés, y compris en milieu urbain où le risque de surcharge augmente (plus de préparations à exécuter à domicile du fait de la fermeture de certains services). Selon le rapport, le rural a été moins concerné par le confinement, et par conséquent, les comportements y ont été peu affectés et donc il n'y a pas eu de sentiment de surcharge par rapport aux périodes normales Les femmes y consacrent 6 fois plus de temps que les hommes En juillet 2020, le HCP avait dévoilé les résultats de son enquête sur les rapports sociaux en contexte de pandémie. Cette enquête avait révélé que les femmes consacrent 6 fois plus de temps que les hommes aux travaux ménagers. Ainsi, elles y consacrent 4h27 mn contre seulement 45 minutes pour la gente masculine. Le temps moyen journalier alloué par la femme aux travaux ménagers diffère selon sa catégorie sociale : il est de 3h 54mn par femme active occupée, contre 5h 30mn par femme au foyer. Il est de 5h 12mn par femme mariée, contre 3h 17mn par femme célibataire, 3h 23mn par femme de niveau scolaire supérieur, contre 4h 51mn par femme sans niveau scolaire. L'enquête avait aussi dévoilé que 18% des Marocains (19% des citadins et 15% des ruraux) estiment que leur charge en travaux ménagers a augmenté pendant le confinement, 27% parmi les femmes contre 8% parmi les hommes. Ces deux proportions sont respectivement de 33 et 11% dans les ménages de 5 personnes et de 11 et 1,5% dans les ménages individuels. Autre constat à relever : plus de 8,4% des Marocains (10% parmi les femmes et 7% parmi les hommes) rapportent avoir eu des disputes conjugales au sujet du partage des tâches ménagères au sein du couple, dont 63% des cas plus qu'auparavant.