La Moncloa vient d'annoncer l'ajournement par Pedro Sanchez de toute visite officielle au Maroc, renvoyant aux calendes grecques la Réunion de Haut Niveau prévue pour ce mois de février. Une rencontre qui en est à son second report. La Réunion de Haut Niveau entre Rabat et Madrid connaît un nouveau report. Cette fois, c'est la présidence du gouvernement espagnol qui vient d'annoncer l'ajournement de la réunion qui était prévue pour ce mois de février. Selon une déclaration à l'agence de presse EFE, la Moncloa affirme que « sauf changement de dernière minute, le déplacement de Pedro Sanchez au Royaume est écarté ». Une annonce qui représente le deuxième ajournement de la Réunion de Haut Niveau, après celui annoncé par les deux pays en décembre dernier. Les deux gouvernements avaient, pour rappel, justifié leur décision par la situation épidémiologique. Ce nouveau renvoi fait réapparaître la crainte d'une nouvelle crise entre les deux Royaumes.
La presse espagnole a, par ailleurs, indiqué l'approche des élections catalanes prévues pour le 14 février, celle du Conseil de l'Europe (25 et 26 février) et le maintien du durcissement de l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 10 février par les autorités marocaines comme prétexte à la décision de la Moncloa. Il n'empêche que les relations entre les deux voisins traversent des turbulences depuis la fin 2020. Coalition désunie En témoigne les sorties d'Unidas Podemos, partenaire du PSOE dans la coalition gouvernementale, soutenant les thèses des séparatistes du Polisario. Le chef de la formation et 2ème vice-président du gouvernement espagnol, Pablo Iglesias, a ainsi relayé sur les réseaux sociaux des slogans pro-Polisario. S'en est suivi la convocation de Karima Benyaich, ambassadrice marocaine à Madrid, par le ministère espagnole des Affaires étrangères, après une interview du Chef du gouvernement Saâd Eddine El Othmani, sur une chaîne satellitaire où il a appelé à la fin du statu quo sur la question de Sebta et Melilia. Les réactions ambiguës de la diplomatie espagnole suite à l'intervention marocaine pour déloger les séparatistes du passage frontalier d'El Guerguarat, le 13 novembre dernier, et la proclamation de Donald Trump, du 10 décembre, reconnaissant la marocanité du Sahara, n'ont pas arrangé les relations entre les deux pays. L'alignement de Washington sur la proposition d'autonomie des provinces du Sud a suscité de nouvelles sorties d'Unidas Podemos. Des eurodéputés du parti d'extrême-gauche ont ainsi appelé la nouvelle Administration américaine à revenir sur la proclamation faite par Donald Trump. Un appel qui a été repris par le parlement des Canaries dont 50 membres sur 70 ont adressé une correspondance à Joe Biden, mais aussi aux autres parlements autonomes espagnols, pour appuyer leur demande. Le PSOE tempère
Des sorties que le gouvernement Sanchez minimise, ses ministres encartés PSOE se relayant sur les médias espagnols ou panafricains pour souligner « l'excellence et l'importance des relations avec le Maroc ». La cheffe de la diplomatie espagnole, Arancha Gonzalez Laya, a par ailleurs mis la relation avec le Maroc parmi les pierres angulaires de sa stratégie de politique extérieure qu'elle a récemment soumise au Cortés. Un double discours qui inquiète même au niveau espagnol. En témoigne la récente sortie du quotidien ABC, porte-voix de la droite et des milieux d'affaires espagnols, qui alerte des risques que représente l'attentisme de Madrid pour les opportunités d'investissement que recèlent les provinces du Sud. Une sortie qui détonne avec les positions habituelles de la presse espagnole et qui appelle l'ensemble des composantes du gouvernement espagnol à dépasser les positions héritées des années 1970 et à aller de l'avant.
Cette décision de la Moncloa ne peut que surprendre vu que le chef du gouvernement espagnol a précisé, le 1er février dernier, son intention d'organiser 124 voyages et visites officielles hors d'Espagne et ceci uniquement pour 2021 !
Amine ATER Dérive xénophobe aux Canaries L'archipel des îles Canaries connaît actuellement une explosion de la xénophobie envers les Marocains, notamment, et l'ensemble des migrants africains. Le récent afflux de migrants sur les côtes canariennes a déchaîné les passions, notamment à Las Palmas où « la chasse au moro » bat son plein. La police ayant dû établir un périmètre de sécurité autour d'un lycée reconverti en centre d'accueil abritant près de 7.000 personnes. Des migrants qui vivent un siège, et qui n'osent plus franchir les portes du centre, face aux menaces des riverains convaincus par le flux de Fake news prônant qu'ils font face à une invasion en règle. Malgré les sorties des autorités locales démentant, chiffres à l'appui, toute montée de l'insécurité liée aux immigrés, les habitants n'en démordent pas et multiplient les opérations coup de poing. Certaines pages Facebook et comptes Twitter accusent même le Maroc d'envoyer des soldats déguisés en migrants pour mettre l'archipel à feu et à sang ! En attendant, les ONG essayent tant bien que mal à calmer les esprits, alors que certains partis, à l'image de Vox, continuent de jeter de l'huile sur le feu.